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sation des provinces orientales de ce territoire était encore à peine commencée, et n'en dit rien, par conséquent; le second, Don José de Oviedo, dans son histoire de la province de Vénézuéla, publiée en 1723, n'avance que peu le travail de son devancier, et traite surtout des dernières conquêtes de la province de Barcelone; le troisième, le P. Casani, jésuite, achève un manuscrit commencé par le P. Juan Rivero et publie, en 1740, son histoire du Nouveau-Royaume de Grenade, où il n'est question de la colonisation de la Trinidad qu'en ce qui touche à ses missions indiennes; le quatrième, le P. José Gumilla, un autre jésuite, écrit en 1741 son Orinoco ilustrado, dans lequel se trouve un aperçu succinct de l'état de la colonisation de l'île avant et après la ruine de la culture de son cacao; le cinquième enfin, le P. Antonio Caulin, observantin, publie en 1778 son histoire de la Nouvelle-Andalousie, et y résume les quelques notices de ses devanciers sur la Trinidad, dont il donne une description géographique. Tels sont les faibles secours que nous avons pu obtenir de ces auteurs, et dont nous avons amplement tiré profit.

Une si grande disette de renseignements sur la

colonisation des établissements espagnols du Nouveau-Monde est, sans doute, le motif pour lequel les historiens modernes ont adopté le plan de faire suivre leurs relations de la découverte et de la conquête de simples considérations détachées sur le culte, la jurisprudence, l'agriculture, le commerce, la population, etc., de ces colonies. Malgré les lacunes de la période en question, nous n'avons pas cru devoir imiter leur exemple. Il nous a paru plus utile à notre pays, de même que plus acceptable à nos lecteurs, de leur produire une suite chronologique des incidents de notre colonisation, autant qu'il nous a été donné de l'établir. En procédant de cette manière, d'ailleurs, nous n'avons fait que nous conformer à la méthode que nous avons déjà suivie pour la première partie de ce travail, et qui nous était, par conséquent, imposée pour cette seconde partie. Les expéditions des Espagnols contre les établissements étrangers, et celles de ces établissements contre la Trinidad, nous ont heureusement permis de renouer la chaîne des temps.

A cette période incomplète de soixante-cinq ans en succède une autre de cent dix ans où, en revanche,

les matériaux abondent. Ils se composent, en partie, de pièces originales que n'a pas connues notre devancier, M. E.-L. Joseph, et que nous employons pour la première fois. Ces pièces, jusqu'ici restées inédites, sont imprimées dans un Appendice à ce volume; les amateurs de documents de première main y trouveront de quoi se satisfaire. Il nous a été, néanmoins, impossible de réussir à découvrir les deux livres spéciaux dont il a été question dans la préface de ce travail, à savoir le De Missionibus de Fr. Matheo de Anguiano et la Relacion de Don Diego Lopez de Éscobar; mais nous avons pu suppléer au premier par des notes extraites de la Definicion de la Provincia de Cataluña et par les Documentos para la historia de la vida pública del Libertador de Colombia, Perú y Bolivia, Caracas, 1875, que nous avons dus à l'obligeance du R. P. François Balme et de M. Francisco A. Paúl, et au second par une notice, malheureusement trop succincte, que nous avons trouvée dans l'History of the British West Indies, par le continuateur de Bryan Edwards. Nous devons aussi aux recherches de M. Lionel Mordaunt Fraser pour une histoire de la Trinidad, sous le gouvernement an

glais, trois documents des plus importants pour cette seconde période: l'acte de naturalisation de Mme la marquise de Charras, née de Gannes, et deux traductions anglaises, dont l'une des minutes du cabildo à partir de l'année 1733, et l'autre du code noir de 1789. A ces trois amis de notre pays qu'il nous soit permis d'offrir ici nos plus vifs remercî

ments.

Après avoir signalé le côté fort et le côté faible de ce volume, il ne nous reste qu'à ajouter qu'il ne nous déplaît pas d'avoir à le présenter ainsi incomplet à nos compatriotes. Nous avons l'espoir que son imperfection agira sur eux comme une provocation à le parfaire. Les bibliothèques et les archives d'Espagne, qu'il ne nous a pas été donné d'aller explorer, offrent un vaste champ aux recherches historiques. Qu'ils se hâtent d'en profiter, soit qu'ils n'aient en vue que de combler nos lacunes, soit qu'ils se proposent de reprendre notre œuvre tout entière. « S'il est un sujet inépuisable, dit avec raison M. Maurice Block, c'est bien l'histoire de la patrie. Nous nous intéressons si vivement à son présent, que nous tenons à en connaître le passé; nous voulons savoir comment elle est

devenue ce qu'elle est. Et comme ces recherches rétrospectives se font avec notre cœur autant qu'avec notre intelligence, aucun détail ne nous paraît indifférent ou superflu. »

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