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adjectifs, ils se mettent toujours avec et avant le nom, sont des deux genres quant à la chose possédée, marquent pluralité quant aux possesseurs, et la première syllabe est brève. Notre bien, notre patrie; votre pays, votre nation, en parlant à plusieurs. Si l'on supprime le substantif, notre et votre prennent l'article qui marque le genre, deviennent pronoms, et la première syllabe est longue. Exemple. Voici notre emploi et le vōtre; notre place et la vôtre. Comme adjectifs, ils ont pour pluriel nos et vos, qui sont des deux genres; nos biens, vos richesses. Comme pronoms, notre et votre au pluriel, sont précédés de l'article les, des deux genres. Exemple. Voici nos droits, voilà les vōtres; voici nos raisons, voyons les votres. Si l'on énonçoit les substantifs dans les derniers membres des deux phrases, les pronoms redeviendroient adjectifs, suivant l'ancien langage, les droits nutres.

Leur peut être considéré sous trois aspects. Comme pronom personnel du pluriel de lui, il signifie à eux, à elles, et l'on n'écrit ni ne prononce leurs avec s. Exemple. Ils ou elles m'ont écrit, je leur ai répondu.

Comme adjectif possessif, leur s'emploie au singulier et au pluriel; leur bien, leurs biens.

Comme pronom possessif, il est précédé de l'article, et susceptible de genre et de nombre : le leur, la leur, les leurs.

L'usage seul peut instruire de l'emploi des mots, mais les Grammairiens sont obligés à plus de précision. On doit définir et qualifier les mots suivant leur valeur, et non pas sur leur son matériel. S'il faut éviter les divisions inutiles, qui chargeroient la mémoire sans éclairer l'esprit, on ne

doit pas du moins confondre les espèces différentes. Il est important de distinguer entre les mots d'une langue, ceux qui marquent des substances réelles ou abstraites, les vrais pronoms, les qualificatifs, les adjectifs physiques ou métaphysiques; les mots qui sans donner aucune notion précise de substance ou de mode, ne sont qu'une désignation, une indication, et n'excitent qu'une idée d'existence, tels que celui, celle, ceci, cela, etc. que les circonstances seules déterminent, et qui ne sont que des termes métaphysiques, propres à marquer de simples concepts, et les différentes vues de l'esprit.

Les Grammairiens peuvent avoir différens systèmes sur la nature et le nombre des pronoms. Peut-être, philosophiquement parlant, n'y a-t-il de vrai pronom que celui de la troisième personne, il, elle, eux, elles ; car celui de la première marque uniquement celle qui parle, et celui de la seconde celle à qui l'on parle; indication assez superflue, puisqu'il est impossible de s'y méprendre. Le latin et le

grec en usoient rarement, et ne se faisoient pas moins entendre; au lieu que le pronom de la troisième personne est absolument nécessaire dans toutes les langues, sans quoi on seroit obligé à une répétition insupportable de nom, Mais il ne s'agit pas aujourd'hui de changer la nomenclature; entreprise inutile, peut-être impossible, et dont le succès n'opéreroit, pour l'art d'écrire, aucun avantage.

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ton,

son,

On doit adopter pour la dénomination des mots, mon l'expression d'adjectif possessif, puisque ces mots se placent toujours avec le nom substantif, et ne peuvent, par conséquent, être appelés pronoms. C'est ce que MM, du Port-Royal insinuent à la

fin de leur huitième chapitre. Mais on s'égareroit, si l'on suivoít la distinction proposée par M. Duclos du mot nôtre, adjectif possessif, lorsque l'on dit notre ami, et du même mot, pronom possessif, lorsqu'il est employé dans cette acception: Damis est votre ami, il est aussi le nôtre. Comment M. Duclos a-t-il pu penser que le même mot change ainsi de nature, suivant la place qu'il occupe dans la phrase? Il est clair qu'il se trouve une ellipse dans la seconde pensée, et que le mot ami est sous-entendu : il est aussi l'ami nôtre.

M. Duclos considère leur sous trois aspects; 1o. comme pronom personnel, lorsqu'il est le pluriel de lui; 2°. comme adjectif, dans cette acception: leurs biens; 3°. comme pronom dans celle-ci : le

leur.

La première distinction est très-juste; la règle générale est de ne jamais mettre au pluriel le mot leur, lorsqu'il remplace le datis à elles. C'est le caractère de ce mot, lorsqu'il n'est point

à eux,

adjectif possessif.

Mais on peut appliquer aux deux autres distinctions, l'observation que j'ai faite sur le mot nôtre. En effet, si je dis : J'ai perdu mon bien, mes amis m'ont secouru, et j'ai dissipé le leur; dans la troisième partie de ma phrase, je sous-entends le substantif bien, et je pense ainsi : J'ai dissipé le bien leur.

VAUGEL

CHAPITRE X.

AUGELAS ayant fait l'observation dont il s'agit ici, en auroit trouvé la raison, s'il l'eût cherchée: MM. de P. R. en voulant la donner, n'y ont pas mis assez de précision : le défaut vient de ce que le mot déterminer n'est pas défini. Ils ont senti qu'il ne vouloit pas dire restreindre, puisque l'article s'emploie également avec un nom commun, pris

universellement, particulièrement, ou singulièrement ; l'homme, les hommes; cependant ils se servent du mot d'étendue, qui suppose celui de restreindre.

Déterminer, en parlant de l'article à l'égard d'un nom appellatif, général ou commun, veut dire faire prendre ce nom substantivement et individuellement. Or l'usage ayant mis l'article à tous ces substantifs individualisés, pour qu'un substantif soit pris adjectivement dans une proposition, il n'y a qu'à supprimer l'article, sans rien mettre qui en tienne lieu.

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Animal, substantif par soi-même, mais n'ayant point l'article, est pris aussi adjectivement dans la première proposition, que raisonnable dans la seconde.

Par la même raison, un adjectif est pris substantivement, si l'on y met l'article. Par exemple: Le pauvre en sa cabane; pauvre, au moyen de l'article, est pris substantivement dans ce vers.

Le relatif doit toujours rappeler l'idée d'une personne ou d'une chose, d'un ou de plusieurs individus, l'homme qui, les hommes qui, et non pas l'idée d'un mode, d'un attribut, qui n'a point d'existence propre. Or tous les substantifs réels ou métaphysiques doivent avoir, pour être pris substantivement, un article, ou quelque autre prépositif, comme tout, chaque, quelque, ce, mon, ton, son, un, deux, trois, etc. qui ne se joignent qu'à des substantifs. Le relatif ne peut donc jamais se mettre qu'après un nom ayant un article, ou quelque autre prépositif. Voilà tout le secret de la règle de Vaugelas.

MM. DU PORT-ROYAL et M. Duclos expliquent très-bien la règle de Vaugelas. Ce chapitre de la Grammaire raisonnée, est un modèle de logique et de netteté. Le lecteur après l'avoir étudié, doit se bien pénétrer de la définition que M. Duclos donne du mot déterminer. Elle est la clef de cette règle importante de notre langue.

MM. du Port-Royal ont omis deux exemples d'ellipses qui contiennent des prépositifs capables de suppléer à l'article. On s'exprime correctement dans cette phrase: Le Roi ne souffre point de courtisans qui lui cachent la vérité; et dans celle-ci : Il est toujours accompagné de gens qui ont fort mauvaise mine. La raison de cette irrégularité apparente, est que le sens de la première phrase répond à ces mots : Le Roi ne souffre aucun courtisan, et celui de la seconde à ceux-ci : Il est accompagné de certaines gens.

Vaugelas, en parlant du vocatif, où le substantif n'a pas besoin d'article pour être suivi du pronom relatif, dit que cette façon de parler ne blesse point la règle générale, parce que l'article du vocatif, o est sous-entendu.

O est une interjection, non un article. MM. du Port-Royal ont beaucoup mieux rendu raison de cette règle, en disant que les vocatifs sont déterminés par la nature même du vocatif. En effet, lorsqu'on appelle quelqu'un, lorsqu'on lui parle, lorsqu'on l'apostrophe, on prend son nom substantivement et individuelle

ment.

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