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CHAPITRE X I.

Des Prépositions.

Nous avons dit ci-dessus, chap. 6, que les cas et les prépositions avoient été inventés pour le même usage, qui est de marquer les rapports que les choses ont les unes aux autres.

Ce sont presque les mêmes rapports dans toutes les langues, qui sont marqués par les prépositions: c'est pourquoi je me contenterai de rapporter ici les principaux de ceux qui sont marqués par les prépositions de la langue françoise, sans m'obliger à en faire un dénombrement exact, comme il seroit nécessaire pour une Grammaire particulière.

Je crois donc qu'on peut réduire les principaux de ces rapports à ceux

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Il y a quelques remarques à faire sur les prépositions, tant pour toutes les langues, que pour la françoise en particulier.

La 1. est qu'on n'a suivi en aucune langue, sur le sujet des prépositions, ce que la raison auroit desiré, qui est qu'un rapport ne fût marqué que par une préposition, et qu'une même préposition ne marquât qu'un seul rapport. Car il arrive au contraire dans toutes les langues, ce que nous avons vu dans ces exemples pris de la françoise, qu'un même rapport est signifié par plusieurs prépositions, comme dans, en, à; et qu'une même préposition, comme en, à, marque divers rapports. C'est ce qui cause sou

vent des obscurités dans la langue hébraïque, et dans le grec de l'Écriture, qui est plein d'hébraïsmes; parce que les Hébreux ayant peu de prépositions, ils les emploient à de fort différens usages. Ainsi la préposition, qui est appelée affixe, parce qu'elle se joint avec les mots, se prenant en plusieurs sens, les écrivains du Nouveau Testament, qui l'ont rendue par v, in, prennent aussi cet év ou in, en des sens fort différens; comme on voit particulièrement dans S. Paul, où cet in se prend quelquefois pour par: Nemo potest dicere, Dominus Jesus, nisi in spiritu sancto; quelquefois pour selon : Cui vult, nubat tantùm in Domino; quelquefois pour avec : Omnia vestra in charitate fiant; et encore en d'autres manières.

La 2o. remarque est que de et à ne sont pas seulement des marques du génitif et du datif, mais aussi des prépositions qui servent encore à d'autres rapports. Car quand on dit : Il est sorti DE la ville, ou, Il est allé à sa maison des champs; de ne marque pas un génitif, mais la préposition ab ou ex ; egressus est ex urbe et à ne marque pas un datif, mais la préposition in ; abiit in villam suam.

La 3°. est qu'il faut bien distinguer ces cinq prépositions, dans, hors, sus, sous, avant, de ces cinq mots qui ont la même signification, mais qui ne sont point prépositions, au moins pour l'ordinaire; dedans, dehors, dessus, dessous, auparavant.

Le dernier de ces mots est un adverbe qui se met

absolument, et non devant les noms. Car l'on dit bien : Il étoit venu auparavant; mais il ne faut pas dire: Il étoit venu auparavant diner, mais avant diner, ou avant que de diner. Et pour les quatre autres, dedans, dehors, dessus, dessous, je crois que ce sont des noms, comme il se voit, en ce qu'on y joint presque toujours l'article; le dedans, le dehors, au dedans, au dehors; et qu'ils régissent le nom au génitif, qui est le régime des noms substantifs; au dedans de la maison, audessus du toit.

Il y a néanmoins une exception, que M. de Vaugelas a judicieusement remarquée, qui est que ces mots redeviennent prépositions, quand on met ensemble les deux opposés, et qu'on ne joint le nom qu'au dernier; comme: La peste est dedans et dehors la ville. Il y a des animaux dessus et dessous la

terre.

La 4°. remarque est sur ces quatre particules, en, y, dont, où, qui signifient de ou à dans toute leur étendue, et de plus lui ou qui : car en signifie de lui, y à lui, dont de qui, et où à qui. Et le principal usage de ces particules est pour observer les deux règles dont nous avons parlé dans le chap. des prénoms, qui est que lui et qui au génitif, au datif, à l'ablatif, ne se disent ordinairement que des personnes : et ainsi quand on parle des choses, on se sert d'en au lieu du génitif de lui, ou du pronom son; d'y au lieu du datif à lui; de dont au lieu du génitif de qui, ou duquel,

qui se peut dire, mais est d'ordinaire assez languissant; et d'où au lieu du datif à qui, ou auquel. Voyez le chap. des pronoms.

CHAPITRE X I I.

Des Adverbes.

LE desir que les hommes ont d'abréger le discours, est ce qui a donné lieu aux adverbes, car la plupart de ces particules ne sont que pour signifier en un seul mot, ce qu'on ne pourroit marquer que par une préposition et un nom : comme sapienter, sagement, pour cum sapientiá, avec sagesse; hodiè, pour in hoc die, aujourd'hui.

Et c'est pourquoi, dans les langues vulgaires, la plupart de ces adverbes s'expriment d'ordinaire plus élégamment par le nom avec la préposition: ainsi on dira plutôt avec sagesse, avec prudence, avec orgueil, avec modération, que sagement, prudemment, orgueilleusement, modérément, quoiqu'en latin, au contraire il soit d'ordinaire plus élégant de se servir des adverbes.

De là vient aussi qu'on prend souvent pour adverbe ce qui est un nom; comme instar en latin, comme primùm, ou primò, partìm, etc. Voyez, Nouv. Méth. Latine; et en françois, dessus, dessous, dedans, qui

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