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été sous ce rapport de peu d'utilité pour l'histoire naturelle. Cependant je vais donner ici une liste qui est le résultat des renseignemens que j'ai recueillis, et qui, faisant connaître par leurs noms vulgaires les mammifères du Sertão, facilitera, je l'espère, aux zoologistes les moyens de se les procurer. Ces mammifères sont les quadrumanes, appelés GUARIBAS (mycetes ursinus, Humb. ex Spix), et SAOIH (callitrix sciurea, Cuv. ex Spix, et probablement jacchus penicellatus, Geoff.); quatre espèces d'onças, dont la première, ONÇA PINTADA, est le véritable jaguar; dont deux autres, TIGRES et CANGUçÚS, ne sont aussi, à ce que j'ai présumé, que des variétés du felis onça '; enfin dont la quatrième, SUÇUARANA, a été rapportée par le prince de Neuwied et par M. Spix au coguar (felix concolor, L.);— quatre espèces de chats sauvages (GATOS DO MATO), qui sont le MOURISCO VERMELHO (f. eyra, Az. ex Spix) et le Mourisco preto dont le poil est uni, le PINTADO et le MARACAYA 3 qui ont le pelage tacheté ;-le Guará que l'on compare au loup d'Europe (canis campestris, Neuw. ex Spix); deux espèces de RAPOSA, l'une dite Do

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J'ai pourtant déposé à mon arrivée cent vingt-neuf quadrupèdes au muséum de Paris, sans parler de quelques-uns envoyés précédemment.

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D'après ce que dit Spix, il ne m'est plus guère permis d'en douter.

3 M. le prince de Neuwied rapporte cet animal au felis pardalis L., et écrit, conformément à la véritable orthographe guarani, mbaracaya.

4 Raposa est en portugais le nom du renard.

CAMPO et l'autre DO MATO (canis azare, Neuw. ex

Spix); le CACHORRO DO MATO, mots qui signifient -le le chien des bois; le papaMEL DO Mato (felis mellivora, Ill. suivant Olfers; mustela barbara, L. suivant Spix); - deux espèces de co▲TI, celles dites MONDÉ (nasua solitaria, Neuw. ex Spix), et de BANDO. -Les espèces de cerfs (VEADOS) sont au nombre de six, savoir les MATEIROS (cervus rufus, Ill. ex Spix), CATINGUEIROS (cerv. simplicicornis, Ill. ex Spix), CAMPEIROS (cerv. campestris, F. Cuv. ex Spix), CAMOCICAS, GALHEIROS, SUÇUAPARAS : les deux dernières espèces sont, dit-on, propres au Sertão, et les suçuaparas en particulier habitent les bords du Rio de S. Francisco; le CAMOCICA, qui n'a pas plus de deux à deux pieds et demi, est fort rare, et peut-être même son existence mérite-t-elle d'être mieux constatée. Il faut encore ajouter trois espèces de pachydermes ordinaires, Cuv. (PORCOS DO MATO), savoir: les CAITETUS, OU TAITETUS (probablement le dicotyles torquatus, Cuv.), QUEIXADOS VERDADEIROS et QUEIXADOS TIRIRICAS 1; le мocó, petite espèce dont je parlerai ailleurs (cavia rupestris, Neuw.); le CUTIA (probablement le dasyprocta aguti, Ill.); l'OURIÇO-CACHEIRO, hérisson dont les pointes sont noires et blanches (hystrix insidiosa, Licht. ex Spix); -quatre espèces de tatous, savoir: CANASTRA (dasypus gigas, Cuv.), VERDADEIRO (d. novemcinctus, L. ex Spix), PÉBA (d. gilvipes, Ill. ex Spix) et BOLA (d. tricinctus. Ill. ex Spix); - les fourmilliers

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Je n'oserais garantir l'exactitude de ce dernier nom.

appelés TAMANDUA MIRIM et BANDEIRA (myrmecophega jubata et tetradactyla, L.); — les COELHOS, nom que l'on donne en Portugal au lapin ordinaire'; quatre espèces de quadrupèdes amphibies, les PACAS (probablement l'une des espèces, ou peut-être les deux espèces appelées par F. Cuvier coelogeny brunea et rufa), le cAPIVARA, le LONTRA et l'ARIRANHA 2; — le GUAXINÍM (procyon cancrivorus. Ill. ex Spix), petit animal carnivore; - le RATO D'ESPINHA (rat épineux), qui a les poils ou du moins une partie d'entre eux rudes et piquans ; deux espèces ou probablement deux variétés de PREA (Cobaye, Cuv.), dont une est rougeâtre; -plusieurs espèces de rats; deux espèces ou variétés d'ANTA (tapir), dont une plus petite porte le nom de XURÉ 3; deux espèces de sarigue, l'une appelée SAROHÉ, et l'autre, rayée de noir et de blanc, appelée GAMBÁ ; — enfin le JARITATACA (la mouffette, mephitis foeda, Ill.). Ce dernier est un petit quadrupède qui s'introduit dans les fazendas pour manger la volaille, et qui, comme l'on sait, lance une liqueur extrêmement puante. A Boa Vista da Barra do Calhao', un de ces animaux avait lâché la liqueur fétide dans une petite chambre où j'entrai. On avait lavé ; on avait

Je ne saurais dire si les Sertanejos reconnaissent une seule ou plusieurs espèces de coelhos. Le coelho ou l'un des deux, s'il y en a plus d'un, ne peut être que le tapeti (lepus brasiliensis, L.)?

- Très probablement deux espèces ou variétés du genre -lutra.

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3 M. Spix considérait le xuré comme une espèce distincte.

TOME II.

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fait des fumigations; plusieurs jours s'étaient écoulés, et cependant l'odeur se faisait sentir encore d'ane manière très-désagréable.

Ce serait sortir de mon sujet que de citer les oiseaux qui animent et embellissent les solitudes du Sertão. Je ne puis cependant m'empêcher de dire un mot du seriema1, grande gallinacée que l'on rencontre trèscommunément dans les campos de cette vaste contrée, et qui ressemble à une petite autruche. La première fois que je vis cet oiseau, son plumage et la vitesse de sa course me le firent prendre de loin pour un jeune chevreuil. Le chant des seriemas est un gloussement qui ressemble à celui du dinde, mais qui est plus grave, plus aigre et beaucoup moins précipité. Ces oiseaux vont ordinairement deux ou trois ensemble; ils font leur nid dans les arbres, et ne pondent que deux œufs 2.

Le temps des insectes est dans le Sertão de courte

1 Le cariama des naturalistes. Voyez sur cet oiseau un mémoire de M. le prince de Neuwied dans la collection de l'Académie de Bonn.

On m'assura, lorsque j'étais à Contendas,, que les emas font, plusieurs ensemble, des trous dans le sable, y pondent leurs œufs et les laissent couver par le soleil. Les œufs d'avestrús (autruche) que j'ai vus moi-même à peu de distance de l'Uruguay, étaient simplement placés par terre sur d'herbe. L'avestrús de Rio Grande et l'ema de Minas Geraes seraient-elles deux espèces différentes? et faudrait-il par conséquent admettre dans le Brésil deux sortes d'autruche (churi des Guaranis)?..

un peu

durée, et il était passé à l'époque de mon voyage. Mais, si j'en puis juger par une collection qui m'a été envoyée par M. le curé de Contendas, les entomologistes trouveraient dans cette contrée des espèces très-curieuses.

J'ai peint le Sertão tel qu'il est aujourd'hui, et les détails de mon voyage achèveront de le faire connaître. Avec le temps cette contrée cessera d'être déserte. Vivant sous un climat chaud, et ayant par conséquent peu de besoins, ses habitans ne montreront sans doute jamais l'activité des peuples septentrionaux de l'Europe ou de l'Amérique boréale; mais, devenus plus nombreux, ils ne pourront plus rester dans la même indolence. Le Sertão connaîtra des ressources nouvelles, et en même temps il lui restera toujours de gras pâturages, des terres fertiles, et un fleuve qui, navigable dans une immense étendue, établira d'utiles communications entre le pays et l'Océan.

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