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de son administration (1). Bien que partiel, ce changement lui était profitable par le rapprochement considérable des distances; nous verrons se multiplier de plus en plus, par la suite, ces nouveaux liens d'attache, si avantageux à l'île.

On voit que la Guyane, par ce nouvel arrangement, était désormais séparée de la Trinidad; cependant, par raison de la proximité des territoires sans doute, elle continuera à en relever encore sous quelques rapports administratifs peu importants jusqu'en 1762 (2), époque à laquelle elle en sera complètement détachée et commencera à vivre de sa propre vie. C'était justice à rendre à cette belle et vaste province, jusqu'alors si négligée, que de rompre les liens qui l'attachaient une petite île alors par trop déchue elle-même pour lui être d'aucun secours. Le premier soin que le nouveau gouvernement donna à son avancement fut de placer les missions de son territoire sous le contrôle des gouverneurs de Cumaná; un appui sérieux avait seul manqué jusqu'ici à ces missions pour prospérer, el cet appui, Cumaná, désormais fortement colonisé par les siennes, était en état de le lui offrir. Les circonstances, d'ailleurs, prêtaient admirablement, en ce moment, son développement les pères Capucins catalans avaient repris possession de leurs missions du Caroni et ne demandaient qu'à s'étendre; les pères Observantins des deux provinces de Barcelone et de Cumaná se trouvaient

(1) Blanco, Documentos pa la historia del Libertador, t. I, no 74, § v, p. 53.

(2) Fr. A. Caulin, Historia de la N.-Andalucia, liv. III, ch, xxxi, p. 347, note.

sans occupation par la conversion de leurs missions proprement dites en missions de doctrine, et demandaient aussi à passer de la rive gauche à la rive droite de l'Orénoque; et les deux pères Jésuites José Gumilla et son compagnon, Bernardo Rotella, de leur propre mouvement et sans autorisation, déjà s'étaient établis dans la province où ils travaillaient à la réduction des Indiens Guaiquires. Le gouverneur de Cumaná, aussitôt qu'il eut la direction des affaires de la Guyane, s'occupa de l'organisation de ses missions. Pour utiliser tous les dévoùments, il s'occupa à fixer tout d'abord à chacun. des corps religieux le champ de ses opérations, et à cet effet institua, en 1734, une commission dite des limites, à laquelle il appela les préfets des trois communautés. La commission se réunit à Santo-Tomé de Guayana, sous sa présidence et celle de son collègue de la Trinidad, Don Agustin de Arredondo, et d'un commun accord assigna aux trois communautés les territoires suivants aux pères Capucins catalans, celui qui s'étend de l'embouchure de l'Orénoque à l'angostura ou étrécissement du fleuve, lieu qui fut choisi en 1766 (1) par le gouverneur de la province, Don Manuel Centurion, pour site de la troisième ville de SantoTomé de Guayana, laquelle porte aujourd'hui le nom de Ciudad-Bolivar ou Bolivarville; aux pères Observantins, celui qui, partant de ce dernier point, s'arrête à l'embouchure du Rio-Cuchivero, un des affluents méridionaux de l'Orénoque; et aux pères Jésuites, celui

(1) Fr. A. Caulin, Historia de la N.-Andalucia, liv. III, ch. XXXI, p. 347, note.

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HISTOIRE DE LA TRINIDAD.

qui, de cette embouchure, s'en va confiner à la NouvelleGrenade (1).

A la suite de cette délimitation du champ de leurs opérations, les trois ordres religieux multiplièrent leurs missions; ceffes surtout des pères Capucins catalans envahirent bientôt le terrain qui leur avait été consacré, et c'est à elles principalement que la Guyane, ainsi que la Trinidad, dut la pacification de ses naturels. belliqueux et la colonisation de son immense territoiré.

(1) Fr. A. Caulin, Historia de la N.-Andalucia, liv. I, ch. 11, p. 9 et seq.

CHAPITRE VI

CONFLITS DU CABILDÓ AVEC LES GOUVERNEURS

(1735-1757)

Gouverneurs de la période :

Don Estevan Simon de Líñan y Vera.
Don Felix Espinosa de los Monteros.
Don Juan José Salcedo.

Don Francisco Nanclares.

Soit que l'expédition de Don Juan Gonzales Navarro à la recherche du Dorado eût de nouveau attiré les regards des aventuriers sur la Trinidad, soit qu'un peu plus de confiance eût succédé à la paniqué dont les colons avaient été frappés à la suite de la ruine de la culture du cacao, et en eût fait revenir quelques-uns dans l'ile qu'ils avaient abandonnée, toujours est-il que les revenus publics, de deux cent trente-un dollars qu'ils avaient été en 1733, s'élevèrent deux ans plus tard à la somme de neuf mille sept cent trente-sept réaux (1) ou douze cent dix-sept pièces de huit ou dollars, chiffre qui, proportionnellement au recensement de cette même année 1733, suppose une population d'un millier

(1) Meany, Abstract of the minutes of Cabildo, 1733-1813, ms., pp. 1-24.

d'habitants en hommes, femmes et enfants, les Indiens toujours exceptés, dont cinq cents blancs et quinze cents noirs, mulâtres et métis, esclaves et libres. Telle était l'amélioration apportée par le temps à la position de l'île, lorsque, le 11 octobre 1735, le lieutenantcolonel Don Estevan Simon de Liñan y Vera vint prendre le gouvernement de l'île des mains des deux alcades Don José Orbay et Don Pedro Ximenes (1).

Cette amélioration du sort de la colonie par l'augmentation de sa population eût sans doute continué à progresser, si le pays, alors dans sa période d'infortune, n'eût eu à subir de nouveaux malheurs ; il semble que, pour les nations comme pour les individus, les biens comme les maux n'arrivent jamais que par séries. Douze ans après la perte de son cacao, en 1739, une terrible épidémie de variole vint lui enlever une notable partie de sa population renaissante. Le fléau, triste don de l'Europe et de l'Amérique, s'appesantit d'abord sur les côtes voisines du continent. Sur la pressante demande des habitants de l'île, qui craignaient cette nouvelle calamité, une grand'garde fut établie aux bouches du Dragon pour empêcher toute communication avec les bâtiments venant des ports infectés, mais ce fut en vain en dépit de toutes les précautions, l'épidémie se manifesta bientôt dans l'île et s'y répandit d'un bout à l'autre (2). Ses ravages s'étendirent à toutes les classes de la population; mais ce furent les malheureux Indiens qui en souffrirent le plus. Ignorant le traitement d'une

(1) Meany, Abstract of the minutes of Cabildo, 1733-1813, ms., pp. 1-24.

(2) Id., ibid.

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