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1791, a handsome and considerable town arose in a spot which shortly before had contained nothing but a few thatched huts, belonging to fishermen. This was the town of Puerto de España. The disturbances which now broke out in the French colonies also contributed greatly to the benefit of Trinidad. Many planters from St Domingo, Martinico, Guadaloupe, and St Lucia, took shelter here to avoid the disgusting spectacle of factious rage, or to escape from the persecuting rancour of their enemies; and their number was still further increased, after the breaking out of the contest between England and France. However opposite might be their political sentiments, they were all received with equal kindness by the governor, and were encouraged to become valuable subjects of the Spanish monarch.

4.

(Laws of Grenada, t. III, p. 232.)

La clause 8o de la loi de la Grenade qui a servi de texte à toutes les calomnies lancées contre la population française de l'île est formulée dans les termes suivants :

And whereas some persons have come from Trinidad for the purpose of seducing and carrying off slaves, and other persons residing in Trinidad have sent artful negroes and mulatto slaves for the like purpose, and it is but just and reasonable to proceed against those who reside on the very spot which holds out a retreat for fraudulent debtors and stealers of slaves, and where no redress or justice can be had, a bond of £ 1,000 sterling, etc., etc.

En voici la traduction littérale :

« Et attendu que des personnes sont venues de la Trinidad dans le dessein de séduire et enlever des esclaves, et que d'autres personnes résidant à la Trinidad ont enlevé des nègres astucieux et des esclaves mulâtres dans le même dessein, et qu'il n'est que juste et raisonnable de procéder contre ceux qui résident dans ce même lieu qui offre une retraite aux débiteurs frauduleux et aux voleurs d'esclaves, et où nulle réparation ni justice ne peut être obtenue, un cautionnement de £ 1,000 sterling, etc., etc. »

Cette loi datant de l'année même de l'arrivée du gouverneur Chacon et de la promulgation de la cédule royale de colonisation (1784), ne concerne évidemment en rien la grande immigration française qui eut lieu sous l'administration de ce gouverneur; elle ne peut viser que ceux des colons de la Grenade qui, en bien petit nombre encore, étaient venus s'établir dans l'île à la suite du colonisateur Roume de Saint-Laurent et de la promulgation du règlement de colonisation de Don Manuel Falquez (1776). Or, ces quelques colons avaient déjà subi les vexations les plus cruelles des aventuriers anglais qui s'étaient établis dans leur île, et il est permis de penser que leur loi n'a été édictée que dans le but d'exercer une persécution, morale cette fois, à leur égard. Peut-être aussi espérèrent-ils par ce moyen arrêter une émigration qui menaçait dès lors de dépeupler leur île. Ce qui est hors de doute, c'est que ne visant que des intentions et non des actes, la loi ne peut être considérée que comme une loi des suspects. Son but de persécution morale ressort encore de l'expression de « débiteurs frauduleux qui y est introduite sans rime ni raison, comme aussi de cette affirmation, que «nulle réparation ni justice ne peut être obtenue » à la Trinidad, affirmation mensongère qui tombe à faux, puisqu'elle ne peut frapper que le gouvernement espagnol. La loi, du reste, de l'aveu de tous, est manifestement

mal conçue et formulée (1); elle témoigne du peu de valeur qu'on doit attacher aux colons anglais de la Grenade à cette époque. Elle témoigne surtout de leur haine invélérée pour les anciens possesseurs de l'île, et à ce titre, mais à ce titre seulement, elle mérite d'être conservée comme document historique.

Le premier écrivain qui s'en est servi contre la population française de la Trinidad est le colonel Draper (Address to the British public on the Case of Brigadier-General Picton, Londres, 1806). Pour excuser les cruautés et abus de pouvoir reprochés au gouverneur anglais, l'auteur représente la colonie à la capitulation comme peuplée de brigands et de malfaiteurs, et cite à l'appui de la loi un mémoire d'un ancien fonctionnaire espagnol, Don Christóbal de Robles (2), adressé au gouverneur Picton, où il est dit que la population de l'île est « en grande partie composée de réfugiés et de gens dangereux (desperate characters), dont les principes sont incompatibles avec tout gouvernement régulier. » Mais ici, on le voit, il n'est plus question ni de débiteurs frauduleux, ni de voleurs d'esclaves. Le mémoire de Don Christóbal de Robles est purement politique; en bon Espagnol de son époque, le supplice de Louis XVI lui avait tourné la tête, et la révolution de Gual et España (1798) avait achevé d'égarer ses esprits. Son optique troublée lui faisait voir des révolutionnaires à principes incompatibles avec tout bon gouvernement dans tous les réfugiés français et vénézuéliens qui arrivèrent dans l'ile à la suite de ces graves évènements; pour lui « les pions espagnols ou gens de couleur » ne sont qu'« un tas de vagabonds» (a set of vagabonds). Le gouverneur Picton, dont

(1) E.-L. Joseph, History of Trinidad, part. II, ch. VIII, p. 167, note.

(2) Don Christoval de Robles' recommendation, p. 36.

la mission politique à la Trinidad était de favoriser l'indépendance du Vénézuéla, et même d'y aider au besoin, dut bien rire dans sa barbe de la peur du trop timide Espagnol. Quant au colonel Draper, il faut bien l'excuser d'avoir essayé de tirer le meilleur parti possible de ces deux documents, puisque son écrit est un plaidoyer en faveur du général Picton.

Le second écrivain qui, comme le précédent, calomnie la colonisation française de l'ile, est le continuateur de Bryan Edwards (History of the British West Indies, Londres, 1819); nous traduisons son texte anglais :

<< Par un ordre du conseil des Indes publié en 1783, tous les étrangers professant la religion catholique romaine furent invités à s'établir dans la colonie, et de nombreux avantages furent accordés à ceux qui acceptèrent l'invitation. Le conseil avait tant à cœur d'atteindre son but, qu'il alla jusqu'à couvrir de son bouclier protecteur toutes sortes de fraudes et de bassesses commerciales. Il garantit pendant cinq ans tous les nouveaux colons contre les poursuites et les tracasseries pour les dettes qu'ils avaient contractées dans le pays d'où ils venaient. Ce privilège étonnant et certainement immoral eut l'effet désiré. Il amena à la Trinidad quantité d'hommes enrichis aux dépens de leur probité et des biens de leurs créanciers ou de leurs patrons, et qui furent enchantés de trouver un refuge où ils pussent jouir à leur aise des dépouilles qu'ils avaient enlevées (1). »

Or, il est avéré que l'ordre du conseil des Indes de 1783, autrement dit la cédule royale de colonisation, ne contient aucune clause par laquelle les nouveaux colons sont mis à l'abri des poursuites et des tracasseries » de leurs créanciers, et que les flots de l'éloquente indignation de l'auteur.

(1) Description of British colonies, Trinidad, vol. Iv, p. 299,

ont été répandus en pure perte. Mais que penser de la maladresse de la citation? Que l'auteur, ignorant l'espagnol, ou n'ayant pas réussi à se procurer le texte de la cédule royale, s'est vraisemblablement appuyé sur la loi perfide de la Grenade, et a yu des « débiteurs frauduleux » là où il ne s'en trouve pas. Il nous répugnerait de lui prêter un procédé plus malhonnête.

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Le troisième écrivain, enfin, le plus ardent à dénoncer la honte de la colonisation française de l'île, est M. E.-L. Joseph (History of Trinidad, Port of Spain, 1840). Pour éviter l'écueil sur lequel a échoué le continuateur de Bryan Edwards, et mieux étayer la loi de la Grenade, il invente une ordonnance du gouverneur Chacon, laquelle personne, pas même lui, n'a jamais vue, et qui serait comme un erratum à la cédule royale, par laquelle les nouveaux colons auraient été mis à l'abri des poursuites de leurs créanciers à l'étranger pendant les cinq premières années de leur établissement à la Trinidad. Et afin d'approprier le mémoire de Don Christóbal de Robles à la flétrissure des seuls colons français de l'île, il a le soin d'en retrancher tout ce qui a rapport aux réfugiés vénézuéliens (1). La cédule ainsi corrigée et le mémoire arrangé, il lance sa diatribe, dont nous traduisons les principaux passages:

« La méthode originale employée pour la colonisation de la Trinidad eut un plein succès sous le rapport du repeuplement de l'île; mais elle n'y amena pas une population sur la fidélité de laquelle pût compter son roi d'adoption.

« Cette méthode d'attirer de la population eut encore un autre défaut : elle fit de cette île le refuge de tous les malfaiteurs des Antilles.

<< De plus, le règlement en question, qui mettait les per

(1) Part. II, ch. VIII, pp. 165 et 167.

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