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local où sont les chaudières, et d'empêcher que la fumée, obscurcissant l'air, ne gêne le travail des ou

vriers.

Il y avait à Roça do Contrato un petit colombier qui, me dit-on, donnait beaucoup de pigeons. Il est étonnant que les cultivateurs de ce pays ne se ménagent pas plus souvent cette ressource alimentaire, et cependant ils le pourraient avec d'autant plus de facilité, qu'ici il n'est pas nécessaire, comme en France, de donner du grain aux pigeons, pendant une partie de l'année. En général, je ne me rappelle pas d'avoir vu élever dans les fazendas d'autres volailles que des poules. Combien cependant ne serait-il pas à désirer qu'on accoutumât à la domesticité quelques-unes de ces nombreuses et excellentes gallinacées qui habitent les forêts du Brésil. On a déjà vu que le mutúm (hocco; crax alector) était susceptible de s'apprivoiser. J'eus aussi l'occasion d'observer, dans la maison du commandant Julião, deux jacús (penelope) qui étaient entièrement privés, et dont le glonssement, plus faible que celui des poules, lui était d'ailleurs presque semblable. En faisant des essais pour accoutumer à la bassecour, soit les jacús, soit les jacutingas, les macucos, ou les mutums, il est à croire qu'on finirait par trouver quelque espèce qui ajouterait à nos jouissances et à la richesse du cultivateur 2.

Le mot guarani est mytu. Voyez Tesoro, etc.

I

2 Si les Brésiliens n'élèvent que des poules, du moins j'en ai vu dans leur pays plusieurs variétés assez remarquables

Après avoir passé un jour à Roça do Contrato, je me séparai des bons et aimables Pires, dont le ton excellent m'avait donné l'idée la plus favorable de la société de Tijuco, où ces jeunes gens s'étaient formés. En quittant Bom Fim, j'avais suivi le chemin du Sertão; pays qui commence à environ dix lieues des forges; je repris la même route, et je me dirigeai vers le nord.

Pendant quelque temps, je traversai des capoeiras qui avaient remplacé des bois vierges, et, pour la première fois, depuis Villa do Principe, je revis le capim gordura. J'appris que, dans les alentours de Rio Preto et de Rio Manso, villages très-voisins, cette graminée couvrait seule de vastes étendues de terre, et je suppose que ces campos artificiels se confondent

Mawe a déjà dit quelques mots (Travels, p. 70) de ces coqs élancés et sveltes, que l'on appelle musicos à cause de leur voix longuement prolongée. Une sorte de poule a aussi attiré mon attention par ses formes rabougries; enfin je ferai encore mention des sapateiras qui ont les jambes et les doigts entièrement couverts de plumes.

• Itinéraire approximatif des forges de Bom Fim au Sertão ou Désert :

De Bom Fim à Roça do Contrato.

Barbados, environ.

Pé do Morro (hameau).

Le Jiquitinhonha, environ.

TOTAL.

21.

3

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OBS. Peut-être serait-il possible de ne point passer par

Roça do Contrato, et, par là, d'abréger le chemin.

avec ceux mêmes de Villa do Principe, ville qui n'est éloignée que de seize ou dix-sept lieues de Rio Preto> Quoi qu'il en soit, il est clair que, lors de mon voyage, le canton de Roça do Contrato, ou, si l'on veut, le 17° 40′ environ était la limite nord du capim gordura; et il sera curieux de rechercher, dans quelques années, si cette plante ambitieuse a fait des progrès vers le nord, ou si elle s'est arrêtée au point au-delà duquel je ne l'ai plus rencontrée.

C'est en montant, par une pente assez douce, un des mornes qui dominent la fazenda de Roça do Contrato, que je traversai les capoeiras dont j'ai parlé tout à l'heure. Cependant elles cessèrent tout à coup, et firent place à des campos de graminées entremêlées d'arbres rabougris. La nature du terrain était restée la même; nous n'avions point monté d'une manière trèssensible, et, cette fois-ci encore, je ne pus découvrir aucune raison du changement qui s'était opéré. Un peu plus haut, le sol devint très-pierreux, et, au sommet du morne, j'observai plusieurs espèces de ces arbrisseaux laineux (lychnophora) dont on emploie le duvet à faire des matelas. Toutes ont des rameaux courbés comme des candélabres, et chargés, à leur extrémité seulement, d'une touffe de feuilles très-serrées. L'une de ces espèces, qui a des feuilles étroites et linéaires, ressemble absolument à nos jeunes pins d'Écosse.

Ayant descendu le morne par une pente très-pierreuse, et fait environ une lieue, je me trouvai sur la rive gauche de l'Arassuahy; et comme j'avais toujours

suivi la rive droite jusqu'au village appelé aussi Arassuahy, il est clair que j'avais tourné les sources de la rivière. Après avoir longé celle-ci pendant quelque temps, je la quittai, et je traversai à gué la petite rivière de Rio Preto, qui se jette dans la première à peu de distance du gué. Revenu sur les bords de l'Arassuahy, je ne m'en éloignai plus. Là.sa largeur est peu considérable, et, de distance à autre, des rochers noirs, qui s'élèvent de son lit, produisent de petites cascades. Ses rives ne sont point escarpées; mais, à quelque distance, s'élèvent des montagnes inégales dont le bas est couvert de bois et le haut couronné d'herbes. Çà et là on rencontre sur les bords de la rivière des habitations et des terrains cultivés. Quoique pauvres, les habitations sont assez bien tenues, et quelques-unes forment d'assez jolies paysages; mais comme la plupart de ceux que j'avais vus dans la province de Minas, ces paysages ont un aspect grave et sauvage, dû au peu de mouvement qui les anime, à la verdure généralement sombre des arbres, et à la présence des montagnes,

La fazenda où je fis halte le jour que je quittai Roça do Contrato s'appelle Barbados, et, comme tout le canton où elle est située, elle emprunte ce nom d'un ruisseau qui se jette dans l'Arassuahy.

Cette habitation, qui a quelque importance et d'où dépend un petit moulin à sucre, appartenait à un nègre libre. C'est la seule fois que j'aie vu, dans le cours de mes voyages, une propriété aussi considérable entre les mains d'un noir. L'infériorité naturelle des Afri

cains et celle à laquelle les condamne leur position sociale, s'opposent à ce qu'ils puissent acquérir des richesses, et si d'heureuses circonstances les rendait possesseurs de quelque fortune, il faudrait, pour la conserver, qu'ils luttassent sans cesse contre leur propre imprévoyance et l'astuce des hommes de notre race 1.

Il me semble voir encore, dans la cour de la fazenda de Barbados, un vieux blanc dont la tête était couverte de cheveux argentés, dont la figure était sé

• On a écrit que les nègres affranchis de Rio de Janeiro ressemblaient, sous beaucoup de rapports, aux Juifs d'Europe, qu'ils trafiquaient, trompaient, s'enrichissaient comme eux, et que la plupart affectaient un luxe qui éclipsait quel— quefois celui de leurs anciens maîtres. Je ne saurais m'empêcher de considérer ces assertions comme peu conformes à une parfaite exactitude. Les négresses libres de la capitale revendent communément de petites marchandises au détail, et sont ce que l'on appelle quitandeiras: les nègres affranchis vivent du travail de leurs mains; ils exercent les métiers qu'ils peuvent savoir, et trop souvent ils se livrent à la fainéantise et au vagabondage. On assure, à la vérité, que, surtout dans la province de Mato Grosso, l'on a vu des négresses affranchies, natives de la Côte d'Or, acquérir de la fortune; mais, comme l'on sait, les nègres de la Côte d'Or deviennent au Brésil de plus en plus rares. Ces nègres sont spécialement vantés pour leur intelligence, et, si je ne me trompe, ils ont l'angle facial plus droit que celui des autres Africains qui se vendent au Brésil; leurs traits sont moins grossiers, et diffèrent moins de ceux de la race caucasique.

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