Imágenes de páginas
PDF
EPUB

כל

לכ

>> il pas plus aisé de monter l'imagination des » hommes, que d'élever leur raison? de leur » montrer des mannequins gigantesques de » héros fabuleux, que de leur présenter des >> portraits ressemblans de vrais hommes, vrai>>ment grands»? Buffon, accoutumé à l'exactitude rigoureuse des sciences, jugeoit la poésie épique, non d'après les beautés qui lui sont propres, mais d'après des vues d'utilité et des rapprochemens historiques que les poëtes n'ont jamais consultés. S'il se fût livré à cet art sublime, il auroit bientôt reconnu la différence du génie d'Homère, et du bel esprit moderne. Je n'ai cité ce fragment, auquel Buffon n'attachoit aucune importance, que parce que les erreurs des grands hommes sont les plus dangereuses.

Tels furent les quatre hommes de génie qui, sans se préserver entièrement du goût dominant de leur siècle, ont, par des chefs-d'œuvres soutenu l'éclat de la littérature françoise. La fin du dix-huitième siècle s'honore aussi d'avoirvu fleurir le peintre de l'antique Grèce, qui, sous le nom d'Anacharsis, retraça les mœurs, les rapports politiques, et analysa les chefsd'œuvres littéraires de la patrie des Périclès et des Démosthène ; le poëte élégant qui sut faire

passer dans la versification françoise les beautés didactiques des Géorgiques de Virgile; l'auteur plein de sel et d'enjouement, qui, sur les traces de Molière, de Boileau et de Pope, soutint la cause du goût et combattit la fausse philosophie; enfin le littérateur célèbre qui, après avoir fait retentir sur la scène les noms de Warwick et de Philoctète, rappela le temps où Quintilien recueilloit les débris de la bonne littérature et donnoit, par ses écrits, l'exemple et les préceptes de l'éloquence.

Parmi ceux que le dix-huitième siècle semble avoir légués au dix-neuvième pour la gloire dest lettres françoises, on distinguera le poëte élégant et harmonieux qui, en peignant la solemnité du Jour des Morts, déploya tous les trésors que la sensibilité et la religion peuvent fournir à une imagination forte et brillante, à vingt ans traduisit Pope, traça pendant une longue proscription, les premiers chants d'un poëmé épique, et qui, dans des dissertations littéraires, a souvent rappelé la prose des grands écrivains du siècle de Louis XIV.

On n'oubliera pas non plus l'auteur comique, qui, bannissant de son théâtre les petites nuanla fausse délicatesse et les subtilités métaphysiques, a fait revivre la gaîté de l'ancienne

ces,

[ocr errors]

comédie. Heureux, si la direction dont il s'est chargé lui laissoit le temps d'approfondir les sujets qu'il traite; et de donner à son style, d'ailleurs plein d'élégance et de naturel, sur-, tout en prose, la précision et la pureté qu'il

laisse encore desirer.

J'ai cherché à présenter un tableau fidèle des progrès de la langue françoise, et des causes, de sa décadence. On a vu que les nouveaux. systêmes qui se sont succédés si rapidement dans, le dix-huitième siècle, ont contribué à la faire dégénérer. Le commencement du dix-neuvième, signalé par l'oubli de toutes ces vaines théories, par le retour aux bons principes, et par l'aurore du bonheur public, dont l'âge du Héros qui préside aux destinées de la France nous garantit la durée, annonce la renaissance des lettres, et promet à la patrie de Corneille et de Racine, une époque semblable à ces temps heureux où la langue latine reprit son ancienne splendeur sous les auspices glorieux de Titus et de Trajan.

FIN.

GÉNÉRALE ET RAISONNÉE.

LA Grammaire est l'art de parler. Parler, est expliquer ses pensées par

des signes que

ce dessein.

les hommes ont inventés à

On a trouvé que les plus commodes de ces signes étoient les sons et les voix.

Mais parce que ces sons passent, on a inventé d'autres signes pour les rendre durables et visibles, qui sont les caractères de l'écriture, que les Grecs appellent zgáμpara, d'où est venu le mot de Grammaire.

Ainsi l'on peut considérer deux choses dans ces signes. La première; ce qu'ils sont par leur nature, c'est-à-dire, en tant que sons et caractères.

La seconde ; leur signification, c'est-àdire, la manière dont les hommes s'en servent pour signifier leurs pensées.

pre

Nous traiterons de l'une dans la mière Partie de cette Grammaire, et de l'autre dans la seconde.

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »