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du consulat, ou des affaires commerciales, présidé par un député consul (1), et dont les décisions étaient portées par devant le gouverneur comme juez de arribadas, ou juge d'appel (2). Les fonctionnaires d'ordre judiciaire étaient trois escribanos de gobierno, ou greffiers (3); un taxador y contador judicial (4), ou caissier-taxateur des frais de justice; un alguazil-mayor (5), ou huissier en chef, et un regidor y depositario general (6), ou dépositaire-administrateur des fonds appartenant aux mineurs. La profession légale était exercée par un avocat d'audience royale (7), trois notaires pour les Indes (8), cinq escribanos públicos (9) ou notaires publics, et deux procuradores del número (10), procureurs-avoués nonsurnuméraires. Parmi ces légistes deux étaient rétribués par l'administration, l'un comme defensor de los ausentos (11), ou défenseur des absents, et l'autre comme procurador de los pobres (12), ou procureur des pauvres. Deux des regidores du cabildo exerçaient aussi les

(1) Toutes ces cours de justice subsistèrent longtemps encore après la prise de l'île par les Anglais.

(2) Meany, Abstract of the minutes of Cabildo, 1733-1813, ms., p. 151.

(3) Id., ibid., pp. 93 et 121.
(4) Id., ibid., pp. 112 et 122.
(5) Id., ibid., pp. 90 et 93.
(6) Id., ibid., pp. 99 et 106.
(7) Id., ibid., p. 120.

(8) Id., ibid., pp. 118 et 121.

(9) Id., ibid., pp. 95, 98, 114, 121 et 164.

(10) Id., ibid., pp. 151 et 167.

(11) Id., ibid., p. 120.

(12) Id., ibid., pp. 142 et 168,

fonctions de padres de los minores y huérfanos (1), ou pères des mineurs et orphelins. Cette protection accordée à l'absence et à la faiblesse fait honneur au gouvernement paternel des Espagnols.

Un dernier tribunal que nous avons vu s'établir dės les premiers temps de la conquête, le tribunal ecclésiastique, complétait l'organisation judiciaire de la colonie. D'abord institué dans le Nouveau-Monde pour maintenir la discipline ecclésiastique et réprimer l'hérésie, ce tribunal avait insensiblement empiété sur les tribunaux ordinaires, et non seulement les affaires civiles et même criminelles du clergé et des corps religieux étaient tombées sous sa compétence, mais encore celles des laïques dans leurs relations avec le clergé et les corps religieux. Pour le ramener dans les limites de sa juridiction, une cédule royale du 22 mars 1789 lui avait enlevé, pour l'attribuer aux justicias reales, ou tribunaux royaux, la connaissance des demandes formées contre les laïques en recouvrement de capellanias y obras pias, ou bénéfices et œuvres pies (2). A la Trinidad, il était présidé par la plus haute autorité ecclésiastique de l'ile, le vicaire général, qui tenait ses pouvoirs de l'évêque de la Guyane depuis que cette province, érigée en évêché en 1790, sous le pontificat de Pie VI, comprenait cette île dans sa juridiction spirituelle (3). Le siège de cet évêché était

(1) Meany, Abstract of the minutes of Cabildo, 1733-1813, ms., pp. 142, 158 et 168.

(2) Id., ibid., p. 140.

(3) Blanco, Documentos para la historia del Libertador, t. I. no 176, p. 225.

à la nouvelle ville de Santo-Tomé, bâtie sur l'Orénoque en 1762, à l'angostura, ou étrécissement du fleuve; cette ville est celle qui existe aujourd'hui sous le nom de Ciudad-Bolivar, ou Bolivarville.

Les centres de population étaient, indépendamment des quatre missions indiennes d'Arima, Toco, Siparia et Savana-Grande (1), les deux bourgades de San-Juan d'Aricagua et de San-Fernando de Naparima, et les deux villes de San-José de Oruña et du Port-d'Espagne. Les missions, comme par le passé, continuaient à péricliter sous la double férule de leur corrégidor et de leur curé. Les deux bourgades n'avaient encore pris qu'un médiocre développement; elles ne comptaient qu'un petit nombre de maisonnettes autour de leur place carrée. L'ancienne capitale, au contraire, avait beaucoup gagné en importance, malgré le rapide accroissement de la nouvelle. Reliée à celle-ci par un grand chemin carrossable, et devenue ville de garnison, elle participait de ses progrès et vivait de sa vie. La ville. morte d'il y a vingt-cinq ans était devenue vivante et animée. Sa population, de cinq à six cents âmes, la garnison non comprise, était toute composée de familles espagnoles, les unes datant de la conquête de Don Antonio de Berrío y Oruña, et les autres, en plus grand nombre, attirées dans l'ile du continent voisin par la prospérité dont elle jouissait. La justice y était administrée par un teniente justicia mayor, ou sous

(1) Meany, Abstract of the minutes of Cabildo, 1733-1813, ms., pp. 97, 111 et 113.

grand-juge (1). La nouvelle capitale surtout avait pris un développement véritablement merveilleux pour l'époque; cet ancien village de pêcheurs, que nous avons vu encore si réduit à l'arrivée de notre colonisateur, était devenu, en peu d'années, une jolie petite ville de quatre à cinq mille âmes. Elle était bornée à l'est par la Rivière-Sèche, au sud par la mer, et à l'ouest et au nord par les terrains marécageux de l'ancien cours de la rivière de Tragarete, ou Sainte-Anne; elle avait la forme d'un triangle, et comptait de cinq à six cents maisons généralement construites en bois et en tapia ou torchis, et couvertes en aissantes (2).

Les rues du Port-d'Espagne étaient aussi larges que nous les voyons aujourd'hui; elles étaient sans trottoirs, égouttées par un ruisseau qui en occupait le milieu à la manière ancienne, et pavées du calcaire de Laventille. Celles qui existaient alors et aboutissaient au rivage étaient, à partir de l'est 1° la rue dite des Trois-Chandelles, parce qu'elle était éclairée par trois réverbères, aujourd'hui rue « Duncan; » 2o la rue de l'Église, parce qu'elle aboutissait à l'embarcadère de la Puntilla en longeant la place de l'Église, aujourd'hui rue « Nelson; » 3o la rue de la Place, de l'espagnol plaza de mercado ou marché, aujourd'hui rue «George; › 4o la rue de Sainte-Anne, conduisant au chemin de la vallée de ce nom, aujourd'hui rue « Charlotte; 5o la rue d'Herrera, du nom du chef de police qui y avait sa

(1) Meany, Abstract of the minutes of Cabildo, 1733-1813, ms., pp. 92 et 113.

(2) Tradition.

maison, aussi appelée Calle-Nueva ou rue Neuve, aujourd'hui rue « Henry; » 6o la rue des Anglais, ainsi nommée en souvenir de l'échauffourée du capitaine Vaughan, aujourd'hui rue Frederick; » et 7o la rue de Chacon, du nom de notre dernier gouverneur espagnol, rue encore à peine ébauchée sur les terrains marécageux de l'embouchure de la rivière de SainteAnne. Les travesias ou rues de traverse étaient au nombre de trois. La première, aujourd'hui rue « Queen; > la seconde, aujourd'hui rue « Upper-Prince; » et la troisième, aujourd'hui rue « Duke », aboutissant toutes à l'ancien lit de la rivière de Sainte-Anne; au delà de ce lit, qui passait derrière la chapelle du Rosaire et l'église anglicane actuelles pour se rendre à la mer à la hauteur de la rue Chacon sur la promenade actuelle dite Marine-Square,» était la campagne (1).

L'église, bâtie non loin de la Puntilla, derrière la cathédrale catholique actuelle, occupait l'extrémité orientale du terrain longeant le bord de mer et réservé comme champ de manoeuvres; comme cette cathédrale, elle était dédiée à la Vierge sous le vocable de l'Immaculée-Conception. Sa construction n'avait rien de remarquable: c'était un long parallélogramme sans bas côtés, construit en bois et couvert en aissantes. A l'extrémité occidentale du terrain longeant le bord de mer, aujourd'hui « South Quay » ou quai du Sud, était le cimetière (2). Le marché aux provisions était un terrain vacant qui se voit encore aujourd'hui vis-à-vis le marché actuel ;

(1) Tradition.

Il nous a été impossible de nous procurer un plan de la ville à cette époque.

(2) Id.

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