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du Gouvernement Anglais, je crois devoir vous mettre en mesure de faire connaître comment le Gouvernement de Sa Majesté l'a luimême apprécié.

Je ne m'arrêterai pas, pour le moment, à relever les reproches plus ou moins articulés qui sont dirigés par l'encyclique contre la ligne de conduite suivie par l'Empereur, à l'égard du Saint Siége, dans les difficiles conjonctures de ces derniers temps. L'histoire, dans son impartialité, dira un jour à qui doit appartenir la responsabilité des événements, ou du Souverain dont les efforts ont constamment tendu à les prévenir, ou de ceux qui, se refusant à toute concession et à toute réforme, et se renfermant dans une inexplicable inaction, ont laissé l'état des choses empirer jusqu'à ce point où le mal devient souvent irrémédiable.

Ce qui a surtout frappé d'une façon pénible le Gouvernement de Sa Majesté, c'est l'oubli que, dans une circonstance aussi importante, la Cour de Rome a fait des usages diplomatiques en transportant directement sur le terrain de la religion une question qui appartient avant tout à l'ordre temporel. Nous voyons avec un sentiment de regret aussi sincère que profond le Saint Père faire appel à la conscience du clergé et exciter l'ardeur des fidèles à l'occasion d'une affaire dont la discussion ne saurait utilement avoir lieu que de Gouvernement à Gouvernement.

Il ne s'agit point, en effet, de porter la plus légère atteinte à la puissance spirituelle du Souverain Pontife, ni à l'indépendance dont elle a besoin pour s'exercer dans les limites de ses droits. La question des Romagnes aujourd'hui comme à d'autres époques, est née de circonstances politiques; c'est également sous son aspect politique qu'il convient de l'examiner, en recherchant les meilleurs moyens de satisfaire à des nécessités en présence desquelles le Gouvernement Pontifical ne se trouverait pas fatalement amené, je le répète, si, au lieu d'attendre avec imprévoyance le développement de la situation, il eut écouté nos conseils et secondé nos efforts. Non, quoiqu'on. puisse dire l'esprit de parti qui ne craint pas d'affecter les apparences du zèle religieux, non, quoique l'on fasse pour laisser croire que les intérêts de la foi sont en péril, il ne se traite, Dieu merci, entre le Gouvernement de Sa Sainteté et celui de l'Empereur qu'une question purement temporelle. Nous pouvons donc la discuter sans manquer aux sentiments de déférence et de respect que la France entière s'honore de porter au Père commun des fidèles et dont Sa Majesté est toujours heureuse d'être la première à donner l'exemple. Je n'hésite pas à le dire, M. le Comte, la Cour de Rome n'a pas été, bien inspirée en essayant d'établir, ainsi que le fait l'encyclique, une sorte de connexité indissoluble entre deux ordres d'intérêts qui ne sauraient être mêlés et confondus sans danger. Dans les premiers âges de l'Eglise, alors que les tendances de la civilisation étaient

théocratiques, cette confusion était naturelle et possible; elle était sans peine acceptée par tout le monde parce qu'elle répondait à l'état des esprits et des consciences. C'est ainsi qu'elle fut dans l'origine un des éléments de la puissance de la Papauté et qu'elle concourut à la formation et au développement de sa souveraineté territoriale. Cependant si l'on voulait interroger l'histoire avec attention, on verrait bien que ce ne fut pas uniquement en invoquant des motifs empruntés à sa mission divine, et en réclamant en quelque sorte au nom du Ciel que la Papauté, tantôt avec l'appui des populations ellesmêmes, tantôt avec le secours de Souverains étrangers, parvint à se mettre en possession d'une partie de l'Italie. On reconnaîtrait en même temps, il faut le proclamer à l'honneur du Saint Siége, que les Papes trouvèrent dans leur sagesse, leurs lumières, leur amour de l'ordre et de la justice, en un mot, dans le gouvernement meilleur qu'ils offraient aux peuples dans ces temps de violences et d'anarchie, un des éléments essentiels de leur autorité politique.

Je n'insisterai pas sur ce point de vue, craignant si je m'y arrêtais davantage de laisser croire que j'ai voulu chercher dans le contraste une allusion, et emprunter au passé une leçon applicable au temps présent; rien n'est plus loin de ma pensée. Il me sera toutefois permis de dire que de nos jours, par suite d'un progrès que le Gouvernement de l'Empereur ne saurait considérer autrement que comme un bienfait réciproque irrévocablement acquis aux sociétés modernes, la séparation s'est accomplie entre les deux domaines de l'ordre religieux et l'ordre politique et civil. Le Saint Siége ne s'est donc pas moins mis en désaccord avec l'esprit général de l'époque qu'avec les règles internationales, en faisant appel aux consciences, au nom de la foi, pour un intérêt qui, à le bien prendre, est simplement temporel.

J'ajoute que cette tentative est loin d'avoir pour elle l'autorité et les précédents de l'histoire. En effet, ce n'est pas la première fois que, dans les temps voisins de nous, la situation des Romagnes et leur état de possession ont été l'objet d'un débat politique. En 1797, à la suite d'événements dont il lui fallait bien, comme Souverain, accepter la responsabilité, le Pape cédait ces provinces à la France par le Traité de Tolentino, en même temps qu'il renonçait aux anciens droits du Saint Siége sur le territoire d'Avignon; et si vif que fût pour lui le regret d'une diminution de ses domaines, Pie VI croyait sans doute pouvoir souscrire à cette Convention sans manquer à ses devoirs comme Souverain Pontife et gardien de la foi. Les deux Parties Contractantes ne furent pas seules à ne voir dans cette transaction qu'un fait temporel, nullement attentatoire à la religion. Les Préliminaires signés à Léoben, deux mois plus tard, entre la France et l'Autriche, attestent que la Cour de Vienne ne pensait pas autrement que la France à ce sujet. Après avoir entretenu

pendant la guerre des relations étroites avec la Cour de Rome, elle se prêta néanmoins à une combinaison qui, lui attribuant une partie des Etats de Venise, indemnisait cette République en lui transférant la possession des 3 Légations de la Romagne, de Ferrare, et de Bologne. Les Traités de Campo Formio et de Lunéville vinrent encore consacrer, sous une autre forme, la séparation de ces provinces, et dans les divers arrangements qui furent alors convenus on n'aperçoit jamais que les Gouvernements qui y prenaient part, aient eu à se préoccuper des prérogatives du Saint Siége au point de vue de son pouvoir spirituel et des intérêts religieux.

Si l'on voulait interroger sur d'autres points l'histoire contemporaine, qui ne se rappellerait qu'au commencement de ce siècle des territoires ecclésiastiques, tels que les évêchés de Salzbourg, la prévôté de Berchtolsgaden, les évêchés de Trente, de Brixen, et d'Eichstadt, servirent, à la demande de l'Autriche, à indemniser ses Archiducs dépossédés en Italie? A l'égard de ces territoires, comme pour les Légations, comme pour l'Electorat de Mayence, aucune solidarité ne fut reconnue entre le droit temporel du possesseur et l'intérêt de la religion; le caractère ecclésiastique des Souverains ne fut pas un obstacle aux combinaisons que les circonstances avaient rendues nécessaires. La participation de la Cour de Vienne à ces diverses transactions ne permet pas assurément d'y voir une application de nouveaux principes à l'usage de la France. Rien ne saurait mieux l'attester que ce qui s'est passé quelques années plus tard. Le Pape Pie VII rentrait à Rome et reprenait l'exercice de son pouvoir temporel lorsque, par un Traité secret, signé à Naples le 11 Janvier, 1814, l'Empereur François, dans le but d'attacher le Roi Joachim à la cause de la coalition Européenne, s'engageait, "afin de lui procurer une forte frontière militaire en accord avec les besoins politiques des deux Puissances, à lui assurer une acquisition calculée sur le pied de 400,000 âmes, à prendre sur l'Etat Romain, et à prêter ses bons offices pour faire admettre et sanctionner cette concession par le Saint Père."

*

Ainsi donc le principe du partage des Légations, et même des Marches, entre le Royaume de Naples et l'Autriche se trouvait franchement posé, et l'application en semblait tellement indépendante de toute circonstance particulière, que l'on vit, l'année suivante, le Roi des Deux Siciles, restauré à Naples sur son trône, essayer de maintenir à son bénéfice la clause que nous venons de citer. L'Autriche, de son côté, était plus heureuse dans ses prétentions puisqu'elle conservait, aux dépens du Saint Siége, une partie de la Légation de Ferrare, sur la rive gauche du Pô, territoire qui n'avait pas appartenu à l'Etat de Venise. Le Pape protesta vainement contre cette disposition, de même qu'il protesta contre la nonVol. II. Page 228.

restitution du Comté d'Avignon et du territoire de Parme au Saint Siége. Ses réclamations, qu'il fondait à la fois sur ses droits anciens et sur des motifs d'utilité pour l'Eglise, ne furent point admises par les Puissances, et nous ne serons pas démentis pas les documents relatifs aux négociations de 1815, si nous ajoutons qu'il ne s'en fallut pas de beaucoup que les Romagnes ne demeurassent alors séparées des Etats Pontificaux. Plus d'une combinaison, conçue dans ce sens, fut agitée au sein du Congrès de Vienne, et l'on sait que la Prusse, par exemple, proposa de disposer des Légations en faveur du Roi de Saxe, qui les aurait reçues à titre de compensation. Ce ne fut pas sans difficulté que le Pape parvint à les conserver, et à faire prévaloir le droit qu'il invoquait contre l'opinion, si digne de remarque, adoptée par les Plénipotentiaires, que les Légations étaient, par droit de conquête, tombées à la disposition des alliés. Quoiqu'il en soit, la discussion, par rapport aux Etats Romains fut constamment maintenue, même par les Puissances Catholiques, dans un ordre de considérations exclusivement temporelles.

C'est là, M. le Comte, le seul enseignement que je veuille tirer des exemples que j'ai rappelés, et qui établissent à quel point la doctrine exposée dans la dernière encyclique, si elle est aujourd'hui conforme aux idées de la Cour de Rome, se trouve en contradiction avec les données les plus positives de la politique. Mon intention n'est nullement d'en faire ressortir les arguments contre les droits reconnus du Saint Siége, mais j'ai tenu à vous fournir le moyen de rectifier autour de vous les impressions erronées qui tendraient à faire considérer une opinion émise sur une question temporelle, comme une atteinte aux prérogatives imprescriptibles et sacrées de l'Eglise Catholique. Agréez, &c. THOUVENEL.

Le Comte Persigny.

No. 50.-Sir J. Hudson to Lord J. Russell.-(Rec. February 11.) MY LORD, Turin, February 7, 1860. I HAVE the honour to inform your Lordship that Chevalier Farini arrived in this capital the day before yesterday, and returned to Modena this morning. I understand that M. Farini expressed his determination to use his best efforts to persuade the people of the Marches and Umbria not to rise against the Pope's Government; and that he has communicated to the Sardinian Government the course which the province of Emilia proposes to pursue with reference to the vote to be taken as to its annexation to Sardinia. That course appears to be sufficiently simple and comprehensive. The Sardinian electoral law being taken as a basis, the Deputies elected will meet and vote according to their conscientious convictions of their political necessities. I have, &c.

Lord J. Russell.

JAMES HUDSON.

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No. 51.-Earl Cowley to Lord J. Russell.-(Received February 11.) (Extract.) Paris, February 10, 1860. M. THOUVENEL observed to me that a very general impression prevailed in Europe that the object of Sardinia was to provoke Austria to recommence the war, and that this impression had created in the Northern Courts sentiments very hostile to the interests of Sardinia. He had, therefore, appealed to the loyalty and good sense of M. de Cavour to use his all-powerful interest in Central Italy, in order to maintain the present state of things for the moment, and he expressed his hope that your Lordship would again write to Turin in a similar sense.

Lord J. Russell.

No. 52.-Lord J. Russell to Earl Cowley.

COWLEY.

MY LORD,
Foreign Office, February 11, 1860.
HER Majesty's Government have more than once inculcated
caution and non-interference on Count Cavour.

But the French Government must contribute to this end. When pamphlets and journals supposed to speak the sense of the Government of France, say that the Pope's authority must be confined to the city of Rome, the people of Umbria and the Marches become excited, and organize risings against the Pope. But as France is distant, they look to Bologna and Florence for aid; and it is very difficult for M. Farini and Baron Ricasoli to restrain the ardour excited by publications which have their origin

in Paris.

Earl Cowley.

I am, &c.

J. RUSSELL.

No. 53.-Lord A. Loftus to Lord J. Russell.-(Rec. February 13.)
MY LORD,
Vienna, February 9, 1860.

I HAVE the honour to forward to your Lordship herewith in original, and in translation by Mr. Antrobus, an official order issued by the General Commanding-in-chief of the army in Italy, Count Degenfeld, declaring martial law for all offences against the military power throughout the Provinces of Venetia, Mantua, and the district of Trent, in the Southern Tyrol. This order is to take effect from the 15th instant. I have, &c. Lord J. Russell.

AUGUSTUS LOFTUS.

(Inclosure.)-Extract from the " Presse" of February 8, 1860.

(Translation.)

NEWS has reached us from Verona, that, after the 15th instant, martial law will be put in force throughout the whole extent of Venetia. We have received to-day the above-mentioned Decree

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