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entendoit l'infinitif du verbe, comme un nom formé par le verbe; voulant, par exemple, que curro soit ou curro cursum, ou curro currere: néanmoins cela ne paroît pas assez solide; car le verbe signifie tout ce que signifie l'infinitif pris comme nom, et de plus, l'affirmation et la désignation de la personne et du temps, comme l'adjectif candidus, blanc, signifie le substantif, tiré de l'adjectif, savoir, candor, la blancheur, et de plus, la connotation d'un sujet dans lequel est cet abstrait. C'est pourquoi il y auroit autant de raison de prétendre que, quand on dit homo candidus, il faut sous-entendre candore, que de s'imaginer que, quand on dit currit, il faut sous-entendre

currere.

CHAPITRE X I X.

Des Verbes Impersonnels.

L'INFINITIF, que nous venons d'expliquer au chapitre précédent, est proprement ce qu'on devroit appeler VERBE IMPERSONNEL, puisqu'il marque l'affirmation, ce qui est propre au verbe, et la marque indéfiniment sans nombre et sans personne, ce qui est proprement être impersonnel.

Néanmoins les Grammairiens donnent ordinairement ce nom d'impersonnel à certains verbes défectueux, qui n'ont presque que la troisième personne.

Ces

Ces verbes sont de deux sortes; les uns ont la forme de verbes neutres, comme poenitet, pudet, piget, licet, lubet, etc. les autres se font des verbes passifs, et en retiennent la forme, comme statur, curritur, amatur, vivitur, etc. Or ces verbes ont quelquefois plus de personnes que les Grammairiens ne pensent, comme on le peut voir dans la Méthode Lat. Remarques sur les verbes, chap. v. Mais ce qu'on peut ici considérer, et à quoi peu de personnes ont peut-être pris garde, c'est qu'il semble qu'on ne les ait appelés impersonnels, que parce que, renfermant dans leur signification un sujet qui ne convient qu'à la troisième personne, il n'a pas été nécessaire d'exprimer ce sujet, parce qu'il est assez marqué par le verbe même, et qu'ainsi on a compris par le sujet, l'affirmation et l'attribut en un seul mot, comme :

Pudet me ; c'est-à-dire, pudor tenet, ou est tenens me. Pœnitet me; pæna habet me. Libet mihi; libido est mihi : où il faut remarquer que le verbe est n'est pas simplement là substantif, mais qu'il y signifie aussi l'existence; car c'est comme s'il y avoit, libido existit mihi, ou est existens mihi : et de même dans les autres impersonnels qu'on résout par est; comme, licet mihi, pour licitum est mihi. Oportet orare, pour opus est orare, etc.

Quant aux impersonnels passifs, statur, curritur, vivitur, etc. on les peut aussi résoudre par le verbe Z

est, ou fit, ou existit, et le nom verbal pris d'euxmêmes; comme:

Statur, c'est-à-dire, statio fit, ou est facta, ou existit.

Curritur, cursus fit; concurritur, concursus fit.

Vivitur, vita est, ou plutôt vita agitur. Si sic vivitur, si vita est talis; si la vie est telle. Miserè vivitur, cùm medicè vivitur : la vie est misérable, lorsqu'elle est trop assujettie aux règles de la Médecine. Et alors est devient substantif, à cause de l'addition de misérè, qui fait l'attribut de la proposition.

Dùm servitur libidini, c'est-à-dire, dùm servitus exhibetur libidini, lorsqu'on se rend esclave de ses passions.

Par-là on peut conclure, ce semble, que notre langue n'a point proprement d'impersonnels; car quand nous disons, il faut, il est permis, il me plaît, cet il est là proprement un relatif qui tient toujours lieu du nominatif du verbe, lequel d'ordinaire vient après dans le régime ; comme si je dis, il me plaît de faire cela, c'est-à-dire, il de faire, pour l'action ou le mouvement de faire cela me plaît, ou est mon plaisir : et partant cet il, que peu de personnes ont compris, ce me semble, n'est qu'une espèce de pronom, pour id, cela, qui tient lieu du nominatif sous-entendu ou renfermé dans le sens, et le représente : de sorte qu'il est proprement pris de l'article il des Italiens, au lieu duquel nous disons le; ou du pronom latin ille, d'où nous prenons aussi

notre pronom de la troisième personne il, il arme, il parle, il court, etc.

Pour les impersonnels passifs, comme amatur, curritur, qu'on exprime en françois par on aime, on court, il est certain que ces façons de parler en notre langue sont encore moins impersonnelles, quoiqu'indéfinies; car M. de Vaugelas a déja remarqué que cet on est là pour homme, et par conséquent il tient lieu du nominatif du verbe. Sur quoi on peut voir la Nouv. Méthode Latine, chap. v. sur les verbes impersonnels.

Et l'on peut encore remarquer que les verbes des effets de la nature, comme, pluit, ningit, grandinat, peuvent être expliqués par ces mêmes principes, en l'une et en l'autre langue : comme pluit est proprement un mot, dans lequel, pour abréger, on a renfermé. le sujet, l'affirmation et l'attribut, au lieu de pluvia fit, ou cadit; et quand nous disons, il pleut, il neige, il grêle, etc. il est là pour le nominatif, c'est-à-dire, pluie, neige, gréle, etc. renfermé avec le verbe substantif est ou fait, comme qui diroit, il pluie est, il neige se fait, pour id quod dicitur pluvia, est; id quod vocatur nix, fit, etc.

Cela se voit mieux dans les façons de parler où nous joignons un verbe avec notre il, comme il fait chaud, il est tard, il est six heures, il est jour, etc. Car c'est ce qu'on pourroit dire en italien, il caldo fà, quoique dans l'usage on dise simplement, fà caldo ;

astus ou calor est, ou fit ou existit; ét partant, il fait chaud, c'est-à-dire, il chaud (il caldo) ou le chaud se fait, pour dire existit, est : de même qu'on dit encore, il se fait tard, si fà tarde, c'est-à-dire, il tarde (le tard ou le soir) se fait; ou, comme on dit en quelques provinces, il s'en va tard, pour il tarde, le tard s'en va venir, c'est-à-dire, la nuit approche : et de même, il est jour, c'est-à-dire, il jour (ou le jour) est. Il est six heures, c'est-à-dire, il temps, six heures, est ; le temps, ou la partie du jour appelée six heures, est; et ainsi des autres.

CHAPITRE X X.

Des Participes.

Les participes sont de vrais noms adjectifs, et ainsi ce ne seroit pas le lieu d'en parler ici, si ce n'étoit à cause de la liaison qu'ils ont avec les verbes.

Cette liaison consiste, comme nous avons dit, en ce qu'ils signifient la même chose que le verbe, hors l'affirmation, qui en est ôtée, et la désignation des trois différentes personnes, qui suit l'affirmation. C'est pourquoi en l'y remettant, on fait la même chose par le participe que par le verbe; comme amatus sum est la même chose qu'amor; et sum amans, qu'amo : et cette façon de parler par le participe, est plus or

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