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dans le sens, et se peuvent résoudre par le relatif : Urbs quæ dicitur Roma: Deus qui est sanctus : Canis qui currit ; et qu'il dépend du génie des langues de se servir de l'une ou de l'autre manière. Et ainsi

nous voyons qu'en latin on emploie d'ordinaire le participe Video canem currentem : et en françois le relatif: Je vois un chien qui court.

2. J'ai dit que la proposition du relatif peut faire partie du sujet ou de l'attribut d'une autre proposition qu'on peut appeler principale car elle ne fait jamais ni le sujet entier, ni l'attribut entier; mais il y faut joindre le mot dont le relatif tient la place, pour en faire le sujet entier, et quelque autre mot pour en faire l'attribut entier. Par exemple, quand je dis: Dieu qui est invisible, est le créateur du monde, qui est visible. Qui est invisible n'est pas tout le sujet de cette proposition, mais il y faut ajouter Dieu : et qui est visible n'en est pas tout l'attribut, mais il faut ajouter le Créateur du monde.

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3. Le relatif peut être ou sujet ou partie de l'attribut de la proposition incidente. Pour en être sujet, il faut qu'il soit au nominatif; qui creavit mundum; qui

sanctus est.

Mais quand il est à un cas oblique; génitif, datif, accusatif, alors il fait, non pas l'attribut entier de cette proposition incidente, mais seulement une partie : Deus quem amo; Dieu que j'aime. Le sujet de la proposition est ego, et le verbe fait la liaison et une partie de l'attri

but, dont quem fait une autre partie; comme s'il y avoit ego amo quem, ou ego sum amans quem. Et de même : Cujus cœlum sedes, duquel le ciel est le trône. Ce qui est toujours comme si l'on disoit : Colum est sedes cujus : Le ciel est le trône duquel,

Néanmoins dans ces rencontres même, on met toujours le relatif à la tête de la proposition (quoique, selon le sens, il ne dût être qu'à la fin), si ce n'est qu'il soit gouverné par une préposition; car la préposition précède, au moins ordinairement : Deus quo mundus est conditus: Dieu par qui le monde a été créé.

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SUITE DU MÊME CHAPITRE.

Diverses difficultés de Grammaire, qu'on peut expliquer par ce principe.

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Ce que nous avons dit des deux usages du relatif, l'un d'être pronom, et l'autre de marquer l'union d'une proposition avec une autre, sert à expliquer plusieurs choses dont les grammairiens sont bien empêchés de rendre raison.

Je les réduirai ici en trois classes, et j'en donnerai quelques exemples de chacune.

La première, où le relatif est visiblement pour une, conjonction, et un pronom démonstratif.

La seconde, où il ne tient lieu que de conjonction. Et la troisième, où il tient lieu de démonstratif, et n'a plus rien de conjonction.

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Le relatif tient lieu de conjonction et de démonstratif, lorsque Tite-Live, par exemple, a dit, parlant de Junius Brutus: Is quùm primores civitatis in quibus fratrem suum ab avunculo interfectum audisset car il est visible que in quibus est là pour et in his; de sorte que la phrase est claire et intelligible, si on la réduit ainsi : Quùm primores civitatis, et in his fratrem suum interfectum audisset : au lieu que, sans ce principe, on ne peut la résoudre. Mais le relatif perd quelquefois sa force de démonstratif, et ne fait plus que l'office de conjonction.

Ce que nous pouvons considérer en deux rencontres particulières.

La première est une façon de parler fort ordinaire dans la langue hébraïque, qui est que lorsque le relatif n'est pas le sujet de la proposition dans laquelle il entre, mais seulement partie de l'attribut, comme lorsque l'on dit, pulvis quem projicit ventus; les Hébreux alors ne laissent au relatif que le dernier usage, de marquer l'union de la proposition avec une autre; et pour l'autre usage, qui est de tenir la place du nom, ils l'expriment par le pronom démonstratif, comme s'il n'y avoit point de relatif; de sorte qu'ils disent: quem projicit eum ventus. Et ces sortes d'expressions ont passé dans le Nouveau Testament, où S. Pierrę, fai

sant allusion à un passage d'Isaïe, dit de Jésus-Christ, έ τῷ μωλοπι αὐτε ἰαθητε. Cujus livore ejus sanati estis. Les Grammairiens n'ayant pas distingué ces deux usages du relatif, n'ont pu rendre aucune raison de cette façon de parler, et ont été réduits à dire que c'étoit un pléonasme, c'est-à-dire, une superfluité inutile.

Mais cela n'est pas même sans exemple dans les meilleurs auteurs latins, quoique les Grammairiens ne l'aient pas entendu car c'est ainsi que Tite-Live a dit, par exemple : Marcus Flavius Tribunus plebis ; tulit ad populum, ut in Tusculanos animadverteretur, quorum eorum ope ac consilio Veliterni populo Romano bellum fecissent. Et il est si visible que quorum ne fait là office que de conjonction, que quelques-uns ont cru qu'il y falloit lire, quòd eorum ope: mais c'est ainsi que disent les meilleures éditions, et les plus anciens manuscrits ; et c'est encore ainsi que Plaute a parlé en son Trinummus, lorsqu'il a dit :

Inter eosne homines condalium te redipisci postulas,
Quorum eorum unus surripuit currenti cursori solum?

où quorum fait le même office que s'il y avoit, cum eorum unus surripuerit, etc.

La seconde chose qu'on peut expliquer par ce principe, est la célèbre dispute entre les grammairiens, touchant la nature du quòd latin apres un verbe

comme quand Cicéron dit : Non tibi objicio quòd hominem spoliasti; ce qui est encore plus commun dans les auteurs de la basse latinité, qui disent presque toujours par quòd, ce qu'on diroit plus élégamment par l'infinitif: Dico quòd tellus est rotunda, pour dico tellurem esse rotundam. Les uns prétendent que ce quòd est un adverbe ou conjonction ; et les autres, que c'est le neutre du relatif même, qui, quæ, quod.

Pour moi, je crois que c'est le relatif qui a toujours rapport à un antécédent (ainsi que nous l'avons déja dit), mais qui est dépouillé de son usage de pronom, n'enfermant rien dans sa signification qui fasse partie ou du sujet ou de l'attribut de la proposition incidente, et retenant seulement son second usage d'unir la proposition où il se trouve, à une autre; comme nous venons de le dire de l'hébraïsme, quem projicit eum ventus. Car dans ce passage de Cicéron : Non tibi objicio quòd hominem spoliasti; ces derniers mots, hominem spoliasti, font une proposition parfaite, où le quòd qui la précède n'ajoute rien, et ne suppose pour aucun nom : mais tout ce qu'il fait, est que cette même proposition où il est joint, ne fait plus que la partie de la proposition entière: Non tibi objicio quòd hominem spoliasti; au lieu que sans le quòd elle subsisteroit par elle-même, et feroit toute seule une proposition.

C'est ce que nous pourrons encore expliquer en

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