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Il est certain que ce Qui commence plutôt une v nouvelle période, qu'il ne joint celle-ci à la précédente; d'où vient même qu'il est précédé d'un point et c'est pourquoi, en traduisant cela en françois, on ne mettroit jamais, laquelle coutume, mais cette coutume, commençant ainsi la seconde période : Et par qui CETTE COUTUME doit-elle étre plutôt observée, que par un consul? etc.

Cicéron est plein de semblables exemples, comme, Orat. V. in Verrem. Itaque alii cives, Romani, ne cognoscerentur, capitibus obvolutis à carcere ad palum, atque ad necem rapiebantur: alii, cùm à multis civibus Romanis recognoscerentur, ab omnibus defenderentur, se- . curi feriebantur. QUORUM ego de acerbissimá morte, crudelissimoque cruciatu dicam, cùm eum locum tractare cœpero. Ce quorum, se traduiroit en françois, comme s'il y avoit, de illorum:

morte.

L'autre rencontre où le relatif ne retient presque > que son usage de pronom, c'est dans l'or des Grecs, dont la nature n'avoit encore été assez exac- tement observée de personne que je sache, avant \ la Méthode Grecque. Car quoique cette particule ait souvent beaucoup de rapport avec le quòd latin,、 et qu'elle soit prise du pronom relatif de cette langue, comme le quòd est pris du relatif latin; il y a souvent néanmoins cette différence notable entre

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la nature du quòd et de l'or, qu'au lieu que cette particule latine n'est que le relatif dépouillé de son usage de pronom, et ne retenant que celui de liaison, la particule grecque au contraire est le plus souvent dépouillée de son usage de liaison, et ne retient que celui de pronom. Sur quoi l'on peut voir la Nouv. Méth. Latine, Remarques sur les adverbes, n. 4, et la Nouv. Méth. Grecque, liv. 8, chap. 11. Ainsi, par exemple, lorsque dans l'Apocalypse, chap. 3, Jésus-Christ faisant reproche à un évêque qui avoit quelque satisfaction de luimême, lui dit : λegeìs ôti #axoròs eius; dicis quòd dives sum ; ce n'est pas à dire, quòd ego qui ad te loquor dives sum; mais dicis hoc, vous dites cela, savoir, dives sum, je suis riche: de sorte qu'alors il y a deux oraisons ou propositions séparées, sans que la seconde fasse partie de la première; tellement que l'or n'y fait nullement office de relatif ni de liaison. Ce qui semble avoir été pris de la coutume des Hébreux, comme nous dirons ciaprès, chap. 17, et ce qui est très-nécessaire à remarquer pour résoudre quantité de proposititions difficiles dans la langue grecque.

CHAPITRE X.

Examen d'une règle de la Langue françoise, qui est qu'on ne doit pas mettre le relatif après un nom sans article,

E

Ce qui m'a porté à entreprendre d'examiner cette règle, est qu'elle me donne sujet de parler en passant de beaucoup de choses assez importantes pour bien raisonner sur les langues, qui m'obligeroient d'être trop long, si je les voulois traiter en particulier.

M. de Vaugelas est le premier qui a publié cette règle, entre plusieurs autres très-judicieuses, dont ses remarques sont remplies: Qu'après un nom sans article on ne doit point mettre de qui. Ainsi l'on dit bien: Il a été traité avec violence; mais si je veux marquer que cette violence a été tout-àfait inhumaine, je ne le puis faire qu'en y ajoutant un article: Il a été traité avec une violence qui a été tout-à-fait inhumaine.

Cela paroît d'abord fort raisonnable; mais comme il se rencontre plusieurs façons de parler en notre langue, qui ne semblent pas conformes à cette règle; comme entr'autres celle-ci : Il agit en politique qui sait gouverner. Il est coupable de crimes qui méritent châtiment. Il n'y a homme qui sache cela. Seigneur, qui voyez ma misère, as

sistez-moi. Une sorte de bois qui est fort dur: j'ai pensé si on ne pourroit point la concevoir en des termes qui la rendissent plus générale, et qui fissent voir que ces façons de parler et autres semblables qui y paroissent contraires, n'y sont pas contraires en effet. Voici donc comme je l'ai conçue.

Dans l'usage présent de notre langue, on ne doit point mettre de qui après un nom commun, s'il n'est déterminé par un article, ou par quelque autre chose qui ne le détermine pas moins que feroit un article.

Pour bien entendre ceci, il faut se souvenir qu'on peut distinguer deux choses dans le nom commun, la signification, qui est fixe (car c'est par accident si elle varie quelquefois, par équivoque ou par métaphore ), et l'étendue de cette significa tion, qui est sujette à varier selon que le nom se prend, ou pour toute l'espèce, ou pour une partie certaine ou incertaine.

Ce n'est qu'au regard de cette étendue que nous disons qu'un nom commun est indéterminé, lors'qu'il n'y a rien qui marque s'il doit être pris généralement ou particulièrement; et étant pris particulièrement, si c'est pour un particulier certain ou incertain. Et au contraire, nous disons qu'un nom est déterminé, quand il y a quelque chose qui en marque la détermination. Ce qui fait voir que par déterminé nous n'entendons pas restreint, puisque,

: selon ce que nous venons de dire, un nom commun doit passer pour déterminé, lorsqu'il y a quelque

chose qui marque qu'il doit être pris dans toute son étendue; comme dans cette proposition : Tout homme est raisonnable.

C'est sur cela que cette règle est fondée; car on : peut bien se servir du nom commun, en ne regardant que sa signification; comme dans l'exemple que j'ai proposé: Il a été traité avec violence; et alors il n'est pas besoin que je le détermine; mais si on en veut dire quelque chose de particulier, ce que l'on fait en ajoutant un qui, il est bien raisonnable que dans les langues qui ont des articles pour déterminer l'étendue des noms.communs, on s'en serve alors, afin qu'on connoisse mieux à quoi doit se rapporter ce qui, si c'est à tout ce que peut signifier le nom commun, ou seulement à une partie certaine ou incertaine.

Mais aussi l'on voit par-là que, comme l'article n'est nécessaire dans ces rencontres que pour déterminer le nom commun, s'il est déterminé d'ailleurs, on y pourra ajouter un qui, de même que s'il y avoit un article. Et c'est ce qui fait voir la nécessité d'exprimer cette règle comme nous avons fait, pour la rendre générale; et ce qui montre aussi que presque toutes les façons de parler qui y semblent contraires, y sont conformes, parce que le nom qui est sans article est déterminé par quelque

autre

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