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vent des obscurités dans la langue hébraïque, et dans le grec de l'Écriture, qui est plein d'hébraïsmes; parce que les Hébreux ayant peu de prépositions, ils les emploient à de fort différens usages. Ainsi la préposition, qui est appelée affixe, parce qu'elle se joint avec les mots, se prenant en plusieurs sens, les écrivains du Nouveau Testament, qui l'ont rendue par ev, in, prennent aussi cet év ou in, en des sens fort différens; comme on voit particulièrement dans S. Paul, où cet in se prend quelquefois pour par: Nemo potest dicere, Dominus Jesus, nisi in spiritu sancto; quelquefois pour selon : Cui vult, nubat tantùm in Domino; quelquefois pour avec : Omnia vestra in charitate fiant; et encore en d'autres manières.

La 2o. remarque est que de et à ne sont pas seulement des marques du génitif et du datif, mais aussi des prépositions qui servent encore à d'autres rapports. Car quand on dit : Il est sorti DE la ville, ou, Il est allé à sa maison des champs; de ne marque pas un génitif, mais la préposition ab ou ex; egressus est ex urbe et à ne marque pas un datif, mais la préposition in ; abiit in villam suam.

La 3°. est qu'il faut bien distinguer ces cinq prépositions, dans, hors, sus, sous, avant, de ces cinq mots qui ont la même signification, mais qui ne sont point prépositions, au moins pour l'ordinaire; dedans, dehors, dessus, dessous, auparavant.

Le dernier de ces mots est un adverbe qui se met

absolument, et non devant les noms. Car l'on dit bien : Il étoit venu auparavant; mais il ne faut pas dire : Il étoit venu auparavant diner, mais avant diner, ou avant que de diner. Et pour les quatre autres, dedans, dehors, dessus, dessous, je crois que ce sont des noms, comme il se voit, en ce qu'on y joint presque toujours l'article; le dedans, le dehors, au dedans, au dehors; et qu'ils régissent le nom au génitif, qui est le régime des noms substantifs; au dedans de la maison, audessus du toit.

Il y a néanmoins une exception, que M. de Vaugelas à judicieusement remarquée, qui est que ces mots redeviennent prépositions, quand on met ensemble les deux opposés, et qu'on ne joint le nom qu'au dernier; comme: La peste est dedans et dehors la ville. Il y a des animaux dessus et dessous la

terre.

La 4. remarque est sur ces quatre particules, en, y, dont, où, qui signifient de ou à dans toute leur étendue, et de plus lui ou qui : car en signifie de lui, y à lui, dont de qui, et où à qui. Et le principal usage de ces particules est pour observer les deux règles dont nous avons parlé dans le chap. des prénoms, qui est que lui et qui au génitif, au datif, à l'ablatif, ne se disent ordinairement que des personnes : et ainsi quand on parle des choses, on se sert d'en au lieu du génitif de lui, on du pronom son; d'y au lieu du datif à lui; de dont au lieu du génitif de qui, ou duquel,

qui se peut dire, mais est d'ordinaire assez languissant; et d'où au lieu du datif à qui, ou auquel. Voyez le

chap. des pronoms.

CHAPITRE X I I.

Des Adverbes.

LE desir que les hommes ont d'abréger le discours, est ce qui a donné lieu aux adverbes, car la plupart de ces particules ne sont que pour signifier en un seul mot, ce qu'on ne pourroit marquer que par une préposition et un nom : comme sapienter, sagement, pour cum sapientiá, avec sagesse; hodiè, pour in hoc die, aujourd'hui.

Et c'est pourquoi, dans les langues vulgaires, la plupart de ces adverbes s'expriment d'ordinaire plus élégamment par le nom avec la préposition: ainsi on dira plutôt avec sagesse, avec prudence, avec orgueil, avec modération, que sagement, prudemment, orgueilleusement, modérément, quoiqu'en latin, au contraire il soit d'ordinaire plus élégant de se servir des adverbes.

De là vient aussi qu'on prend souvent pour adverbe ce qui est un nom; comme instar en latin, comme primùm, ou primò, partìm, etc. Voyez, Nouv. Méth. Latine; et en françois, dessus, dessous, dedans, qui

sont de vrais noms, comme nous l'avons fait voir au chap. précédent.

Mais parce que ces particules se joignent d'ordinaire au verbe pour en modifier et déterminer l'action, comme generosè pugnavit, il a combattu vaillamment, c'est ce qui a fait qu'on les a appelées AD

VERBES.

CHAPITRE X II I.

Des Verbes, et de ce qui leur est propre et essentiel.

JUSQUES ici, nous avons expliqué les mots qui signifient les objets des pensées : il reste à parler de ceux qui signifient la manière des pensées, qui sont les verbes, les conjonctions, et les interjections.

La connoissance de la nature du verbe dépend de ce que nous avons dit au commencement de ce discours, que le jugement que nous faisons des choses (comme quand je dis, la terre est ronde), enferme nécessairement deux termes, l'un appelé sujet, qui est ce dont on affirme, comme terre; et l'autre appelé attribut, qui est ce qu'on affirme, comme ronde ; et de plus, la liaison entre ces deux termes, qui est proprement l'action de notre esprit qui affirme l'attribut du sujet.

Ainsi les hommes n'ont pas eu moins de besoin d'inventer des mots qui marquassent l'affirmation, qui est la principale manière de notre pensée, que d'en inventer qui marquassent les objets de notre pensée.

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Et c'est proprement ce que c'est que le verbe, un mot dont le principal usage est de signifier l'affirmation, c'est-à-dire, de marquer que le discours où ce mot est employé, est le discours d'un homme qui ne conçoit pas seulement les choses, mais qui en juge et qui les affirme. En quoi le verbe est distingué de quelques noms qui signifient aussi l'affirmation, comme affirmans, affirmatio, parce qu'ils ne la signifient qu'en tant que par une réflexion d'esprit elle est devenue l'objet de notre pensée, et ainsi ne marquent pas que celui qui se sert de ces mots affirme, mais seulement qu'il conçoit une affirmation.

J'ai dit que le principal usage du verbe étoit de signifier l'affirmation, parce que nous ferons voir plus bas que l'on s'en sert encore pour signifier d'autres mouvemens de notre ame, comme desirer, prier, commander, etc. mais ce n'est qu'en changeant d'inflexion et de mode; et ainsi nous ne considérons le verbe dans tout ce chapitre, que selon sa principale signification, qui est celle qu'il a à l'indicatif, nous réservant de parler des autres en un autre endroit,

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