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vent beaucoup de rapport avec le quòd latin, et qu'elle soit prise du pronom relatif de cette langue, comme le quòd est pris du relatif latin; il y a souvent néan– moins cette différence notable entre la nature du quod et de l'ar, qu'au lieu que cette particule latine n'est que le relatif dépouillé de son usage de pronom, et ne retenant que celui de liaison, la particule grecque au contraire est le plus souvent dépouillé de son usage de liaison, et ne retient que celui de pronom. Sur quoi l'on peut voir la Nouv. Méth. Latine, Remarques sur les adverbes, n. 4, et la Nouv. Méth. Grecque, liv. 8, chap. 11. Ainsi, par exemple, lorsque dans l'Apocalypse, chap. 3, Jésus-Christ faisant reproche à un évêque qui avoit quelque satisfaction de luimême, lui dit regels ôti #λ8010's eiμ; dicis quòd dives sum; ce n'est pas à dire, quòd ego qui ad te loquor dives sum; mais dicis hoc, vous dites cela, savoir, dives sum, je suis riche de sorte qu'alors il y a deux oraisons ou propositions séparées, sans que la seconde fasse partie de la première; tellement que l'or n'y fait nullement office de relatif ni de liaison. Ce qui semble avoir été pris de la coutume des Hébreux, comme nous dirons ci-après, chap. 17, et ce qui est très-nécessaire à remarquer pour résoudre quantité de propositions difficiles dans la langue grecque.

CHAPITRE X.

Examen d'une règle de la Langue françoise, qui est qu'on ne doit pas mettre le relatif après un nom sans article.

CE qui m'a porté à entreprendre d'examiner cette règle, est qu'elle me donne sujet de parler en passant de beaucoup de choses assez importantes pour bien raisonner sur les langues, qui m'obligeroient d'être trop long, si je les voulois traiter en particulier.

M. de Vaugelas est le premier qui a publié cette règle, entre plusieurs autres très-judicieuses, dont ses-remarques sont remplies: Qu'après un nom sans article on ne doit point mettre de qui. Ainsi l'on dit bien: Il a été traité avec violence; mais si je veux marquer que cette violence a été tout-à-fait inhumaine, je ne le puis faire qu'en y ajoutant un article: Il a été traité avec une violence qui a été tout-àfait inhumaine.

Cela paroît d'abord fort raisonnable; mais comme il se rencontre plusieurs façons de parler en notre langue, qui ne semblent pas conformes à cette regle; comme entr'autres celles-ci: Il agit en politique qui sait gouverner. Il est coupable de crimes qui méritent châtiment. Il n'y a homme qui sache cela.

Seigneur, qui voyez ma misère, assistez-moi. Une sorte de bois qui est fort dur: j'ai pensé si on ne pourroit point la concevoir en des termes qui la rendissent plus générale, et qui fissent voir que ces façons de parler et autres semblables qui y paroissent contraires, n'y sont pas contraires en effet. Voici donc comme je l'ai conçue.

Dans l'usage présent de notre langue, on ne doit point mettre de qui après un nom commun, s'il n'est déterminé par un article, ou par quelque autre chose qui ne le détermine pas moins que feroit un article.

Pour bien entendre ceci, il faut se souvenir qu'on peut distinguer deux choses dans le nom commun, la signification, qui est fixe (car c'est par accident si elle varie quelquefois, par équivoque ou par métaphore), et l'étendue de cette signification, qui est sujette à varier selon que le nom se prend, ou pour toute l'espèce, ou pour une partie certaine ou in

certaine.

Ce n'est qu'au regard de cette étendue que nous disons qu'un 'nom commun est indéterminé, lorsqu'il n'y a rien qui marque s'il doit être pris généralement ou particulièrement; et étant pris particulièrement, si c'est pour un particulier certain ou incertain. Et au contraire, nous disons qu'un nom est déterminé, quand il y a quelque chose qui en marque la détermination. Ce qui fait voir que par déterminé

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nous n'entendons pas restreint, puisque, selon ce que nous venons de dire. un nom commun doit passer pour déterminé, lorsqu'il y a quelque chose qui marque qu'il doit être pris dans toute son étendue ; comme dans cette proposition : Tout homme est raisonnable.

C'est sur cela que cette règle est fondée; car on peut bien se servir du nom commun, en ne regardant que sa signification; comme dans l'exemple que j'ai proposé Il a été traité avec violence; et alors il n'est pas besoin que je le détermine; mais si on en veut dire quelque chose de particulier, ce que l'on fait en ajoutant un qui, il est bien raisonnable que dans les langues qui ont des articles pour déterminer l'étendue des noms communs, on s'en serve alors, afin qu'on connoisse mieux à quoi doit se rapporter ce qui, si c'est à tout ce que peut signifier le ou seulement à une partie certaine

nom commun

ou incertaine.

Mais aussi l'on voit par-là que, comme l'article n'est nécessaire dans ces rencontres que pour déterminer le nom commun, s'il est déterminé d'ailleurs, on y pourra ajouter un qui, de même que s'il y avoit un article. Et c'est ce qui fait voir la nécessité d'exprimer cette règle comme nous avons fait, pour la rendre générale; et ce qui montre aussi que presque toutes les façons de parler qui y semblent contraires, y sont conformes, parce que le nom qui est sans article est déterminé par quelque autre chose. Mais

quand je dis par quelque autre chose, je n'y comprends pas le qui que l'on y joint: car si on l'y comprenoit, on ne pêcheroit jamais contre cette règle, puisqu'on pourroit toujours dire qu'on n'emploie un qui après un nom sans article, que dans une façon de parler déterminée par le qui même.

Ainsi, pour rendre raison de presque tout ce qu'on peut opposer à cette règle, il ne faut que considérer les diverses manières dont un nom sans article peut être déterminé.

1. Il est certain que les noms propres ne signifiant qu'une chose singulière, sont déterminés d'euxmêmes, et c'est pourquoi je n'ai parlé dans la règle que des noms communs, étant indubitable que c'est fort bien parler que de dire: Il imite Virgile, qui est le premier des poëtes. Toute ma confiance est en Jésus-Christ, qui m'a racheté.

2. Les vocatifs sont aussi déterminés par la nature même du vocatif; de sorte qu'on n'a garde d'y desirer un article pour y joindre pour y joindre un qui, puisque c'est la suppression de l'article qui les rend vocatifs, et qui les distingue des nominatifs. Ce n'est donc point contre la règle, de dire: Ciel, qui connoissez mes maux. Soleil, qui voyez toutes choses.

3. Ce, quelque, plusieurs, les noms de nombre, comme deux, trois, etc. tout, nul, aucun, etc. déterminent aussi bien que les articles. Cela est trop clair pour s'y arrêter.

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