LES CHASSES DU GLOBE PREMIÈRE PARTIE LES MAMMIFÈRES PAR LE COMMANDANT P. GARNIER Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, ancien Membre du Conseil général de la Côte-d'Or, etc. JULES MARTIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR SUCCESSEUR D'AUGUSTE AUBRY 18, rue Séguier-Saint-André-des-Arts PRÉFACE Parmi les joies du paradis, joies éternelles promises par Mahomet à ses élus, le plaisir de la chasse, à notre avis, doit figurer au premier rang. Dans ce séjour des bienheureux, point d'entrave, pas de clôture préfectorale ou ministérielle; la loi de 1844 est lettre morte, et le gibier est à foison. Beau rêve, ma foi ! qui donne le vif désir de se faire musulman, nonobstant les cuisantes épreuves réservées au néophyte. Quoi de plus pénible, en effet, pour le vrai chasseur, que la dure nécessité où il se trouve chaque année, après quelques instants de plaisirs ineffables, de pendre mélancoliquement son fusil au ratelier et de confiner au chenil, pour de longs mois, ses fidèles et courageux compagnons. Et cependant, il ne tient qu'à vous, chers collègues en Saint-Hubert, d'éviter cette torture et de poursuivre sans interruption vos exploits cynégétiques. Nous nous adressons aux chasseurs qui ont pour eux l'entrain de la jeunesse, la vigueur du corps et le feu sacré; à ceux que les liens et les devoirs de la famille ne retiennent pas au foyer domestique; à ceux enfin qui, favorisés par la fortune et l'escarcelle bien garnie, peuvent sans souci de l'avenir se livrer aux nobles déduits de la chasse, et nous leur disons : Ce pays de Cocagne, objet de tous vos rêves, est à votre porte ; quelques heures suffisent pour s'y rendre. Là, vous rencontrerez, sans chômage aucun, du gibier nombreux et varié, depuis la caille grasse et dodue jusqu'à l'autruche aux jarrets d'acier, depuis le modeste lapin jusqu'au roi des animaux, le seigneur à la grosse tête, comme disent les Arabes. Ayant habité l'Afrique du Nord quatorze années, de 1849 à 1863, nous pouvons en parler en connaissance de cause. C'est un admirable pays de chasse. qui offre, en toute liberté, des ressources cynégétiques incalculables. Pourquoi n'en point profiter? C'est à peine si deux ou trois veneurs français ont eu le courage d'aller passer une saison dans cette région bénie. Quelle est donc la cause de cette singulière abstention et de cette indifférence inexplicable? |