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l'e et l'i; d'avoir prononcé autrement le g devant ces deux mêmes voyelles, que devant les autres; d'avoir adouci l's entre deux voyelles; d'avoir donné aussi au ₺ le son de l's avant l'i suivi d'une autre voyelle, comme gratia, actio, action. On peut voir ce qui a été dit dans le traité des lettres, qui est dans la nouvelle Méthode latine.

Quelques-uns se sont imaginé qu'ils pourroient corriger ce défaut dans les langues vulgaires, en inventant de nouveaux caractères, comme a fait Ramus dans sa Grammaire pour la langue françoise, retranchant tous ceux qui ne se prononcent point, en écrivant chaque son par la lettre à qui cette prononciation est propre, comme en mettant une s, au lieu du c, devant l'e et l'i. Mais ils devoient considérer qu'outre que cela seroit souvent désavantageux aux langues vulgaires, pour les raisons que nous avons dites, ils tentoient une chose impossible; car il ne faut pas s'imaginer qu'il soit facile de faire changer à toute une nation tant de caractères auxquels elle est accoutumée depuis long-temps, puisque l'empereur Claude ne put pas même venir à bout d'en introduire un qu'il vouloit mettre en usage.

Tout ce que l'on pourroit faire de plus raisonnable, seroit de retrancher les lettres qui ne servent de rien ni à la prononciation, ni au sens, ni à l'analogie des langues, comme on a déja commencé de faire; et, conservant celles qui sont utiles, y mettre de petites marques qui fissent voir qu'elles ne se prononcent point, ou qui

fissent connoître les diverses prononciations d'une même. lettre. Un point au-dedans ou au-dessous de la lettre, pourroit servir pour le premier usage, comme temps. Le c a déja sa cédille, dont on pourroit se servir devant l'e et devant l'i, aussi bien que devant les autres voyelles. Le g dont la queue ne seroit pas toute fermée, pourroit marquer le son qu'il à devant l'e et devant l'i. Ce qui ne soit dit que pour exemple.

CHAPITRE V I.

D'une nouvelle manière pour apprendre à lire facilement en toutes sortes de langues.

CETTE méthode regarde principalement ceux qui ne savent pas encore lire.

Il est certain que ce n'est pas une grande peine à ceux qui commencent, que de connoître simplement les lettres; mais que la plus grande est de les assembler.

Or, ce qui rend maintenant cela plus difficile, est que chaque lettre ayant son nom, on la prononce seule autrement qu'en l'assemblant avec d'autres. Par exemple, si l'on fait assembler fry, à un enfant on lui fait prononcer ef, er, y grec; ce qui le brouille infailliblement, lorsqu'il veut ensuite joindre ces trois sons ensemble, pour en faire le son de la syllabe fry.

Il semble donc que la voie la plus naturelle, comme quelques gens d'esprit l'ont déja remarqué, seroit que ceux qui montrent à lire, n'apprissent d'abord aux enfans à connoître leurs lettres, que par le nom de leur prononciation; et qu'ainsi, pour apprendre à lire

en latin, par exemple, on ne donnât que le même nom d'e à l'e simple, l'ae et l'oe, parce qu'on les prononce d'une même façon ; et de même à l'i et à l'y; et encore à l'o et à l'au, selon qu'on les prononce aujourd'hui en France, car les Italiens font l'au diphthongue.

Qu'on ne leur nommât aussi les consonnes que par leur son nature, en y ajoutant seulement l'e muet, qui est nécessaire pour les prononcer : par exemple, qu'on donnât pour nom à b, ce qu'on prononce dans la dernière syllabe de tombe; à d celui de la dernière syllabe de ronde; et ainsi des autres qui n'ont qu'un seul son.

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Que pour celles qui en ont plusieurs comme c,g, t, s, on les appelât par le son le plus naturel et plus ordinaire, qui est au c le son de que, et au g le son de gue, au t le son de la dernière syllabe de forte, et à l's celui de la dernière syllabe de bourse.

Et ensuite on leur apprendroit à prononcer à part, et sans épeler, les syllabes ce, ci, ge, gi, tia, tie, tii. Et on leur feroit entendre que l's, entre deux voyelles, se prononce comme un z, miseria, misère, comme s'il y avoit mizeria, mizère, etc.

Voilà les plus générales observations de cette nouvelle méthode d'apprendre à lire, qui seroit certainement très-utile aux enfans. Mais pour la mettre

dans toute sa perfection, il en faudroit faire un petit traité à part, où l'on pourroit faire les remarques né cessaires pour l'accommoder à toutes les langues.

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