Imágenes de páginas
PDF
EPUB

IMPRIMERIE DE H. FOURNIER,

RUE DE SEINE, N. 14.

LITTÉRAIRE,

PHILOSOPHIQUE ET CRITIQUE

DE GRIMM

ET

DE DIDEROT,

DEPUIS 1753 JUSQU'EN 1790.

NOUVELLE ÉDITION,

REVUE ET MISE DANS UN MEILLEUR ORDRE,
AVEC DES NOTES ET DES ÉCLAIRCISSEMENS,

ET OU SE TROUVENT RÉTABLIES POUR LA PREMIÈRE FOIS
LES PHRASES SUPPRIMÉES PAR LA CENSURE IMPÉRIALE.

TOME ONZIÈME.
17821783.

A PARIS,

CHEZ FURNE, LIBRAIRE,

QUAI DES AUGUSTINS, No 39;

ET LADRANGE, MÊME QUAI, No 19.

M DCCC XXX.

[blocks in formation]

LITTÉRAIRE.

1782.

JANVIER.

Paris, janvier 1782.

Lettre traduite de l'anglais de M. de Ramsay, peintre du roi d'Angleterre, par M. Diderot à qui elle a été · adressée.

Il y a environ un mois que je vous envoyai par mon très-digne ami M. Burke un exemplaire des Leçons de Sheridan, les Odes de Gray, avec le portrait gravé de M. Bentley. Je compte qu'ils vous seront parvenus ; mais si, par quelque accident, ils s'étaient égarés, je vous prie de me le faire savoir, afin qu'on puisse les recouvrer ou vous en envoyer d'autres.

Voilà ce qu'un négociant appellerait le nécessaire; mais le nécessaire est bien court entre gens qui trafiquent d'esprit. Si l'on se réduit au nécessaire absolu, adieu la poésie, la peinture, toutes les branches agréables de la philosophie, et salut à la nature de Rousseau, à la nature à quatre pattes. Afin donc que cette lettre ne ressemble pas tout-à-fait à une lettre d'avis, j'y ajouterai quelques réflexions sur le traité Dei Delitti e delle Pene, dont vous et M. Suard me parlâtes chez M. le baron d'Holbach, lors de mon séjour à Paris.

TOM. XI.

I

Je n'ai fait qu'une légère lecture de ce Traité, et je me propose de me relire attentivement et plus à loisir. A en juger au premier coup d'œil, il me paraît renfermer des observations ingénieuses, entre lesquelles quelques-unes pourraient peut-être avoir le bon effet qu'en attend l'auteur plein d'humanité; mais, à considérer cet ouvrage comme un système, j'en trouve les fondemens trop incertains, trop en l'air, pour soutenir un édifice utile et solide, que l'on puisse habiter en sûreté. La notion d'un contrat social où l'on montre le pouvoir souverain comme résultant de toutes les petites rognures de la liberté de chaque particulier, notion qu'on ne saurait guère contredire ici sans être l'hérétique le plus maudit, n'est après tout qu'une idée métaphysique dont on ne retrouvera la source dans aucune transaction réelle, soit en Angleterre, soit ailleurs. L'Histoire et l'observation nous apprennent que le nombre de ceux qui veillent actuellement à l'exécution de ce prétendu contrat, de cet accord imaginé sur la formation des lois, quoique plus considérable dans un État que dans un autre, est toujours très-petit en comparaison du nombre de ceux qui sont obligés à l'observation de ces lois. C'est grand dommage que l'habile auteur de l'ouvrage en question n'ait pas pris le revers de sa méthode, et tenté, d'après une recherche sur l'origine actuelle et réelle des différens gouvernemens et de leurs différentes lois, la découverte de quelque principe général de réforme ou d'institution; son succès en aurait peut-être été plus assuré, et il se serait à coup sûr garanti de ces ambiguités, pour ne pas dire contradictions, où s'embarrassera toujours l'auteur d'un système qui n'aura pas été pris dans la nature. Celui-ci, par exemple, avoue que chaque

« AnteriorContinuar »