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ne le peut même exprimer sans que cela paroisse absurde: or, jamais on n'a vu d'infinitif joint à son gérondif, et si on disoit, legendum est legere, cela paroîtroit tout-à-fait absurde: donc, etc.

3. Si legendum gérondif étoit un adjectif passif, il ne seroit point différent du participe legendus. Pourquoi donc les anciens, qui savoient leur langue, ontils distingué les gérondifs des participes?

Je crois donc que le gérondif est un nom substantif, qu'il est toujours actif, et qu'il ne diffère de l'infinitif considéré comme nom, que parce qu'il ajoute à la signification de l'action du verbe, une autre de nécessité ou de devoir, comme qui diroit, l'action qui se doit faire. Ce qu'il semble qu'on ait voulu marquer par ce mot de gérondif, qui est pris de gerere, faire: d'où vient que pugnandum est est la même chose que pugnare oportet ; et notre langue qui n'a point ce gérondif, le rend par l'infinitif et un mot qui signifie devoir, il faut combattre.

Mais comme les mots ne conservent pas toujours toute la force pour laquelle ils ont été inventés, ce gérondif en dum perd souvent celle d'oportet, et ne conserve que celle de l'action du verbe. Quis talia fando temperet à lachrymis? c'est-à-dire, in fando ou in fari

talia.

Pour ce qui est du supin, je suis d'accord avec ces mêmes Grammairiens, que c'est un nom substantif qui est passif, au lieu que le gérondif, selon mon sen

timent, est toujours actif; et ainsi on peut voir ce qui en a été dit dans la Nouvelle Méthode pour la langue latine.

CHAPITRE X X I I.

Des Verbes auxiliaires des langues vulgaires.

AVANT VANT que de finir les verbes, il semble nécessaire de dire un mot d'une chose qui, étant commune à toutes les langues vulgaires de l'Europe, mérite d'être traitée dans la Grammaire générale ; et je suis bien aise aussi d'en parler pour faire voir un échantillon de la Grammaire françoise.

C'est l'usage de certains verbes, qu'on appelle Auxiliaires, parce qu'ils servent aux autres pour former divers temps, avec le participe prétérit de chaque verbe.

Il y en a deux, qui sont communs à toutes ces langues, Étre et Avoir. Quelques-unes en ont encore d'autres, comme les Allemands Werden, devenir, ou Wollen, vouloir, dont le présent, étant joint à l'infinitif de chaque verbe, en fait le futur. Mais il suffira de parler des deux principaux, étre et avoir.

Ê TRE.

Pour le verbe étre, nous avons dit qu'il formoit, tous les passifs, avec le participe du verbe actif, qui se

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prend alors passivement, je suis aimé, j'étois aimé, etc. dont la raison est bien facile à rendre, parce que nous avons dit que tous les verbes, hors le substantif, signifient l'affirmation avec un certain attribut qui est affirmé. D'où il s'ensuit que le verbe passif, comme amor, signifie l'affirmation de l'amour passif; et par conséquent aimé signifiant cet amour passif, il est clair qu'y joignant le verbe substantif, qui marque l'affirmation, je suis aimé, vous étes aimé, doit signifier la même chose qu'amor, amaris, en latin. Et les Latins même se servent du verbe sum comme auxiliaire dans tous les prétérits passifs, et tous les temps qui en dépendent, amatus sum, amatus eram, etc. comme aussi les Grecs en la plupart des verbes.

Mais ce même verbe étre est souvent auxiliaire d'une autre manière plus irrégulière, dont nous parlerons après avoir expliqué le verbe

AVOIR.

L'autre verbe auxiliaire, avoir, est bien plus étrange, et il est assez difficile d'en donner la raison.

Nous avons déja dit que tous les verbes, dans les langues vulgaires, ont deux prétérits; l'un indéfini, qu'on peut appeler aoriste, et l'autre défini. Le premier se forme comme un autre temps; j'aimai, je sentis, je vis.

Mais l'autre ne se forme que par le participe prétérit,

aimé, senti, vu, et le verbe avoir, j'ai aimé, j'ai senti, j'ai vu.

Et non-seulement ce prétérit, mais tous les autres temps qui, en latin, se forment du prétérit, comme d'amavi, amaveram, amaverim, amavissem, amavero, amavisse ; j'ai aimé, j'avois aimé, j'aurois aimé, j'eusse aimé, j'aurai aimé, avoir aimé.

Et le verbe même avoir n'a ces sortes de temps que par lui-même, comme auxiliaire, et son participe eu; j'ai eu, j'avois eu, j'eusse eu, j'aurois eu. Mais le prétérit j'avois eu, ni le futur j'aurai eu, ne sont pas auxiliaires des autres verbes : car on dit bien, si-tôt que j'ai eu diné, quand j'eusse eu ou j'aurois eu dîné; mais on ne dit pas, j'avois eu diné, j'aurai eu diné, mais seulement j'avois dîné, j'aurai diné, etc.

ni

Le verbe être, de même, prend ces mêmes temps, d'avoir, et de son participe été ; j'ai été, j'avois été, etc.

En quoi notre langue est différente des autres, les Allemands, les Italiens et les Espagnols faisant le verbe étre auxiliaire à lui-même dans ces temps-là; car ils disent, sono stato, je suis été ; ce qu'imitent les Walons, qui parlent mal françois.

Or, comment les temps du verbe avoir servent à en former d'autres en d'autres verbes, on l'apprendra dans cette table.

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Infinitif pré-{avoir. {Infinitif du pré-{ après avoir dîné.

sent.

Participe pré-{ayant. {Partic. prétérit.{ ayant dîné.

sent.

Mais si cette façon de parler, de toutes les langues vulgaires, qui paroît être venue des Allemands, est assez étrange en elle-même, elle ne l'est pas moins dans la construction avec les noms qui se joignent à ces prétérits formés par ces verbes auxiliaires et le participe.

Car 1°. le nominatif du verbe ne cause aucun changement dans le participe; c'est pourquoi l'on dit aussi bien au plurier qu'au singulier, et au masculin qu'au féminin, il a aimé, ils ont aimé, elle a aimé, elles ont aimé, et non point, ils ont aimés, elle a aimée, elles ont aimées.

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