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des faits, en apparence si insignifians, pour exciter de plus en plus les Mineiros à cultiver les légumes et les arbres fruitiers en usage en Europe. Quelle richesse, par exemple, serait la pomme de terre pour la province des Mines, si l'on parvenait à l'y cultiver en grand!

De retour à Penha, je me préparai bientôt à quitter ce triste village. Une veuve extrêmement pauvre, mère de sept à huit enfans, avait eu pour moi beaucoup de complaisance; mon linge avait été lavé par elle; elle m'avait fait une ou deux fois la cuisine, et j'avais reçu d'elle du café et des oranges. Cependant un petit cadeau de 300 reis (environ 1 fr. So cent.) partagé entre elle et sa mère, parut les enchanter toutes les deux. Ce fait suffira pour prouver combien l'argent est rare dans ce pays.

Je quittai Penha pour me rendre à Villa do Fanado, et, traversant de vastes solitudes, je passai par Alto dos Bois, aldea habitée par les Indiens Macunis.

CHAPITRE II.

COMPARAISON DE LA VÉGÉTATION DES BOIS VIERGES AVEC CELLE DES CAMPOS. - VOYAGE DE PENHA A ALTO DOS BOIS.

Fazenda

Village de S. João;

Idée de la végétation de la partie orientale du termo de Minas Novas. Description des carrascos. Taboleiros; chapadas. Causes de la différence de la végétation des forêts et de celle des campos. d'Itacarambi. Brûlement des carrascos. sa situation; son église; ses maisons; ses habitans; culture des environs; mauvaises mœurs. -Végétation et aspect du pays entre S. João et la fazenda de Jozé Caetano de Mello. Cette fazenda. De l'anthropophagie des Botocudos.—Rivière d'Itamarandiba.—Végétation du plateau appelé Chapada do Mato de Mandrú. Village de Capellinha; son origine; sa situation; ses maisons; ses habitans; culture des environs. Composée particulière aux côtes pierreuses. Fazenda d'Antão Soares. Hospitalité. Mot touchant.

Le pays élevé qui s'étend de Penha à l'aldea d'Alto dos Bois ou aux environs, et celui très-voisin que je parcourus plus tard entre le village de Piedade et la fazenda d'As Gangoras, présentent un aspect et une nature de végétation qui furent entièrement nouveaux pour moi. Là on ne voit point de hautes montagnes terminées par des crêtes ou des pics aigus, séparées par des vallées étroites et profondes, et revêtues de forêts majestueuses. On n'y voit pas non plus de terrains

simplement ondulés et couverts d'herbes et de sousarbrisseaux. Ce sont des mornes peu élevés, séparés par des vallons, et dont le sommet présente une espèce de petite plaine'. Dans le pays, on donne à ces sommets singuliers le nom de taboleiros, qui signifie plateau2, et on les appelle chapadas, quand ils ont une plus grande étendue. Des espèces de forêts naines, appelées carrascos, couronnent ces plateaux, et sont composées d'arbrisseaux à tiges et à rameaux grêles, hauts de trois à cinq pieds, en général rapprochés les uns des autres. Les plantes caractéristiques des carrascos sont une composée 3, deux hyptis, le petit palmier à feuilles sessiles appelé vulgairement sandaia ou sandaiba, enfin surtout une mimose dont les tiges sont légèrement épineuses, les feuilles d'une délicatesse extrême, et les fleurs disposées en épis (mimosa dumetorum, Aug. de Saint-Hil.). Sur la pente des mornes, la végétation n'est plus aussi grêle; elle s'élève constamment, et offre des arbres tortueux et rabougris, plus ou moins écartés les uns des autres. Enfin, dans les fonds où coulent les ruisseaux, les plantes acquièrent encore plus de vigueur; il y croît de véritables bois vierges, et c'est là que les cultivateurs ont leurs habitations.

› Il existe aussi dans ce pays des collines arrondies, ou qui du moins paraissent telles, lorsqu'on les voit de loin. * A proprement parler, taboleiro veut dire une planche garnie d'un rebord.

3 No 1313.

4 Une d'elles porte le no 1224.

On pourrait croire que la terre des plateaux, ne produisant que des plantes maigres, est d'une nature pierreuse ou sablonneuse; mais il n'en est pas ainsi. Elle m'a paru bonne; elle est d'une couleur rouge, et ressemble à celle qui, dans les environs de Villa do Principe, fut autrefois couverte de forêts. Il faut donc nécessairement admettre deux causes pour expliquer la différence des bois vierges et des campos. La première est la nature du sol, qui, quand il est fertile, donne naissance à des bois, mais qui, devenant en certains endroits pierreux, sablonneux ou ferrugineux, ne produit plus que des arbrisseaux ou des sous - arbrisseaux, comme j'en eus des exemples sensibles à Itambé et au Morro Pellado. Dans ce cas, les campos ont peu d'étendue, la végétation est en général plus variée, et elle présente moins de plantes caractéristiques. La seconde cause de la disparition. des forêts est une différence dans la surface du sol et le défaut d'humidité. Quand les mornes sont fort élevés et terminés par des crêtes, lorsqu'ils sont séparés par des vallées étroites et profondes, ils s'abritent réciproquement, et l'effort des vents ne s'y

Comme je le dirai ailleurs, on appelle proprement campo tout ce qui n'est pas bois vierge, capoeira, capoeirão, capão, catinga, carrasqueino, carrasco; mais ici, pour ne pas multiplier les distinctions, je comprends sous le nom de véritables et les carrascos, que les campos campos l'on peut aussi considérer comme appartenant aux pays découverts, et qui forment la transition des campos proprement dits à une végétation plus élevée.

fait point sentir. Les ruisseaux, toujours multipliés dans ces terrains montagneux, contribuent à y développer la végétation, que favorisent encore les débris des troncs et des rameaux sans cesse accumulés et réduits en terreau. Au contraire, lorsque les mornes sont séparés par des vallées peu profondes, qu'ils offrent à leur sommet de vastes plaines, que rien n'y arrête les vents, que la terre n'y est rafraîchie par aucun ruisseau, il ne serait pas possible que la végétation y eût une grande vigueur, quelle que fût la bonté naturelle du sol. Ce qui prouve la vérité de cette assertion, c'est que, sur les flancs des mornes terminés par des taboleiros ou par des chapadas, les plantes, comme je l'ai dit, acquièrent plus de force à mesure que l'on approche de la vallée; c'est que, si une montagne couverte de carrascos offre sur ses pentes quelque enfoncement où l'humidité puisse se conserver, et où les végétaux soient à l'abri des vents, on y trouve toujours des bois, et ceux-ci montrent d'autant plus de vigueur que les gorges sont plus profondes.

J'ai dit tout à l'heure que la végétation était plus variée lorsque les campos étaient uniquement dus à des changemens dans la nature du sol qui, de fertile, devient ferrugineux, pierreux ou sablonneux. Cependant on observe aussi de la variété sur les chapadas qui se composent de bonne terre; et l'on peut être porté à penser que des différences d'exposition et même quelques nuances dans la nature du sol en sont les causes principales. Il est pourtant, il faut l'avouer, d'autres

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