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aventuriers, des femmes publiques, qu'on les civilisera réellement et qu'on en fera des hommes utiles. Pour parvenir à ce but, il faut tirer ces infortunés de l'abrutissement où ils sont plongés, et les appeler, autant qu'ils en sont susceptibles, à une vie intelligente et morale. Mais à quoi servira-t-il que quelques hommes généreux fassent des efforts pour les instruire et les arracher à la barbarie, si d'autres viennent en foule les corrompre par de mauvais exemples, et abusent de l'infériorité des sauvages pour les tromper et les réduire à une sorte de servitude! Deux choses, je le répète, sont indispensables pour civiliser les Indiens, autant du moins qu'ils peuvent l'être : la religion et l'isolement. Ces moyens furent employés jadis, et ils ont été couronnés par les plus heureux succès. Qu'on ne se serve pas, si l'on veut, des mêmes hommes; mais qu'on revienne au même système, en y ajoutant tous les perfectionnemens qu'inspireront l'expérience des fautes passées et les lumières nouvelles. Mais où trouver, me dira-t-on, ceux qu'il faudrait pour accomplir une telle œuvre ? Si l'on désespère d'y parvenir, gémissons sur le sort des malheureux Indiens, que nous moissonnons à mesure que nous avançons

I

1 Donnée à tous les hommes, la religion, qui éleva le génie des Pascal et des Bossuet, peut aussi être entendue des races qui sont placées le plus bas sur l'échelle de l'intelligence humaine. A sa voix, de féroces Aimorés se sont réunis en bourgades, et les Hottentots, devenus moins abrutis, ont pu goûter quelque bonheur. (Voy. South. Hist. I, p. 362 et le Voyage de Barrow.)

dans leur patrie; comme cette graminée ambitieuse qui, gagnant du terrain, étouffe tous les autres végé

taux.

Si l'on ne peut faire ce qu'il faudrait pour le bonheur des Indiens eux-mêmes, que l'on songe du moins aux avantages de l'état dans lequel on les incorpore. Qu'au milieu de cette immense contrée, que les Botocudos ont abandonnée aux Portugais-Brésiliens, ceuxci leur réservent un coin de terre ; que, pour empêcher ce territoire d'être bientôt vendu par l'Indien insouciant pour un peu de sucre ou pour un peu d'eau-de-vie, on le déclare inaliénable, comme avait fait Pombal pour les possessions des Indiens de la côte; que l'on prenne tous les moyens imaginables pour faire respecter cette inaliénabilité ; que, par des avantages, on cherche à encourager les unions légitimes des filles botocudos avec les nègres et les mulâtres libres: alors on aura une race mixte, plus capable que les Indiens de résister à la supériorité des blancs, une race qui sera plus en harmonie avec notre état de civilisation, qui possédant des terres inaliénables pourra subsister et multiplier, et qui enfin s'amalgamera peu à peu avec la population actuelle.

De vains discoureurs peuvent faire prendre le change à leur oisiveté, en bâtissant pour les Indiens, à Rio de Janeiro ou dans quelque autre ville de la côte, des théories qui conviendraient à peine aux hommes de notre race; cela est plus commode sans doute que d'aller étudier ces enfans de la nature au sein de leurs forêts ou dans un aldea où ils gémissent sous l'oppres

sion de quelques aventuriers. Quant à moi, j'ai vu le sauvage dans sa hutte grossière, j'ai reconnu que les blancs et les Indiens ne devaient point être soumis aux mêmes règles'; et j'ai élevé ma foible voix en faveur de ces derniers. Si elle peut être entendue de quelque Brésilien qui réunisse le pouvoir à l'amour du bien, je me croirai assez dédommagé de mes longs et pénibles

travaux 2.

I

Voyez chapitre III, p. 57 et suiv.

Une lettre que j'ai reçue de M. Guido Ths. Marlière, commandant en chef des divisions, et directeur général des Indiens, datée de 1824, me prouve que, depuis mon départ de Minas Novas, on s'est enfin occupé des Botocudos. Né en France, le respectable Marlière est entré au service du Portugal; il a d'abord consacré de longues années à la civilisation des Purís; il s'est ensuite beaucoup occupé des Botocudos du Rio Doce, et peut être compté parmi les plus généreux défenseurs des infortunés Indiens. Voici à peu près ce qu'il m'écrivait d'Onça Pequena, en date du 6 décembre 1824. « La direction des Botocudos m'a été

confiée par l'empereur; et sous la surveillance d'un ecclé"siastique qui les aime, le P. Jozé Lidoro Pereira, curé de « S. Miguel, je leur ai envoyé des instrumens d'agriculture « et des vêtemens. J'ai chargé M. Lidoro de faire faire, par « les soldats divisionnaires, des plantations annuelles desti«nées aux Indiens; et une augmentation de paie de 40 reis « a été accordée aux militaires pour chaque jour de travail. « Les Botocudos ont un maître d'école auquel on a donné « le grade de sergent de la 7o division, et qui jouit de la solde attachée à ce grade; enfin, sur mes représentations, le « gouvernement a ordonné aux magistrats d'informer contre

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ceux qui vendent et qui achètent les enfans des Botocu<< dos. »>«< Comme l'empereur protége les Indiens, m'écrivait M. Marlière dans une autre lettre, j'espère que cela ira. >> A la fin de mon second Voyage, j'entrerai dans de plus longs détails sur les nobles travaux de M. Marlière.

CHAPITRE X.

RETOUR A VILLA DO FANADO PAR S. DOMINGOS ET AGUA SUJA. HISRÉFLEXIONS SUR L'ORIGINE DES

TOIRE DE RAIMUNDO. FIRMIANO.
INDIENS DU BRÉSIL

- FÊTES DE LA PENTECÔTE.

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L'auteur passe une seconde fois par les catingas. — On lui amène le Botocudo Firmiano; portrait de cet Indien; aveu de l'auteur; fin de l'histoire de Firmiano. Histoire de RAIMUNDO FERREira de Souza.- Idées des Botocudos sur la Divinité et sur le baptême. — Réflexions sur l'origine de cette nation et celle des autres peuplades indiennes. Description du pays qui s'étend entre Boa Vista et Santa Rita. Fazenda de Santa Rita. Machine. Empenhos, source d'abus. Gonú, plante purgative.— Village de S. Domingos ; sa position; ses rues; son église; ses maisons; son histoire; son commerce. - Fêtes de la Pentecôte célébrées à S. Domingos. Illumination; feu d'artifice. - L'Empereur; ses officiers. L'auteur accompagne l'Empereur. Cérémonies religieuses. Repas. Un nouvel Empereur. Cavalhadas ou tournois. —L'auteur se rend de S. Domingos à Agua Suja. Canne créole et canne de Cayenne. S. Domingos, limite des catingas. Passage de l'Arassuahy. Porto do Defunto Village d'Agua Suja; sa position; occupations de L'auteur passe une seconde fois par Chapada. — Quelques mots sur le diocèse de Bahia. — L'angelus. — Détails sur Firmiano. -Les mulets. - L'auteur arrive à Villa do Fanado. — Réflexions générales sur les habitans de Minas Novas. Inconvéniens des crédits. Musique. - Danber.

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Rosario. Ports. ses habitans..

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JE partis de S. Miguel le 15 juin 1817, plein de reconnaissance pour les honnêtetés dont m'avait comblé le commandant Julião. Jusqu'à Boa Vista, je suivis la

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