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SA32461

OCT 311883

Bright Erud.

AVANT-PROPOS

Ce second volume termine notre étude sur les origines de la Trinidad. Après dix-neuf années de patientes recherches (1861-1880), nous avons enfin la satisfaction de pouvoir la présenter entière à nos compatriotes.

Nous disons entière, et non pas complète; car, pendant la période qui s'étend de la mort de Don Fernando de Berrío (1622) aux missions des PP. Capucins catalans (1687), bien pauvres sont les renseignements que nous avons pu nous procurer sur la colonisation de l'île. Pour cette époque, qui est celle de l'annexion de la Trinidad au gouvernement de la Nouvelle-Andalousie, tout nous a manqué, livres et

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documents. D'une part, les tremblements de terre et les incendies dont a souffert Cumaná, le chef-lieu de ce gouvernement, en ont détruit les archives, et, de l'autre, les historiens espagnols, si prolixes d'ordinaire quand il s'agit de la découverte et de la conquête des colonies du Nouveau-Monde, sont demeurés silencieux, en général, sur les incidents de leur colonisation. Ce silence est à ce point profond qu'il nous a été impossible de rencontrer dans leurs écrits les noms mêmes des gouverneurs de cette période. Nous en découvrons bien, dans le dictionnaire d'Alcedo, deux listes de ceux de la Nouvelle-Andalousie, dont une pour Cumaná et l'autre pour la Guyane, ce qui ferait croire que la Trinidad a continué à avoir un gouvernement dont le siège était à Santo-Tomé ; mais cette présomption, qu'il nous a fallu accepter comme vraie, est loin de présenter un caractère de certitude absolue.

Ceux de ces historiens qui se sont particulièrement occupés des provinces septentrionales du continent şud-américain sont au nombre de cinq. Le premier, par ordre de date, le P. Pedro Simon, écrit son histoire de Tierra-Firme dès 1625, alors que la coloni

sation des provinces orientales de ce territoire était encore à peine commencée, et n'en dit rien, par conséquent; le second, Don José de Oviedo, dans son histoire de la province de Vénézuéla, publiée en 1723, n'avance que peu le travail de son devancier, et traite surtout des dernières conquêtes de la province de Barcelone; le troisième, le P. Casani, jésuite, achève un manuscrit commencé par le P. Juan Rivero et publie, en 1740, son histoire du Nouveau-Royaume de Grenade, où il n'est question de la colonisation de la Trinidad qu'en ce qui touche à ses missions indiennes; le quatrième, le P. José Gumilla, un autre jésuite, écrit en 1741 son Orinoco ilustrado, dans lequel se trouve un aperçu succinct de l'état de la colonisation de l'île avant et après la ruine de la culture de son cacao; le cinquième enfin, le P. Antonio Caulin, observantin, publie en 1778 son histoire de la Nouvelle-Andalousie, et y résume les quelques notices de ses devanciers sur la Trinidad, dont il donne une description géographique. Tels sont les faibles secours que nous avons pu obtenir de ces auteurs, et dont nous avons amplement tiré profit.

Une si grande disette de renseignements sur la

colonisation des établissements espagnols du Nouveau-Monde est, sans doute, le motif pour lequel les historiens modernes ont adopté le plan de faire suivre leurs relations de la découverte et de la conquête de simples considérations détachées sur le culte, la jurisprudence, l'agriculture, le commerce, la population, etc., de ces colonies. Malgré les lacunes de la période en question, nous n'avons pas cru devoir imiter leur exemple. Il nous a paru plus utile à notre pays, de même que plus acceptable à nos lecteurs, de leur produire une suite chronologique des incidents de notre colonisation, autant qu'il nous a été donné de l'établir. En procédant de cette manière, d'ailleurs, nous n'avons fait que nous conformer à la méthode que nous avons déjà suivie pour la première partie de ce travail, et qui nous était, par conséquent, imposée pour cette seconde partie. Les expéditions des Espagnols contre les établissements étrangers, et celles de ces établissements contre la Trinidad, nous ont heureusement permis de renouer la chaîne des temps.

A cette période incomplète de soixante-cinq ans en succède une autre de cent dix ans où, en revanche,

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