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L'once noire.

Histoire singulière de ces Indiens.

Leur pa

Ils veulent quitter les environs de S. Miguel. -Leur capitaine. Description de leur aldea. Vêtemens. Nourriture; patates. Industrie. Affections des pères pour leurs enfans. Langage; vocabulaire. Arrivée de l'auteur à S. Miguel. Visite de la troupe d'ARIARI. — Le jeune Botocudo qui s'était attaché à l'auteur prend la fuite. Guerre entre les Botocudos. - Réflexions générales sur la

civilisation de ces Indiens.

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QUAND nous fumes arrivés à l'Ile au Pain (Ilha do Pão), j'engageai le commandant à aller faire une petite visite à ces Machaculís, qui, comme je l'ai dit, se sont établis sur la rive droite du fleuve; et nous nous rendîmes à leur aldea.

Il y a déjà long-temps que cette peuplade s'est rapprochée des Portugais, fuyant, comme les Malalís, les Monochós, les Macunís, etc., les poursuites des Botocudos, ennemis de toutes les autres nations indiennes. Les Machaculís allèrent d'abord chercher un

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• Ce nom est sans doute une corruption de celui de Machacaris, qu'au rapport de Southey, l'on trouve dans le

asile à Caravellas, où l'on fit beaucoup de dépense pour leur inspirer le goût du travail. Paresseux comme le sont tous les indigènes, amis de l'indépendance, habitués à une vie errante, passionnés pour la chasse, ils ne s'accoutumèrent point à cultiver la terre. On se lassa enfin de faire pour eux des sacrifices, et on les abandonna. Ces Indiens, voyant qu'on ne les nourrissait plus et qu'on avait cessé de leur donner du fer et des vêtemens, quittèrent les bords de la mer; ils traversèrent les bois, et arrivèrent, à peu près vers 1801, auprès de Tocoyos. Lorsqu'ils étaient encore à Caravellas, on les avait baptisés et ils avaient tous appris un peu de portugais; mais voulant retrouver à Tocoyos les mêmes avantages qu'à Villa de Caravellas, ils employèrent la ruse; ils feignirent de sortir pour la première fois des forêts, et se présentèrent, sans dire un mot de portugais, en faisant des signes, pour montrer qu'ils voulaient devenir chrétiens. Les habitans de Tocoyos furent dupes de cette supercherie, et écrivirent à Villa Rica qu'une nation indienne, jusqu'alors inconnue, était arrivée au milieu d'eux, qu'elle montrait les meilleures dispositions, et demandait le baptême. Sur-le-champ, l'administration accorda des secours pour civiliser les nouveaux venus; on leur donna du fer et des vêtemens; on leur fit construire une chapelle; on leur envoya un prêtre; on chargea un directeur de les instruire, et en même temps on

catalogue de nations indiennes, dû à Hervas. (Hist. of Braz., I, p. 225.)

plaça auprès de Tocoyos un détachement militaire, pour maintenir le bon ordre. Malgré tous ces efforts, on n'obtint point à Tocoyos de plus heureux succès qu'à Villa de Caravellas; les Machaculis profitèrent des bienfaits des Portugais, mais ils ne devinrent pas plus laborieux. Cependant la supercherie de ces Indiens ne fut pas toujours un secret. Elle fut découverte par le capitaine, João da Silva Santos qui, lorsqu'il reconnut le cours du Jiquitinhonha, ne fut pas peu étonné, én arrivant à Tocoyos en 1804, d'y retrouver ces Machaculís, pour lesquels 'on avait fait tant de dépenses dans la comarca où il était capitão mór. -Cependant le changement de pays devint bientôt funeste à ces Indiens. Accoutumés à l'air humide des bords de la mer, ils ne purent supporter le climat sec de Tocoyos; ils se mirent à manger de la terre, et il en mourut un grand nombre. Ignorant ce qui se passait à Tocoyos, la junte de Villa Rica, chargée de ce qui concerne les Indiens, consacrait toujours à la civilisation des Machaculís des sommes assez considérables; mais enfin la camara du termo de Minas Novas fit

Cette maladie est commune sur les bords de la mer dans a partie méridionale de la province de Saint-Paul; et, comme on le verra bientôt, il y a aussi des mangeurs de terre dans le Sertão ou le Désert de la province des Mines. Peut-être ne serait-il pas sans intérêt pour ceux qui s'occupent d'hygiène de savoir d'une manière précise au bout de combien de temps le changement de climat commença à agir sur les Machaculís; mais je ne puis malheureusement le dire avec une entière exactitude.

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connaître le véritable état des choses, et l'on envoya à Tocoyos un officr qui y trouva à peine vingt à trente Indiens. Il fit son rapport, et il engagea l'administration à ne plus rien dépenser pour les Machaculís, mais à les distribuer parmi les colons du voisinage. On adopta ce plan. Cependant, lorsque la e division fut créée, on réunit toute la peuplade, pour en tirer parti, dans le cas où l'on serait forcé de faire la guerre contre les Botocudos.. Les Machaculis suivirent le commandant Julião à S. Miguel, où on leur donna dès térres; mais, comme les soldats de la division courtisaient leurs femmes, ils demandèrent au commandant la permission de quitter le hameau, et ils allèrent s'établir plus près de l'embouchure du fleuve. Quelquesuns d'entre eux qui étaient restés dans la province de Bahia sont venus rejoindre les autres, et ils sont à présent environ une centaine '.

I

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En 1816, M. le prince Max. de Neuwied retrouva encore sur le littoral, près de Villa do Prado, non loin de Caravellas, un aldea composé de quatre familles de Machaculís, peuplade à laquelle il donne le nom de Machacalis ou, comme Hervas, celui de Machacaris. Je ne sais trop même s'il ne faut pas conclure des récits du prince, qu'outre ces quatre familles, il existe encore d'autres Machaculis dans la province de Bahia. Quoi qu'il en soit, ce que je dis plus haut démontre assez, je crois, qu'on a induit en 'erreur le même savant, quand on lui a dit que non seulement les Machaculís, mais encore les Panhamis et d'autres tribus, s'étaient fixés à Ilha do Pão et y avaient établi des plantations.

Novas n'ont point encore donné aux Machaculis le goût de la culture; ils préfèrent toujours la pêche, la chasse et la vie des sauvages aux occupations des peuples civilisés; mais le commandant Julião et les propriétaires du canton, disent que, si ces Indiens ne plantent pas, ils savent très-bien recueillir: ils s'enfoncent dans les bois, à l'époque des défrichemens et des semailles, et ils reviennent, lorsque la récolte se fait dans leur voisinage. Quand ils se retirent ainsi, ils prétendent que c'est par l'ordre d'une Once noire 'qui vient leur parler pendant la nuit, et ils assurent qu'elle leur annonce que, s'ils ne s'en vont pas, les Botocudos viendront les tuer ou qu'ils éprouveront quelque autre malheur. Peu de temps avant notre navigation sur le Jiquitinhonha, ils avaient conté à un colon des bords du fleuve, chez lequel nous couchâmes, que l'Once noire leur avait prédit qu'elle mangerait ses bestiaux. « Si l'Once vient manger mes bestiaux, avait répondu le cultivateur, je lui tirerai des coups de fusil; si ce sont les Machaculís, je leur en tirerai de même. » Après cette déclaration, ces Indiens s'étaient retirés honteux et mécontens du peu de succès de leur supercherie.

A l'époque de mon voyage, les Machaculís avaient formé le projet de quitter le pays; mais le commandant en fut averti secrètement par le colon dont j'ai parlé tout à l'heure. Lorsque nous arrivâmes à l'aldea, Julião fit venir le capitaine de ces Indiens, et il lui dit

La variété noire du jaguar.

TOME II,

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