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l'Italie centrale le droit de disposer de leur sort, nous ne saurions, sans encourir le reproche d'inconséquence et d'injustice, refuser aux sujets du Roi qui habitent au-delà des Alpes le droit de manifester librement leur volonté.

Quels que vifs que seraient les regrets que nous éprouverions, si les provinces qui ont été le berceau glorieux de la monarchie pouvaient se décider à réclamer leur séparation d'avec le reste des Etats du Roi pour s'associer à d'autres destinées, nous ne nous refuserions pas à reconnaître la valeur de cette manifestation.

Les déclarations de M. Thouvenel, relativement aux grandes Puissancss et à la Suisse, sont de nature à prévenir toute fausse interprétation, et à aplanir bien des difficultés. Ces déclarations, qui sont inspirées par un sentiment si élevé d'équité et de justice, no nous laissent d'ailleurs aucun doute que, dans toute hypothèse, le soin de laisser à la Sardaigne aussi bien qu'à la France une ligne de frontière convenable présiderait à ces négociations.

Veuillez, M. le Chevalier, donner lecture et laisser copie de cette dépêche à son Excellence le Ministre des Affaires Etrangères, et agréer, &c.

Le Chevalier Nigra.

C. CAVOUR.

MEMORANDUM du Gouvernement de Sa Majesté le Roi de Sardaigne sur les motifs de l'entrée des Troupes Sardes dans l'Ombrie et les Marches.-Turin, le 12 Septembre, 1860.

LA paix de Villafranca, en assurant aux Italiens le droit de disposer de leur sort, a mis les populations de plusieurs provinces du nord et du centre de la Péninsule à même de substituer à des Gouvernements soumis à l'influence étrangère, le Gouvernement National du Roi Victor Emmanuel.

Cette grande transformation s'est opérée avec un ordre admirable, et sans qu'aucun des principes sur lesquels repose l'ordre social ait été ébranlé. Les évènements qui se sont accomplis dans l'Emilie et dans la Toscane ont prouvé à l'Europe que les Italiens, loin d'être travaillés par des passions anarchiques, ne demandaient qu'à être régis par des institutions libres nationales.

Si cette transformation eût pu s'étendre à toute la Péninsule, la question Italienne serait à cette heure pleinement résolu. Loin d'être pour l'Europe une cause d'appréhensions et de dangers, l'Italie serait désormais un élément de paix et de conservation. Malheureusement la paix de Villafranca n'a pu embrasser qu'une partie de l'Italie. Elle a laissé la Vénétie sous la domination de

l'Autriche et elle n'a produit aucun changement dans l'Italie méridionale, et dans les provinces restées sous la domination temporelle du Saint Siège.

Nous n'avons pas l'intention de traiter ici la question de la Vénétie. Il nous suffira de rappeler que, tant que cette question ne sera pas résolue, l'Europe ne pourra pas jouir d'une paix solide et sincère. Il restera toujours en Italie une cause puissante de troubles et de révolution qui, en dépit des efforts des Gouvernements, menacera incessamment de faire éclater au centre du continent l'insurrection et la guerre. Mais cette solution il faut savoir l'attendre du temps. Quelle que soit la sympathie qu'inspire à bon droit le sort chaque jour plus malheureux des Vénitiens, l'Europe est si préoccupée des conséquences incalculables d'une guerre, elle a un si vif désir, un besoin si irrésistible de la paix, qu'il serait peu sage de ne pas respecter sa volonté. Il n'en est pas de même pour les questions relatives au centre et au midi de la Péninsule.

Attaché à un système traditionnel de politique, qui n'a pas été moins fatal à sa famille qu'à son peuple, le jeune Roi de Naples s'est mis, dès son avènement au trône, en opposition flagrante avec les sentimens nationaux des Italiens aussi bien qu'avec les principes qui gouvernent les pays civilisés. Sourd aux Conseils de la France et de l'Angleterre, refusant même de suivre les avis qui lui venaient d'un Gouvernement dont il ne pouvait mettre en doute ni l'amitié constante et sincère ni l'attachement au principe de l'autorité, il a repoussé pendant une année tous les efforts du Roi de Sardaigne pour l'amener à un système de politique plus conforme aux sentimens qui dominent le peuple Italien.

Ce que la justice et la raison n'ont pu obtenir, une révolution vient de l'accomplir. Révolution prodigieuse, qui a rempli l'Europe d'étonnement par la manière presque providentielle dont elle s'est opérée, et l'a saisie d'admiration pour le guerrier illustre dont les glorieux exploits rappellent ce que la poésie et l'histoire racontent de plus surprenant.

La transformation qui s'est faite dans le Royaume de Naples pour s'être opérée par des moyens moins pacifiques et réguliers que celle de l'Italie Centrale, n'en est pas moins légitime: ses conséquences n'en sont pas moins favorables aux véritables intérêts de l'ordre et à la consolidation de l'équilibre Européen.

Une fois que la Sicile et Naples feront partie intégrante de la grande famille italienne, les ennemis des trônes n'auront plus aucun puissant argument à faire valoir contre les principes monarchiques; les passions révolutionnaires ne trouveront plus un théâtre où les entreprises les plus insensées avaient des chances de réussir ou du moins d'exciter la sympathie de tous les hommes généreux.

On serait donc autorisé à penser que l'Italie peut rentrer enfin

dans une phase pacifique de nature à dissiper les préoccupations Européennes, si les deux grandes régions du nord et du midi de la Péninsule n'étaient séparées par des provinces qui se trouvent dans un état déplorable.

Le Gouvernement Romain s'étant refusé à s'associer en quoi que ce soit au grand mouvement national, ayant au contraire continué à le combattre avec le plus regrettable acharnement, s'est mis depuis longtemps en lutte formelle avec les populations qui n'ont pas réussi à se soustraire à sa domination.

Pour les contenir, pour les empêcher de manifester les sentimens nationaux dont elles sont animées, il a fait usage du pouvoir spirituel que la Providence lui a confié dans un but bien autrement grand que celui assigné au Gouvernement politique.

En présentant aux populations Catholiques la situation de l'Italie sous des couleurs sombres et fausses, en faisant un appel passionné au sentiment ou pour mieux dire au fanatisme qui exerce encore tant d'empire dans certaines classes peu éclairées de la societé, il est parvenu à réunir de l'argent et des hommes de tous les coins de l'Europe et à former une armée composée presqu'exclusivement d'individus étrangers non seulement aux Etats Romains, mais à toute l'Italie.

Il était réservé aux Etats Romains de présenter dans notre siècle l'étrange et douloureux spectacle d'un Gouvernement réduit à maintenir son autorité sur ses sujets au moyen de mercenaires étrangers aveuglés par le fanatisme, ou animés par l'appât de promesses qui ne sauraient être réalisées qu'en jetant dans la détresse des populations toutes entières.

De tels faits provoquent au plus haut degré l'indignation des Italiens qui ont conquis la liberté et l'indépendance. Pleins de sympathie pour leurs frères de l'Ombrie et des Marches, ils manifestent de tout côté le désir de concourir à faire cesser un état de choses qui est un outrage aux principes de justice et d'humanité et qui froisse vivement le sentiment national.

Bien qu'il partageât cette douloureuse émotion le Gouvernement du Roi a cru devoir jusqu'à présent empêcher et prévenir toute tentative désordonnée pour délivrer les peuples de l'Ombrie et des Marches du joug qui les opprime. Mais il ne saurait se dissimuler que l'irritation croissante des populations ne pourrait être contenue plus longtemps sans avoir recours à la force et à des mesures violentes. D'ailleurs la révolution ayant triomphé à Naples, pourrait-on l'arrêter à la frontière des Etats Romains où l'appellent des abus non moins graves que ceux qui ont entrainé irrésistiblement en Sicile les volontaires de la Haute Italie ?

Aux cris des insurgés des Marches et de l'Ombrie l'Italie entière s'est émue. Aucune force ne saurait empêcher que du midi et du

nord de la Péninsule des milliers d'Italiens accourent à l'aide de leurs frères, menacés de désastres semblables à ceux de Pérugia.

S'il demeurait impassible au milieu de cet entraînement universel, le Gouvernement du Roi se mettrait en opposition directe. avec la nation. L'effervescence généreuse que les évènemens de Naples et de la Sicile ont produit dans les multitudes dégénererait aussitot dans l'anarchie et le désordre.

Il serait alors possible et même probable que le mouvement régulier qui s'est opéré jusqu'ici prît tout à coup les caractères de la violence et de la passion. Quelle que soit la puissance des idées d'ordre sur les Italiens, il est des provocations aux quelles les peuples les plus civilisés ne sauraient résister. Certes ils seraient plus à plaindre qu'à blâmer si, pour la première fois, ils se laissaient entrainer à des réactions violentes, qui amèneraient les plus funestes conséquences. L'histoire nous apprend que des peuples qui sont aujourd'hui à la tête de la civilisation ont commis sous l'empire de causes moins graves les plus déplorables excés.

S'il exposait la Péninsule à de pareils dangers, le Gouvernement du Roi serait coupable envers l'Italie; il ne le serait pas moins visà-vis de l'Europe.

Il manquerait à ses devoirs envers les Italiens qui ont toujours écouté les conseils de modération qu'il leur a donnés, et qui lui ont confié la haute mission de diriger le mouvement national.

Il manquerait à ses devoirs vis-à vis de l'Europe, car il a contracté envers elle l'engagement moral de ne pas laisser le mouvement Italien se perdre dans l'anarchie et le désordre.

C'est pour remplir ce double devoir que le Gouvernement du Roi, dès que les populations insurgées de l'Ombrie et des Marches lui ont envoyé des députations pour invoquer sa protection, s'est empressé de la leur accorder. En même temps il a expédié à Rome un Agent diplomatique pour demander au Gouvernement Pontifical l'éloignement des Légions étrangères dont il ne pourrait se servir pour comprimer les manifestations des Provinces qui touchent à nos frontières sans nous forcer à intervenir en leur faveur.

Sur le refus de la Cour de Rome d'obtempérer à cette demande, le Roi a donné l'ordre à ses troupes d'entrer dans l'Ombrie et dans les Marches, avec la mission d'y rétablir l'ordre et de laisser libre champ aux populations de manifester leurs sentiments.

Les troupes Royales doivent respecter scrupuleusement Rome et le territoire qui l'entoure. Elles concourraient, si jamais il en était besoin, à préserver la résidence du Saint-Père de toute attaque, et de toute menace: car le Gouvernement du Roi saura concilier toujours les grands intérêts de l'Italie avec le respect dû au Chef Auguste de la religion à laquelle le pays est sincèrement attaché.

En agissant ainsi il a la conviction de ne pas froisser les senti

ments des catholiques éclairés qui ne confondent pas le pouvoir temporel, dont la Cour de Rome a été investie pendant une période de son histoire, avec le pouvoir spirituel qui est la base éternelle et inébranlable de son autorité religieuse.

Mais nos espérances vont plus loin encore. Nous avons la confiance que le spectacle de l'unanimité des sentiments patriotiques qui éclatent aujourd'hui dans toute l'Italie, rappellera au Souverain Pontife qu'il a été, il y a quelques années, le sublime inspirateur de ce grand mouvement national. Le voile que des conseillers animés par des intérêts mondains avaient mis sur ses yeux, tombera, et alors reconnaissant que la regénération de l'Italie est dans les desseins de la Providence, il redeviendra le père des Italiens, comme il n'a jamais cessé d'être le père auguste et vénérable de tous les fidèles.

Turin, ce 12 Septembre, 1860.

CONVENTION ADDITIONNELLE au Traité de Commerce et de Navigation du 29 Avril, 1851, entre la Sardaigne et les Villes Anséatiques.-Berlin, le 20 Septembre, 1860.

[Ratifications echangées à Berlin, le 12 Novembre, 1860.]

SA Majesté le Roi de Sardaigne d'une part, et le Sénat de la Ville libre et Anséatique de Lubeck, le Sénat de la Ville libre et Anséatique de Brême, et le Sénat de la Ville libre et Anséatique de Hambourg (chacun de ces Etats pour soi séparément), d'autre part, · désirant étendre et favoriser de plus en plus les relations commerciales entre leurs Etats respectifs, sont convenus d'ajouter au Traité de Commerce et de Navigation du 29 Avril, 1851, signé à Paris, les Articles suivants :

ART. I. Les Villes Anséatiques s'engagent à laisser entrer dans leurs Etats, libres de tout droit, les soies sardes des catégories suivantes :

a. Les soies écrues retorses;

b. Les soies décrusées, non teintes, y compris les bourres de soie filées.

c. Les soies teintes retorses, y compris les bourres de soie retorses, ainsi que les fils retors mêlés de soie et de coton.

II. La Sardaigne s'engage à admettre tous les spiritueux et les eaux-de-vie fabriqués dans les Villes Anséatiques, à leur entrée dans les Etats Sardes, aux droits suivants :

1. En cercles, supérieurs à 22 degrès, à 10 francs par hectolitre ; Vol. XL. Page 1189.

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