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l'imperfection de cette méthode de récolte et la négligence du cultivateur. Pour remédier à ces inconvéniens, je conseillais aux propriétaires de couper les capsules avec des ciseaux, lorsqu'elles commencent à s'ouvrir, et de les faire sécher au soleil sur des cuirs que l'on puisse rentrer à volonté 1.

Les négocians connaissent aujourd'hui l'excellence de la qualité des cotons de Minas Novas, et on le porte sur les cotes du commerce comme celui de Fernambouc et de Maragnan.

Une partie des récoltes se fabrique dans le pays en toiles et en couvertures, que l'on exporte ou que l'on emploie sur les lieux. Le reste des cueillettes s'expédie en laine pour Bahia, Rio de Janeiro et diverses parties de la province elle-même de Minas Geraes.

Le coton en laine et les couvertures s'emballent dans des espèces de sacs ou de boîtes (boroacas ou bruacas), faites avec des cuirs de boeuf écrus. On emploie un ou deux cuirs pour fabriquer ces boîtes ; on fait les coutures avec des lanières qui sont également de cuir, et l'on met toujours les poils en dehors. Ces boîtes sont carrées sur leurs faces, et ont quatre palmes de large avec autant de hauteur; mais leur épaisseur n'est que de deux palmes. Elles se ferment avec

J'ai déjà donné, au chap. XVI du premier volume, des détails sur la culture du cotonnier dans les forêts de Passanha. On trouvera aussi au même chapitre la description de la petite machine propre à séparer le coton de ses graines, ainsi que des renseignemens sur la manière de carder le coton.

un couvercle qui retombe d'un côté comme celui d'un porte-feuille, et, lorsque la boîte est remplie, le couvercle, soulevé dans son milieu par le coton empilé, donne une palme de plus en hauteur. Les dimensions que je viens d'indiquer ne varient jamais, et elles sont prises de manière que le mulet qui porte les boîtes ou sacs ait sa charge, et n'ait pas davantage. Comme il est essentiel, afin d'employer le moindre nombre possible de bêtes de somme, de réduire, autant que cela peut se faire, le volume de la marchandise, on soumet les couvertures ou le coton en laine à l'action réitérée d'une presse. Voici de quelle manière était faite celle que j'ai eu l'occasion de voir.

Sur deux montans enfoncés dans la terre, et élevés au-dessus du sol d'environ sept à huit pieds, était appuyé un sommier transversal. Dans le milieu de celui-ci passait une vis attachée à un petit toit carré, pyramidal, mobile comme elle; et l'extrémité inférieure de la vis portait une planche horizontale, de la largeur de l'intérieur des sacs. De deux des angles du toit, obliquement opposés, descendaient deux pièces de bois, que l'on poussait pour faire tourner le toit et la vis avec lui. Au-dessous de celle-ci, on plaçait le sac rempli de couvertures ou de coton en laine; on faisait agir la presse, et à mesure que le coton ou les couvertures s'affaissaient, on remplissait de nouveau le sac. Pendant cette opération, les côtés de ce dernier étaient retenus, pour qu'ils ne s'écartassent pas, par des planches fixées aux montans.

A Bahia, on tire le coton des sacs de cuir qui le ren

ferment, et l'on vend séparément le coton et les sacs. Ceux-ci sont fort recherchés dans cette ville, parce qu'on s'en sert pour y mettre du tabac et du sel. A Rio de Janeiro, au contraire, on vend le coton sans le tirer des sacs, pour lesquels on déduit huit livres de

tare.

Des marchands de cette dernière ville s'étant plaints que des cultivateurs de Minas Novas, afin d'augmenter le poids des sacs, mettaient dans le fond de ceuxci des paquets de semences sous le coton en laine, on publia, pendant mon séjour à Villa do Fanado, une ordonnance assez sage. Elle enjoignait à chaque cultivateur de choisir une marque et de la faire connaître au juiz de fóra; et elle punissait les falsificateurs de trente jours de prison et 12,000 reis d'amende (75 fr.)

CHAPITRE VI.

VOYAGE DANS LES CATINGAS.

. Chaleur.

Végétation d'un terrain desséché. · Fazenda de Setuba. Construction de la maison. Fazenda de Boa Vista da Barra do Calhao; sa situation. Rivière d'Arassuahy. Repas des Mineiros. Manières et costume des fazendeiros de Minas Novas. Verdure au milieu des catingas. Habitations de termès. Quartel de Teixeira; occupations des soldats de ce poste. Obéissance aveugle des gardes nationales ou milices. Soirée d'un jour chaud. Fazenda d'Estreito de S. João; sa situation. Portrait d'un jeune Botocudo. Tres Americanas. Végétation des rochers. Cactus. Lieux ou s'arrêtent les Coucher en plein air — Ennui

Maïs. voyageurs.

- Huttes des Botocudos.

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dégoût des voyages. - Fazenda de Bom Jardim. Petitesse des maisons. Chasse aux cerfs. Maladies dont on ne rougit point.

AVANT d'arriver à Setuba, lieu où je fis halte le jour que je quittai le village de Sucuriú, je passai la rivière aussi appelée Sucuriú, qui se jette dans le Setuba, autre rivière dont les eaux se réunissent à celles de l'Arassuahy.

Il existe, dans nos forêts de France, des espaces nus où l'eau séjourne pendant l'hiver, et qui, à la fin de l'automne, ne présentent qu'une terre crevassée, entourée d'arbres dépouillés de verdure. Entre Sucuriú et Setuba, un terrain d'un aspect absolument semblable

TOME II.

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s'offrit à mes regards; mais ici j'observai un contraste plus sensible encore que celui qui m'avait tant frappé, avant que j'arrivasse au village de Sucuriú. Sur ce terrain desséché et environné d'arbres dépourvus de feuilles, s'élevaient isolés de grands cactus d'un vert obscur; leur tige offrait cinq côtes épineuses; parfaitement droite, elle était en même temps égale dans toute sa longueur, et vers son milieu, elle portait un verticille de rameaux semblables à elle, courbés comme des candélabres. Ces formes, qui ont si peu de rapports avec celles de nos forêts d'Europe, produisaient l'effet le plus singulier dans un lieu qui rappelait si bien ce qu'on peut voir continuellement en France.

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Comme tout le canton où elle est située, la petite fazenda où je fis halte emprunte son nom de la rivière de Setuba. Mon hôte était loin d'être riche; cependant il me reçut avec cette hospitalité que je trouvais partout, et ne voulut rien accepter pour ma nourriture.

La maison du propriétaire de Setuba présentait une espèce de corps de logis étroit, compris entre deux ailes. Une seule toiture couvrait les trois parties du bâtiment, et le devant de l'intervalle était fermé par un simple mur d'appui. Ce mode de construction, trèsusité dans les environs de Rio de Janeiro, procure, sur le devant des maisons, une pièce ouverte où l'on peut respirer l'air, également à l'abri de la pluie et du soleil. Ces pièces portent le nom de varanda (galerie),

1 Cactus candelabriformis, N.

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