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FERNAND COLOMB

I.

Ous savons par les déclarations de son exécuteur testamentaire Marcos Felipe, qui invoque des souvenirs personnels et dignes de foi, que Fernand Colomb est

né à Cordoue le 15 août 14881. Sa mère se nommait Béatrice Enriquez.

Le seul document de l'époque où il soit parlé

1. « Porque por memorias suyas fidedignas paresze que nació en Cordova á quinze dias del mes de Agosto, dia de la Asuncion de nuestra Señora, año de mill é quatrocientos é ochenta é ocho. » Declaraciones del Albacea, dans Don Fernando Colon, historiador de su padre, Ensayo critico, Séville, 1871, in-4o, première édition du présent ouvrage, et que nous citerons sous le titre de Ensayo.

L'épitaphe porte que lorsque Fernand mourut le 12 juillet 1539, il était âgé de « 50 años 9 meses y 14 dias, » ce qui nous donnerait pour date de sa naissance le 28 septembre 1488. Ortiz de Zuñiga dit que Fernand est né «< a veinte y nueue de Agosto como parece de papeles originales suyos que tiene nuestra Santa Iglesia. » (Anales eclesiasticos, page 496.) Les seuls documents que Zuñiga ait pu consulter dans les archives de la

d'elle est le testament de Christophe Colomb. « Je recommande, dit-il, à mon fils Diégo, Béatrice Enriquez, mère de mon fils Fernand; je veux qu'il la mette à même de vivre d'une manière honorable, comme étant une personne à qui j'ai de grandes obligations. Ce que j'en fais, c'est pour alléger ma conscience, car ceci pèse lourdement sur mon âme. Il n'est pas permis d'en donner ici la raison'. »

Ce langage si solennel, le manque absolu de documents affirmatifs, et le silence des registres des paroisses de Cordoue, autorisent l'opinion adoptée d'ailleurs par la tradition et par tous les historiens sérieux de l'Amiral, qu'il ne fut jamais l'époux de Béatrice Enriquez, et que Fernand était fils illégitime.

Une autre circonstance, restée inaperçue jusqu'à présent, semble venir en aide aux critiques qui ne voient en lui qu'un enfant naturel.

Diégo Colomb, fils aîné de l'Amiral (mais par

cathédrale de Séville, sont le testament de Fernand et les déclarations précitées. Sauf les autos, qui ne font aucune allusion à sa naissance, il n'y a pas d'autres pièces où il soit question de lui. Les dates que donne Zuñiga sont donc inexactes. L'Amiral lui-même se trompe lorsque dans sa lettre du 7 juillet 1503, il exprime son chagrin de « verle [su hijo] de tan nueva edad de trece años en tanta fatiga y durar en ello tanto »> (Navarrete, Coleccion de viages, vol. I, page 298). Fernand avait alors quinze ans.

I. « Digo é mando á D. Diego mi hijo... que haya encomendada á Beatriz Enriquez, madre de D. Fernando mi hijo, que la provea que pueda vivir honestamente, como persona á quien yo soy en tanto cargo. Y esto se haga por mi descargo de la conciencia, porque esto pesa mucho para mi ánima. La razon dello non es licito de la escribir aquí. » Loc. cit., vol. II, pag. 315.

sa femme légitime Félipa Mogniz Perestrello), répétant dans son testament certaine clause de celui de son père, dit qu'en effet il avait fidèlement payé à Béatrice Enriquez 10,000 maravédis par an, pendant un temps, mais que, croyant avoir négligé de lui servir cette pension dans les trois ou quatre années qui précédèrent sa mort, il ordonne que les arrérages

soient remboursés à ses héritiers1.

Si Béatrice avait été femme légitime, veuve, elle ne pouvait avoir qu'un héritier, son fils unique, Fernand, que Diego Colomb n'aurait pas manqué de désigner par son nom. Comment se fait-il qu'elle

I a Por quanto el Almirante mi Señor me dejó encomendada á Beatriz Enriquez, vecina que fué de Córdova, por ciertos cargos en que la era, y mandó que la diese en cada un año diez mil maravedis, lo qual yo he cumplido. Y porque creo que se le ha faltado de pagar algun año de los que vivió, mando que se averigue lo que pareciere aversele dejado de pagar en su vida, é aquello se le pague á sus herederos, porque creo que se le dejaron de pagar los dichos diez mil maravedis tres o quatro años antes que muriese, é no me acuerdo bien dello. » Testament de Diego Colomb, déposé à Saint-Domingue le 8 septembre 1523, Ms.

Avant son départ pour le Nouveau-Monde en 1509, Diego avait fait un premier testament. Nous y lisons la clause suivante :

« Mando que á Beatriz Enriquez sean dados diez mil maravedis en todo un año allende de los diez mil que le mandó dar el Almirante mi padre, de manera que son por todos veinte mil maravedis en cada un año mientras que viviere. Y si desde el año de quinientos y siete hasta ahora no le han sido dados, mando que se le cumplan y todo lo que faltare. >> Testament de don Diégo, déposé à la Chartreuse de Séville le 16 mars 1509, Ms. Ces deux pièces se trouvent dans les archives de notre ami, M. le duc de Véraguas, représentant actuel de la famille des Colomb, qui, avec son obligeance habituelle, les a mises à notre disposition.

Les termes de ce premier testament : «Y si desde el año de 1507 hasta ahora no le han sido dados, » indiquent que peut-être Diego a

ait eu plusieurs héritiers? C'est que d'après la loi espagnole l'enfant naturel n'ayant aucun droit sur les biens de sa mère, l'héritage revenait aux frères, sœurs ou neveux de Béatrice, dont le langage de Diégo implique l'existence 1.

Quoi qu'il en soit, l'Amiral eut toujours pour lui l'affection la plus vive, et ne cessa jamais de le traiter comme un fils légitime 2.

Lors du premier voyage de découverte de Colomb, du 3 août 1492 au 4 mars 1493 (et probablement jusqu'en 1498), Fernand était, nous dit son père, à l'école dans la ville de Cordoue ".

négligé de payer la pension de Béatrice de 1507 à 1509; mais la phrase : « lo qual yo he cumplido, » que nous lisons dans le testament de 1523, prouve que, par les ordres de Diego, ces premiers arrérages furent ensuite soldés. Le paragraphe où il est dit que : « Se le dejaron de pagar los dichos diez mil maravedis tres o quatro años antes que muriese » se rapporte nécessairement à des arrérages subséquents. Si nous rapprochons ces << trois ou quatre années» du 15 mars 1509, date du premier testament, nous voyons que Béatrice Enriquez a dû vivre au moins jusqu'en 1513.

1. Rodrigo de Arana, gentilhomme de Cordoue, et Pedro de Arana, qui commandait un des navires de la troisième expédition de Colomb, étaient, paraît-il, frères utérins de Béatrice Enriquez. C'est là, du moins, ce qu'affirme M. Roselly de Lorgues (Christophe Colomb, vol. I, pag. 47), mais sans citer ses autorités. Ce seraient alors les Arana qui auraient touché cette somme.

2. En cas que Diego vint à mourir sans postérité, Fernand devait lui succéder dans ses honneurs et dignités. « Primeramente que haya de suceder á D. Diego mi hijo, y si del dispusiere nuestro Señor antes que el hobiese hijos, que ende suceda D. Fernando, mi hijo. » Institucion del Mayorazgo. Navarrete, vol. II, pag. 227.

3. « Dice mas, que tambien le daban gran pena dos hijos que tenia en

Le 18 février de l'année 1498, il fut nommé page de la reine Isabelle.

Quatre ans après, Colomb l'emmena au lieu et place de Diego' dans sa quatrième et dernière expédition au Nouveau-Monde. Fernand mérita cette préférence par le calme et la résolution dont il fit

Cordoba al estudio, que los dejaba huerfanos de padre y madre en tierra estraña. » Derrotero, Navarrete, vol. I, pag. 152.

Herrera dit (Decad. I, lib. II, cap. 6) que lorsque Colomb partit en 1492, il laissa auprès du prince royal ses deux fils, Diégo et Fernand, en qualité de pages. Cet historien suit ici évidemment Oviedo, qui relate que : « Hizo Colon que los Reyes Católicos hubiesen por bien que sus hijos el Principe Don Juan los recibiese por pajes suyos, los quales eran D. Diego Colon, hijo legitimo y mayor del Almirante, y otro su hijo Don Fernando Colon que hoy vive... Y asi el Principe Don Juan trato bien a estos sus hijos, y eran del favorecidos y anduvieron en su casa hasta que Dios lo llevo á su gloria en la ciudad de Salamanca en el año de 1497. » Historia General, lib. III, cap. VI, f. 30, de l'édition de 1547.

L'autorité d'Oviedo est considérable, car il était lui-même page du prince; mais comment concilier son assertion que Diego et Fernand, depuis le départ de Colomb en 1492 jusqu'en 1497, restèrent dans la maison de don Juan, et celle de l'Amiral qui dit lui-même en 1493 que ses fils étaient à l'école à Cordoue?

On n'a que la nomination de Diego, laquelle est datée du 8 mai 1492 (Navar., vol. II, pag. 17). Copiée dans des registres qui sont encore intacts, il est singulier que celle de Fernand ne s'y trouve pas, à côté, comme pour la nomination des deux frères aux fonctions de pages de la reine, nomination faite en deux ordonnances qui se suivent dans les mêmes registres à un jour de distance (loc. cit., p. 220). Il ne faut pas non plus oublier que Fernand en août 1492 était à peine âgé de quatre ans, tandis que le prince en avait quatorze.

I. « A lo que nos suplicais que hayamos por bien que leveis con vós este viaje á D. Fernando vuestro hijo. » Lettre des Rois Catholiques, dans Navarrete, vol. I, page 277.

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