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quatorze canons, capitaine Wilson; la Vengeance, de soixante-quatorze canons, capitaine Russell; l'Invincible, de soixante-quatorze canons, capitaine Cayley; l'Alfred, de soixante-quatorze canons, capitaine Totty; le Scipio, de soixante-huit canons, capitaine Davers; et le Dictator, aussi de soixante-huit canons. Les deux frégates étaient l'Arethusa, de quarante-quatre canons, capitaine Woolley, et l'Alarm, de quarante canons, capitaine Fellones. Les huit corvettes étaient l'Anna, de vingt canons; le Thom, de vingt canons, capitaine Hams- · tead; la Favourite, de vingt canons, capitaine Wood; le Zebra, de vingt canons, capitaine Skinner; le Zephyr, de vingt canons, capitaine Laurie; la Victorieuse, de seize canons, capitaine Dickson; le Bittern, de seize canons, capitaine Lavie; et le Pelican, de vingt canons. La bombarde était la Terror, capitaine Westbeach, et les deux transports le Surett Castle, de cinquante-huit canons, et l'Ulysses, de cinquante canons. Les troupes de débarquement, commandées par le général Abercromby en personne, étaient au nombre de 6,750 hommes. Elles se formaient de 4,050 fantassins anglais, dont 700 du 2e de ligne, dit régiment de la Reine; 650 du 3e de ligne, dit régiment des Buffs ou Buffles; 650 du 14e de ligne, 730 du 38° de ligne, 680 du 53 de ligne et 640 du 60e de ligne; de 1,500 chasseurs allemands, dits yagers, dont 1,000 du régiment de Hompesch et 500 de celui de Lewensteins; de 500 artilleurs et de 700 artificiers, sapeurs, etc. (1). Plusieurs royalistes français, au ser

(1) E.-L. Joseph, History of Trinidad, part. II, chap. XI, p. 189 et seq.

vice de l'Angleterre, faisaient partie de l'expédition (1). Cette force, déjà considérable, pouvait encore s'augmenter, en cas de nécessité, d'une partie des marins de l'escadre.

L'expédition partit de Fort-de-France le 12 février, å destination de Cariacou, l'un des îlots grenadins, comme point de ralliement. Le 15, dans la matinée, elle mit à la voile pour la Trinidad, et le lendemain matin se trouva en vue des Bouches du Dragon (2). En peu de temps la nouvelle parvint au Port-d'Espagne, où se trouvait l'amiral Apodaca, de la présence de l'escadre anglaise dans les eaux de l'île, et l'amiral, après avoir conféré avec le gouverneur sur la situation, se rendit à son bord. On ignore ce qui se passa dans cette entrevue secrète; mais tout porte à croire que les deux chefs jugėrent la position désespérée, le gouverneur Chacon parce qu'il avait pris depuis longtemps la détermination de ne pas défendre la colonie contre les Anglais (3), et l'amiral Apodaca parce qu'il se voyait placé entre une fuite honteuse par la Bouche du Serpent et une bataille navale trop inégale pour sa bravoure (4). Ce dernier, rendu à son bord, crut éviter ha

(1) Entre autres le lieutenant-colonel Gaudin de Soter. Voir à l'Appendice la dépêche du général Abercromby. (2) Voir la même dépêche.

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(3) Colonel Draper, Address to the British public, p. 36, dans un mémoire de Don Christoval de Robles adressé au colonel

Picton.

(4) M. E.-L. Joseph (History of Trinidad, part. II, chap. XI, p. 191) prétend que Chacon, jugeant, on ne sait pourquoi, la fuite impossible par la Bouche du Serpent, donna à Apodaca le

bilement l'une et l'autre de ces fâcheuses extrémités en assemblant en conseil de guerre les cinq capitaines de son escadre, et en décidant avec eux, à l'unanimité, de livrer aux flammes ses navires, pour les empêcher de tomber aux mains de l'ennemi. Mais le calcul était faux, la destruction précipitée d'une escadre étant, plus encore que sa fuite, contraire à l'honneur militaire.

Pendant ce temps, l'escadre anglaise, pilotée par un Africain du nom de Sharper, était à lutter contre les courants de la Grande-Bouche, pour pénétrer dans le golfe (1); elle ne parvint à la franchir qu'à trois heures et demie de l'après-midi. En remontant vers la ville, l'amiral Harvey découvrit l'escadre espagnole dans la baie de Chaguaramas; mais comme la journée était déjà très avancée, il décida de ne lui livrer bataille que le lendemain matin. Il disposa alors ses forces de la manière suivante: à la frégate Arethusa et aux corvettes Thorn et Zebra il ordonna de remonter un peu plus haut vers la ville, probablement au delà des ilots de las Cotorras ou les Perroquets, et de se mettre à l'ancre avec les transports, et à la frégate Alarm et aux corvettes Favourite et Victorieuse de rester sous voiles pendant la nuit entre les transports et la ville, de manière à empêcher les navires de la rade d'en sortir; puis, à la tombée du jour, il mouilla avec ses vaisseaux de ligne, en ordre de bataille, devant l'escadre ennemie, à portée des projectiles du fort et des vaisseaux, pour

conseil dérisoire de passer à travers l'escadre anglaise, et d'aller couler à fond ses transports pour faire avorter l'expédition. (1) M. E.-L. Joseph, History of Trinidad, part. II, ch. XI, p. 191..

mieux la surveiller et l'empêcher de se dérober pendant la nuit (1). Nous avons déjà vu combien cette précaution était inutile. Ces habiles dispositions témoignent d'une connaissance parfaite des lieux.

Au Port-d'Espagne, la journée, comme on le pense bien, fut des plus agitées. Prévu depuis plus d'un an, le jour de l'attaque de la colonie par les Anglais était enfin arrivé sans que le gouverneur eût fait encore aucuns travaux ou pris aucunes mesures pour sa défense. Contrairement à sa parole, il était resté dans une inaction complète, même après qu'il eut retenu les troupes et l'escadre espagnoles; les batteries et redoutes de la ville n'étaient même pas encore achevées (2). Les colons français, n'entendant pas se laisser livrer ainsi aux Anglais pieds et poings liés, et voulant se défendre, se rendaient en foule auprès de lui pour le supplier de commencer à organiser enfin des moyens défensifs. A tous il ne répondait uniformément que par cette seule interjection Poco a poco, señores! poco a poco! (3) (doucement, doucement, messieurs!). Au consul français, qui alla le trouver pour lui conseiller d'armer la population, et à d'autres qui réclamaient l'appel de la milice sous les armes, il ne répondit que par la même interjection stéréotypée sur ses lèvres: Poco a poco, señores! poco a poco! Disciple de l'avocat Patelin, il évitait ainsi de faire des réponses qui pussent le compromettre; évidemment, il était décidé à ne pas se mou

(1) Voir à l'Appendice la dépêche du général Harvey.
(2) Voir à l'Appendice la dépêche du gouverneur Chacon.
(3) Tradition populaire.

voir (1). Devant cette immobilité agaçante du gouverneur en face de l'imminence du péril, une exaltation fiévreuse s'empara de la population; les cris : « A la trahison aux armes ! » retentirent de toutes parts. Les rues s'emplirent d'hommes indignés, et de femmes et d'enfants éplorés. Alors s'élevèrent à la fois mille clameurs tumultueuses; aux imprécations et aux menaces se mêlèrent les plaintes et les gémissements (2). Au milieu de cette violente excitation, Chacon, lui seul, demeura impassible. Résolu de se jeter dans les bras de l'ennemi par peur des républicains, plus la population se montrait turbulente, et plus il se fortifiait dans sa détermination. Par précaution il se borna à envoyer les archives et le trésor à Don José Mayan, teniente juslicia Mayor de Saint-Joseph, sur la cacaoyère duquel ils furent enterrés (3), et à donner secrètement aux Anglais et Espagnols de la ville le conseil de se retirer, avec leurs familles et objets précieux, dans l'ancienne capitale de l'île (4). Précaution bien inutile, car, disonsle à l'honneur de la population, il ne se commit alors aucune violence, ni contre les personnes, ni contre les propriétés (5).

La même agitation tumultueuse continua pendant la nuit du 16 au 17. Aux allées et venues de ceux qui parcouraient la ville pour chercher å organiser une ré

(1) Draper, Address to the British public, p. 36.

(2) Tradition de famille.

(3) Id.

(4) E.-L. Joseph, History of Trinidad, part. II, chap. XI, P. 190.

(5) Tradition de famille.

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