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pas encore venu, sera passé, lorsque son entrée, qui n'est pas encore venue, sera présente.

On auroit pu de même ajouter encore un quatrième temps composé, savoir, celui qui eût marqué l'avenir avec rapport au présent, pour faire autant de futurs composés, que de prétérits composés ; et peut-être que le deuxième futur des Grecs marquoit cela dans son origine, d'où vient même qu'il conserve presque toujours la figurative du présent : néanmoins dans l'usage on l'a confondu avec le premier, en latin même, on se sert pour cela du futur simple: cùm coenabo intrabis, vous entrerez quand je souperai; par où je marque mon souper comme futur en soi, mais comme présent à l'égard de votre entrée.

Voilà ce qui a donné lieu aux diverses inflexions des verbes, pour marquer les divers temps; sur quoi il faut remarquer que les langues orientales n'ont que le passé et le futur, sans toutes les autres différences d'imparfait, de plus-que-parfait, etc. ce qui rend ces langues sujettes à beaucoup d'ambiguités qui ne se rencontrent point dans les autres.

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CHAPITRE X V I.

Des divers Modes, ou Manières des Verbes.

Nous avons déja dit que les verbes sont de ce genre de mots qui signifient la manière et la forme de nos pensées, dont la principale est l'affirmation; et nous avons aussi remarqué que les verbes reçoivent différentes inflexions, selon que l'affirmation regarde différentes personnes et différens temps. Mais les hommes ont trouvé qu'il étoit bon d'inventer encore d'autres inflexions, pour expliquer plus distinctement ce qui se passoit dans leur esprit; car premièrement ils ont remarqué qu'outre les affirmations simples, comme, il aime, il aimoit, il y en avoit de conditionnées ét de modifiées, comme, quoiqu'il aimât, quand il aimeroit. Et pour mieux distinguer ces affirmations des autres, ils ont doublé les inflexions des mêmes temps, faisant servir les unes aux affirmations simples, comme aime, aimoit, en réservant les autres pour les affirmations modifiées, comme aimát, aimeroit: quoique ne demeurant pas fermes dans leurs règles, ils se servent quelquefois des inflexions simples pour marquer les affirmations modifiées : Et si vereor, pour et si verear: et c'est de ces dernières sortes d'inflexions

que les Grammairiens ont fait leur Mode appelé subjonctif.

De plus, outre l'affirmation, l'action de notre volonté se peut prendre pour une manière de notre pensée; et les hommes ont eu besoin de faire entendre ce qu'ils vouloient, aussi bien que ce qu'ils pensoient. Or nous pouvons vouloir une chose en plusieurs ma nières, dont on en peut considérer trois comme les principales.

1. Nous voulons des choses qui ne dépendent pas de nous, et alors nous ne les voulons que par un simple souhait ; ce qui s'explique en latin par la particule utinam, et en la nôtre par plút à Dieu. Quelques langues, comme la grecque, ont inventé des inflexions particulières pour cela; ce qui a donné lieu aux Grammairiens de les appeler le Mode optatif : et il y en a dans notre langue et dans l'espagnole et l'italienne, qui s'y peuvent rapporter, puisqu'il y a des temps qui sont triples. Mais en latin, les mêmes inflexions servent pour le subjonctif et pour l'optatif; et c'est pourquoi on a fait fort bien de retrancher ce mode des conjugaisons latines, puisque ce n'est pas seulement la manière différente de signifier qui peut être fort multipliée, mais les différentes inflexions qui doivent faire les modes.

2. Nous voulons encore d'une autre sorte, lorsque nous nous contentons d'accorder une chose, quoiqu'absolument nous ne la voulussions pas; comme quand

Térence dit, profundat, perdat, pereat ; qu'il dépense, qu'il perde, qu'il périsse, etc. Les hommes auroient pu inventer une inflexion pour marquer ce mouvement, aussi bien qu'ils en ont inventé en grec pour marquer le simple desir; mais ils ne l'ont pas fait, et ils se servent pour cela du subjonctif et en françois, nous y ajoutons que. Qu'il dépense, etc, Quelques Grammairiens ont appelé ceci : modus potentialis, ou modus concessivus.

3. La troisième sorte de vouloir est quand ce que nous voulons dépendant d'une personne 'de qui nous pouvons l'obtenir, nous lui signifions la volonté que nous avons qu'il le fasse. C'est le mouvement que nous avons quand nous commandons, ou que nous prions c'est pour marquer ce mouvement qu'on a inventé le mode qu'on appelle impératif, qui n'a point de première personne, sur-tout au singulier parce qu'on ne se commande point proprement à soimême ; ni de troisième en plusieurs langues, parce qu'on ne commande proprement qu'à ceux à qui on s'adresse, et à qui on parle. Et parce que le commandement ou la prière qui s'y rapporte, se fait toujours au regard de l'avenir, il arrive de là que l'impératif et le futur se prennent souvent l'un pour l'autre, sur-tout en hébreu, comme, non occides, vous ne tuerez point, pour ne tuez point. D'où vient que quelques Grammairiens ont mis l'impératif au nombre des futurs.

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De tous ces modes dont nous venons de parler, les langues orientales n'ont que ce dernier, qui est l'impératif; et au contraire, les langues vulgaires n'ont point d'inflexion particuliere pour l'impératif; mais 'ce que nous faisons en françois pour le marquer, est de prendre la seconde personne du plurier, et même la première, sans pronoms qui les précèdent. Ainsi, vous aimez, est une simple affirmation'; aimez, un impératif : nous aimons, affirmation; aimons, impératif. Mais quand on commande par le singulier, ce qui est fort rare, on ne prend pas la seconde personne, tu aimes, mais la première, aime.

CHAPITRE XVII.

De l'Infinitif.

Il y a encore une inflexion au verbe, qui ne reçoit point de nombre ni de personnes, qui est celle qu'on appelle infinitif, comme, esse, être; amare, aimer. Mais il faut remarquer que quelquefois l'infinitif retient l'affirmation, comme quand je dis: scio malum esse fugiendum, je sais qu'il faut fuir le mal; et que souvent il la perd, et devient nom (principalement en grec, et dans les langues vulgaires); comme quand on dit, le boire, le manger; et de même, je

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