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La seconde, où il ne tient lieu que de conjonction. Et la troisième, où il tient lieu de démonstratif, et n'a plus rien de conjonction.

Le relatif tient lieu de conjonction et de démonstratif, lorsque Tite-Live, par exemple, a dit, parlant de Junius Brutus: Is quùm primores civitatis, in quibus fratrem suum ab avunculo interfectum audisset car il est visible que in quibus est là pour et in his; de sorte que la phrase est claire et intelligible, si on la réduit ainsi : Quùm primores civitatis, et in his fratrem suum interfectum audisset : au lieu que, sans ce principe, on ne peut la résoudre. Mais le relatif perd quelquefois sa force de démonstratif, et ne fait plus que l'office de conjonction.

Ce que nous pouvons considérer en deux rencontres particulières.

La première est une façon de parler fort ordinaire dans la langue hébraïque, qui est que lorsque le relatif n'est pas le sujet de la proposition dans laquelle il entre, mais seulement partie de l'attribut, comme lorsque l'on dit, pulvis quem projicit ventus; les Hébreux alors ne laissent au relatif que le dernier usage, de marquer l'union de la proposition avec une autre; et pour l'autre usage, qui est de tenir la place du nom, l'expriment par le pronom démonstratif, comme s'il n'y avoit point de relatif; de sorte qu'ils disent: quem projicit eum ventus. Et ces sortes d'expressions ont passé dans le Nouveau Testament, où S. Pierre, fai

ils

sant allusion à un passage d'Isaïe, dit de Jésus-Christ, & τῷ μωλοπι αὐτε ἰάθητε. Cujus livore ejus sqnati estis. Les Grammairiens n'ayant pas distingué ces deux usages du relatif, n'ont pu rendre aucune raison de cette façon de parler, et ont été réduits à dire que c'étoit un pleonasme, c'est-à-dire, une superfluité inutile.

Mais cela n'est pas même sans exemple dans les meilleurs auteurs latins, quoique les Grammairiens ne l'aient pas entendu car c'est ainsi que Tite-Live a dit, par exemple: Marcus Flavius Tribunus plebis; tulit ad populum, ut in Tusculanos animadverteretur, quorum eorum ope ac consilio Veliterni populo Romano bellum fecissent. Et il est si visible que quorum ne fait là office que de conjonction, que quelques-uns ont cru qu'il y falloit lire, quòd eorum ope: mais c'est ainsi que disent les meilleures éditions, et les plus anciens manuscrits ; et c'est encore ainsi que Plaute a parlé en son Trinummus, lorsqu'il a dit :

Inter eosne homines condalium te redipisci postulas,
Quorum eorum unus surripuit currenti cursori solum?

où quorum fait le même office que s'il y avoit, cum eorum unus surripuerit,

La seconde chose qu'on peut expliquer par ce principe, est la célèbre dispute entre les grammairiens, touchant la nature du quòd latin apres un verbe ;

comme quand Cicéron dit : Non tibi objicio quòd hominem spoliasti; ce qui est encore plus commun dans les auteurs de la basse latinité, qui disent presque toujours par quòd, ce qu'on diroit plus élégamment par l'infinitif: Dico quòd tellus est rotunda, pour dico tellurem esse rotundam. Les uns prétendent que ce quòd est un adverbe ou conjonction ; et les autres, que c'est le neutre du relatif même, qui, quæ, quod.

Pour moi, je crois que c'est le relatif qui a toujours rapport à un antécédent (ainsi que nous l'avons déja dit), mais qui est dépouillé de son usage de pronom, n'enfermant rien dans sa signification qui fasse partie ou du sujet ou de l'attribut de la proposition incidente, et retenant seulement son second usage d'unir la proposition où il se trouve, à une autre; comme nous venons de le dire de l'hébraïsme, quem projicit eum ventus. Car dans ce passage de Cicéron : Non tibi objicio quòd hominem spoliasti; ces derniers mots, hominem spoliasti, font une proposition parfaite, où le quòd qui la précède n'ajoute rien, et ne suppose pour aucun nom : mais tout ce qu'il fait, est que cette même proposition où il est joint, ne fait plus que la partie de la proposition entière : Non tibi objicio quòd hominem spoliasti; au lieu que sans le quòd elle subsisteroit par elle-même, et feroit toute seule une proposition.

C'est ce que nous pourrons encore expliquer en

parlant de l'infinitif des verbes, où nous ferons voir aussi que c'est la manière de résoudre le que des François (qui vient de ce quòd), comme quand on dit: Je suppose que vous serez sage: Je vous dis que vous avez tort. Car ce que est là tellement dépouillé de la nature du pronom, qu'il n'y fait office que de liaison, laquelle fait voir que ces propositions, vous serez sage, vous avez tort, ne font que partie des propositions entières : je suppose, etc. je vous dis, etc.

Nous venons de marquer deux rencontres où le relatif, perdant son usage de pronom, ne retient que celui d'unir deux propositions ensemble: mais nous pouvons, au contraire, remarquer deux autres rencontres où le relatif perd son usage de liaison, et ne retient que celui de pronom. La première est dans une façon de parler où les Latins se servent souvent du relatif, en ne lui donnant presque que la force d'un pronom démonstratif, et lui laissant fort peu de son autre usage, de lier la proposition dans laquelle on l'emploie, à une autre proposition. C'est ce qui fait qu'ils commencent tant de périodes par le relatif, qu'on ne sauroit traduire dans les langues vulgaires que par le pronom démonstratif, parce que la force du relatif, comme liaison, y étant presque toute perdue, on trouveroit étrange qu'on y en mît un. Par exemple, Pline commence ainsi son panégyrique : Benè ac sapienter, P. C. majores instituerant, ut rerum agendarum, ità dicendi initium à precatio

nibus capere, quòd nihil ritè, nihilque providenter homines sine Deorum immortalium ope, consilio, honore, auspicarentur. Qui mos, cui potiùs QUI quàm Consuli, aut quandò magis usurpandus colendusque est?

Il est certain que ce Qui commence plutôt une nouvelle période, qu'il ne joint celle-ci à la précé– dente; d'où vient même qu'il est précédé d'un point: et c'est pourquoi, en traduisant cela en françois, on ne mettroit jamais, laquelle coutume, mais cette coutume, commençant ainsi la seconde période Et par qui CETTE COUTUME doit-elle être plutôt observée, que par un consul? etc.

Cicéron est plein de semblables exemples, comme, Orat. V. in Verrem. Itaque alii cives Romani, ne cognoscerentur, capitibus obvolutis à carcere ad palum, atque ad necem rapiebantur : alii, cùm à multis civibus Romanis recognoscerentur, ab omnibus defenderentur, securi feriebantur. QUORUM ego de acerbissima morte, crudelissimoque cruciatu dicam, cùm eum locum tractare cœpero. Ce quorum, se traduiroit en françois comme s'il y avoit, de illo

rum morte.

L'autre rencontre où le relatif ne retient presque que son usage de pronom, c'est dans l'or des Grecs, dont la nature n'avoit encore été assez exactement observée de personne que je sache, avant la Méthode Grecque. Car quoique cette particule ait sou

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