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la parole; et c'est ce qu'on a appelé la seconde personne: vides, tu vois. Et comme ces pronoms ont leur plurier, quand on parle de soi-même en se joignant à d'autres, nos, nous; ou de celui à qui on parle, en le joignant aussi à d'autres, vos, vous; on a donné aussi deux terminaisons différentes au plurier: videmus, nous voyons; videtis, vous voyez.

Mais parce que le sujet de la proposition n'est souvent ni soi-même, ni celui à qui on parle; il a fallu nécessairement, pour réserver ces deux terminaisons à ces deux sortes de personnes, en faire une troisième qu'on joignît à tous les autres sujets de la proposition. Et c'est ce qu'on a appelé troisième personne, tant au singulier, qu'au plurier; quoique le mot de personne, qui ne convient proprement qu'aux substances raisonnables et intelligentes, ne soit propre qu'aux deux premières, puisque la troisième est pour toutes sortes de choses, et non pas seulement pour les per

sonnes.

On voit par-là que naturellement ce qu'on appelle troisième personne devroit être le thême du verbe, comme il l'est aussi dans toutes les langues orientales. Car il est plus naturel que le verbe signifie premièrement l'affirmation, sans marquer particulièrement aucun sujet, et qu'ensuite il soit déterminé par une nouvelle inflexion à renfermer pour sujet la première ou la seconde personne.

Cette diversité de terminaisons pour les deux pre

mières personnes, fait voir que les langues anciennes ont grande raison de ne joindre aux verbes que rarement, et pour des considérations particulières, les pronoms de la première et de la seconde personne se contentant de dire, video, vides, videmus, videtis. Car c'est pour cela même que ces terminaisons ont été originairement inventées, pour se dispenser de joindre ces pronoms aux verbes. Et néanmoins les langues vulgaires, et sur-tout la nôtre, ne laissent pas de les y joindre, toujours ; je vois, tu vois, nous voyons, vous voyez. Ce qui est peut-être venu de ce qu'il se rencontre assez souvent que quelquesunes de ces personnes n'ont pas de terminaison différente, comme tous les verbes en er, aimer, ont la première et la troisième semblables, j'aime, il aime; et d'autres la première et la seconde, je lis, tu lis et en Italien, assez souvent les trois personnes du singulier se ressemblent; outre que souvent quelquesunes de ces personnes n'étant pas jointes au pronom deviennent impératif, comme vois, aime, lis, etc.

:

Mais outre les deux nombres, singulier et plurier, qui sont dans les verbes comme dans les noms les Grecs y ont ajouté un duel, quand on parle de deux choses, quoiqu'ils s'en servent assez rarement.

Les langues orientales ont même cru qu'il étoit bon de distinguer quand l'affirmation regardoit l'un ou l'autre sexe, le masculin ou le féminin: c'est pour

quoi

quoi le plus souvent elles ont donné à une même personne du verbe deux diverses terminaisons pour servir aux deux genres ; ce qui sert souvent pour éviter les équivoques.

CHAPITRE XV.

Des divers Temps du Verbe.

UNE autre chose que nous avons dit avoir été jointe à l'affirmation du verbe, est la signification du temps; car l'affirmation se pouvant faire selon les divers temps, puisque l'on peut assurer d'une chose qu'elle est, ou qu'elle a été, ou qu'elle sera, de là est venu qu'on a encore donné d'autres inflexions au verbe, pour signifier ces temps divers.

Il n'y a que trois temps simples; le présent, comme amo, j'aime le passé, comme amavi, j'ai aimé ; et le futur, comme amabo, j'aimerai.

Mais parce que dans le passé on peut marquer que la chose ne vient que d'être faite, ou indéfiniment qu'elle a été faite, de là il est arrivé que dans la plupart des langues vulgaires il y a deux sortes de prétérit; l'un qui marque la chose précisément faite, et que pour cela on nomme défini, comme j'ai écrit, j'ai dit, j'ai fait, j'ai díné; et l'autre qui la marque Y

indéterminément faite, et que pour cela on nomme indéfini ou aoriste, comme j'écrivis, je fis, j'allai, je dinai, etc. ce qui ne se dit proprement que d'un temps qui soit au moins éloigné d'un jour de celui auquel nous parlons; car on dit bien, par exemple, j'écrivis hier, mais non pas, j'écrivis ce matin, ni j'écrivis cette nuit; au lieu de quoi il faut dire, j'ai écrit ce matin, j'ai écrit cette nuit, etc. Notre langue est si exacte dans la propriété des expressions, qu'elle ne souffre aucune exception en ceci, quoique les Espagnols et les Italiens confondent quelquefois ces deux prétérits, les prenant l'un pour l'autre.

Le futur peut aussi recevoir les mêmes différences; car on peut avoir envie de marquer une chose qui doit arriver bientôt; ainsi nous voyons que les Grecs ont leur paulopost-futur, per inıyor pénλæv, qui marque que la chose se va faire, ou qu'on la doit presque tenir comme faite, comme weromooμal, je πεποιήσομαι, m'en vas faire, voilà qui est fait et l'on peut aussi marquer une chose comme devant arriver simplement, Toow, je ferai; amabo, j'aimerai.

Voilà pour ce qui est des temps, considérés simplement dans leur nature de présent, de prétérit, eť de futur.

: Mais parce qu'on a voulu aussi marquer chacun de ces temps, avec rapport à un autre, par un seul mot, de là est venu qu'on a encore inventé d'autres inflexions dans les verbes, qu'on peut appeler des temps

composés dans le sens, et l'on en peut remarquer

aussi trois.

Le premier est celui qui marque le passé avec rapport au présent, et on l'a nommé prétérit imparfait, parce qu'il ne marque pas la chose simplement et proprement comme faite, mais comme présente à l'égard d'une chose qui est déja néanmoins passée. Ainsi, quand je dis, cùm intravit coenabam; je soupois lorsqu'il est entré, l'action de souper est bien passée au regard du temps auquel je parle; mais je la marque comme présente au regard de la chose dont je parle, qui est l'entrée d'un tel.

Le deuxième temps composé est celui qui marque doublement le passé, et qui, à cause de cela, s'appelle plus-que-parfait, comme cœnaveram, j'avois soupé; par où je marque mon action de souper nonseulement comme passée en soi, mais aussi comme passée à l'égard d'une autre chose qui est aussi passée; comme quand je dis, j'avois soupé lorsqu'il est entré, ce qui marque que mon souper avoit précédé cette entrée, qui est pourtant aussi passée.

Le troisième temps composé est celui qui marque l'avenir avec rapport au passé, savoir, Je futur parfait, comme cœnavero, j'aurai soupé; par où je marque mon action de souper comme future en soi, et comme passée au regard d'une autre chose à venir, qui la doit suivre; comme, quand j'aurai soupé, il entrera; cela veut dire que mon souper, qui n'est

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