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tout quand il est au pluriel: on dit les dehors heureux, les dehors trompeurs. Jamais le dedans ne peut être adopté dans cette acception.

La seule circonstance dans laquelle le dedans puisse être noble, est celle où, sous un rapport local et politique, il fait contraste avec le dehors. Exemple : La guerre du dehors, les troubles du dedans. Crébillon a dit en parlant du sénat romain:

Redoutable au dehors, méprisable au dedans.

On ne sauroit dire élégamment le dedans d'une maison, le dedans d'une ville, il faudroit dire: l'intérieur.

CHAPITRE X I I.

Ox ne doit pas dire la plupart de ces particules : les adverbes ne sont point des particules, quoiqu'il y ait des particules qui sont des adverbes; et la plupart ne dit pas assez. Tout mot qui peut être rendu par une préposition et est un adverbe, et tout adverbe peut s'y rappeler. Constamment, avec constance. On y va, on va dans ce lieu-là.

un nom,

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leur na

Particule est un terme vague assez abusivement employé dans les Grammaires. C'est, dit-on, ce qu'il y a de plus difficile dans les langues. Oui, sans doute, pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent définir les mots par ture, et se contentent de renfermer sous une même dénomination, des choses de nature fort différente. Particule ne signifiant que petite partie, un monosyllabe, il n'y a pas une partie d'oraison à laquelle on ne pût quelquefois l'appliquer. MM. de P. R. étoient plus que personne en

état de faire toutes les distinctions possibles, mais en quelques occasions ils se sont prêtés à la foiblesse des Grammairiens de leur temps; et il y en a encore du nôtre, qui ont besoin de pareils ménagemens.

La méthode que propose M. Duclos pour distinguer les adverbes des particules, peut être employée avec succès. On arrive au même but en prenant pour règle de ne considérer comme adverbes que les mots de cette espèce, qui forment un sens complet.

Quelquefois, en françois, on emploie l'adjectif comme adverbe. Ainsi l'on dit : Parler haut, chanter juste, frapper fort; au lieu de dire: Parler hautement, chanter avec justesse, frapper fortement.

Quelquefois aussi le même mot est en même temps adverbe et adjectif. Exemple : Je suis allé vîte, j'ai un cheval vite. Dans la première phrase, vite est adverbe, dans la seconde, adjectif. On doit remarquer que ce mot s'emploie rarement comme adjectif. Il ne pourroit trouver sa place dans le style noble.

On a déja dû remarquer plusieurs fois le ton tranchant que prend M. Duelos. MM. du Port-Royal, en fixant des règles invariables, en posant des principes lumineux, paroissent ne hasarder que des doutes timides. L'académicien, au contraire, prend un ton impératif; il emploie fréquemment le sarcasme; et il affiche le plus profond mépris pour ceux qui ne partagent pas ses opinions. Cette manière impolie, qui détruit tout le charme d'une discussion paisible, a été souvent mise en usage par les philosophes du dixhuitième siècle. Ils ne persuadoient pas, ils commandoient. Ce charlatanisme est heureusement passé de mode, et l'on a reconnu que la défiance de soi-même est le principal caractère de la justesse et de l'étendue d'un bon esprit.

CHAPITRE XV I.

PUISQU'ON n'a multiplié les temps et les modes des verbes que pour mettre plus de précision dans le discours, je me permettrai une observation qui ne se trouve dans aucune Grammaire sur la distinction qu'on devroit faire, et que peu d'écrivains font du temps continu et du temps passager, lorsqu'une action est dépendante d'une autre. Il y a des occasions où le temps présent seroit préférable à l'imparfait qu'on emploie communément. Je vais me faire entendre par des exemples. On m'a dit que le roi étoit parti pour Fontainebleau. La phrase est exacte, attendu que partir est une action passagère. Mais je crois qu'en parlant d'une vérité, on ne s'exprimeroit pas avec assez de justesse en disant : J'ai fait voir que Dieu étoit bon : que les trois angles d'un triangle étoient égaux à deux droits : il faudroit que Dieu est, etc. que les trois angles sont, etc. parce que ces propositions sont des vérités constantes, et indépendantes des temps.

On emploie encore le plusqueparfait, quoique l'imparfait convint quelquefois mieux après la conjonction Si. Exemples: Je vous aurois salué, si je vous avois vu. La phrase est exacte, parce qu'il s'agit d'une action passagère; mais celui qui auroit la vue assez basse, pour ne pas reconnoître les passans, diroit naturellement, si je voyois, et non pas, si j'avois vu, attendu que son état habituel est de ne pas voir. Ainsi on ne devroit pas dire: Il n'auroit pas

souffert cet affront, s'il avoit été sensible; il faut, s'il étoit, attendu que la sensibilité est une qualité perma

nente.

Le mot radical des verbes des langues orientales, est la troisième personne du parfait. Ainsi, au lieu de se servir de l'infinitif, pour exprimer le nom d'un verbe, on dit : Il a parlé, il a écrit, il a marché, il a vu,

مشاف و مشی و کتب و کام

MM. du Port-Royal pensent que cette règle est préférable à celle des langues de l'Europe, parce qu'elle a l'avantage d'exprimer tout de suite l'affirmation.

L'observation de M. Duclos sur l'imparfait et le plusqueparfait employés indifféremment dans les exemples qu'il cite, est juste quoique l'usage s'oppose quelquefois à son application.

Ordinairement, dans une phrase, lorsque l'imparfait est précédé de la particule si, le verbe qui suit est toujours à l'imparfait du subjonctif. Exemple: Si je jouois gros jeu, je ferois une folie.

D'après le génie de notre langue, on emploie quelquefois, dans la même circonstance, l'imparfait de l'indicatif, en le faisant suivre par le présent de l'indicatif. Cette tournure exprime le respect que l'on a pour la personne à laquelle on s'adresse.

Exemple; dans Bajazet, l'esclave Zatime veut calmer la fureur de Roxane :

Si, sans trop vous déplaire,

Dans les justes transports, madame, où je vous vois,
J'osois vous faire entendre une timide voix ;

Bajazet, il est vrai, trop indigne de vivre,

Aux mains de ces cruels, mérite qu'on le livre.

EUX

CHAPITRE X VI I.

Ceux qui ont fait des Grammaires latines, se sont formé gratuitement bien des difficultés sur le que retranché ; il suffisoit de faire la distinction des idiotismes, la différence d'un latinisme à un gallicisme.

Les Latins ne connoissoient point la règle du que retranché; mais, comme ils employoient un nominatif pour suppôt des modes finis, ils se servoient de l'accusatif pour suppôt du mode indéfini : lorsqu'ils y mettoient un nominatif, c'étoit à l'imitation des Grecs, qui usoient indifféremment des deux cas.

Outre la propriété qu'a l'infinitif de joindre une proposition à une autre, il faut observer que le sens exprimé par un accusatif et un infinitif, peut être le sujet ou le terme de l'action d'une proposition principale. Dans cette phrase, magna ars non apparere artem, l'infinitif et l'accusatif sont le sujet de la proposition.

Empêcher l'art de paroître, est un grand art.

Dans cette autre phrase, le terme de l'action d'un verbe actif est exprimé par le sens total d'un accusatif et d'un infinitif. Credo tuos ad te scripsisse. Littéralement, je crois vos amis vous avoir écrit ; et dans le tour françois, je crois que vos amis vous ont écrit.

L'infinitif, au lieu du que, n'est pas rare en françois, et il est quelquefois plus élégant. On dit plutôt, il prétend réussir dans son entreprise, que, il prétend qu'il réus

sira.

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