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Et je pense aussi que lisant l'Ecriture, est pour en lisant l'Ecriture, in rw legere scripturam; de sorte que ce gérondif en ant signifie l'action du verbe, de même que l'infinitif.

Or je crois qu'on doit dire la même chose de l'autre participe aimé; savoir, que quand il régit le cas du verbe, il est gérondif, et incapable de divers genres et de divers nombres, et qu'alors il est actif, et ne diffère du participe, ou plutôt du gérondif en ant, qu'en deux choses; l'une, en ce que le gérondif en ant est du présent, et le gérondif en é, i, u, du passé; l'autre, en ce que le gérondif en ant subsiste tout seul, ou plutôt en sous-entendant la particule en, au lieu que l'autre est toujours accompagné du verbe auxiliaire avoir, ou de celui d'être, qui tient sa placé en quelques rencontres, comme nous le dirons plus bas : J'ai aimé Dieu, etc.

Mais ce dernier participe, outre son usage d'être gérondif actif, en a un autre, qui est d'être participe passif, et alors il a les deux genres et les deux nombres, selon lesquels il s'accorde avec le substantif, et n'a point de régime et c'est selon cet usage qu'il fait tous les temps passifs avec le verbe étre; il est aimé, elle est aimée; ils sont aimés, elles sont aimées.

Ainsi, pour résoudre la difficulté proposée, je dis que dans ces façons de parler, j'ai aimé la chasse, j'ai aimé les livres, j'ai aimé les sciences, la raison pourquoi on ne dit point j'ai aimée la chasse, j'ai

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aimés les livres, c'est qu'alors le mot aimé, ayant

le régime du verbe, est gérondif, et n'a point de genre ni de nombre.

Mais dans ces autres façons de parler, la chasse qu'il a AIMÉE, les ennemis qu'il a VAINCUS, ou, il a défait les ennemis, il les a VAINCUS, les mots aimée, vaincus, ne sont pas considérés alors comme gouvernant quelque chose, mais comme étant régis euxmêmes par le verbe avoir, comme qui diroit, quam habeo amatam, quos habeo victos: et c'est pourquoi étant pris alors pour des participes passifs qui ont des genres et des nombres, il les faut accorder en genre et en nombre avec les noms substantifs, ou les pronoms auxquels ils se rapportent.

Et ce qui confirme cette raison, est que, lors même

que

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le relatif ou le pronom que régit le prétérit du verbe, le précède, si ce prétérit gouverne encore une autre chose après soi, il redevient gérondif et indéclinable. Car au lieu qu'il faut dire: Cette ville que le commerce a enrichie, il faut dire : Cette ville que le commerce a rendu puissante; et non pas rendue puissante; parce qu'alors rendu régit puissante, et ainsi est gérondif. Et quant à l'exception dont nous avons parlé ci-dessus, page 365, la peine que m'a donné cette affaire, etc. il semble qu'elle n'est venue que de ce qu'étant accoutumés à faire le participe gérondif et indéclinable, lorsqu'il régit quelque chose, et qu'il régit ordinairement les noms qui le

suivent,

suivent, on a considéré ici affaire comme si c'étoit l'accusatif de donné, quoiqu'il en soit le nominatif, parce qu'il est à la place que cet accusatif tient ordinairement en notre langue, qui n'aime rien tant que la netteté dans le discours et la disposition naturelle des mots dans ses expressions. Ceci se confirmera encore par ce que nous allons dire de quelques rencontres où le verbe auxiliaire étre prend la place de celui d'avoir.

Deux rencontres où le Verbe auxiliaire être prend la place de celui d'avoir.

LA première est dans tous les verbes actifs, avec le réciproque se, qui marque que l'action a pour sujet ou pour objet, celui même qui agit, se tuer, se voir, se connoître : car alors le prétérit et les autres temps qui en dépendent, se forment non avec le verbe avoir, mais avec le verbe étre; il s'est tué, et non pas il s'a tué : il s'est vu, il s'est connu. Il est difficile de deviner d'où est venu cet usage; car les Allemands ne l'ont point, se servant en cette rencontre du verbe avoir, comme à l'ordinaire, quoique ce soit d'eux, apparemment, que soit venu l'usage des verbes auxiliaires pour le prétérit actif. On peut dire néanmoins que, l'action et la passion se trouvant alors dans le même sujet, on a voulu se servir du verbe étre, qui marque plus la passion, que du verbe avoir, qui

A a

n'eût marqué que l'action; et que c'est comme si on disoit Il est tué par soi-même.

Mais il faut remarquer que, quand le participe, comme tué, vu, connu, ne se rapporte qu'au réciproque se, encore même qu'étant redoublé, il le précède et le suive, comme quand on dit Caton s'est tué soi même; alors ce participe s'accorde en genre et en nombre avec les personnes ou les choses dont on parle : Caton s'est tué soi-même, Lucrèce s'est tuée soi-même, les Saguntins se sont tués eux-mêmes.

Mais si ce participe régit quelque chose de différent du réciproque, comme quand je dis, Edipe s'est crevé· les yeux; alors le participe ayant ce régime, devient gérondif actif, et n'a plus de genre, ni de nombre; de sorte qu'il faut dire :

Cette femme s'est crevé les yeux.
Elle s'est fait peindre.

Elle s'est rendu la maitresse.
Elle s'est rendu catholique.

Je sais bien que ces deux derniers exemples sont contestés par M. de Vaugelas, ou plutôt par Malherbe, dont il avoue néanmoins que le sentiment en cela n'est pas reçu de tout le monde. Mais la raison qu'ils en rendent, me fait juger qu'ils se trompent, et donne lieu de résoudre d'autres facons de parler où il y a plus de difficulté.

Ils prétendent donc qu'il faut distinguer quand les participes sont actifs, et quand ils sont passifs; ce qui

est vrai et ils disent que, quand ils sont passifs, ils sont déclinables, et que, quand ils sont actifs, ils sont indéclinables; ce qui est encore vrai. Mais je ne vois pas que dans ces exemples, elle s'est rendu ou rendue la maîtresse, nous nous sommes rendu ou rendus maîtres, on puisse dire que ce participe rendu est passif, étant visible au contraire qu'il est actif, et que ce qui semble les avoir trompés est qu'il est vrai que ces participes sont passifs, quand ils sont joints avec le verbe étre ; comme quand on dit, il a été rendu maître mais ce n'est que quand le verbe étre est mis pour lui-même, et non pas quand il est mis pour celui d'avoir, comme nous avons montré qu'il se mettoit avec le pronom réciproque se.

Ainsi l'observation de Malherbe ne peut avoir lieu que dans d'autres façons de parler, où la signification du participe, quoiqu'avec le pronom réciproque se, semble tout-à-fait passive; comme quand on dit, elle s'est trouvé ou trouvée morte; et alors il semble que la raison voudroit que le participe fût déclinable, sans s'amuser à cette autre observation de Malherbe, qui est de regarder si ce participe est suivi d'un nom ou d'un autre participe: car Malherbe veut qu'il soit indéclinable quand il est suivi d'un autre participe, et qu'ainsi il faille dire, elle s'est trouvé morte; et déclinable quand il est suivi d'un nom, à quoi je ne vois guère de fondement.

Mais ce que l'on pourroit remarquer, c'est qu'il

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