Imágenes de páginas
PDF
EPUB

L'une d'elles mourut en route. L'autre arriva, et on lui fit quelques marques sur le corps. Peu de jours après on cessa de la voir, et on la crut perdue. Cependant, sept ans plus tard, on la retrouva sur le bord du Rio de S. Francisco, et c'était précisément à l'endroit où on lui avait fait passer ce fleuve pour la transporter à Contendas.

Après avoir quitté Contendas (15 août), je traversai encore des campos, et pendant quelque temps je suivis une vallée, qui doit être délicieuse dans la saison des fleurs. Les collines qui la bordent sont couvertes d'arbres rabougris, épars çà et là ; et ceux de la vallée, plus grands et plus rapprochés, offrent le même as

pelés vulgairement dans les Mines abelhas. Je crois que le polystes lecheguana dont j'ai parlé dans ma relation d'un empoisonnement, etc. (voy. l'Histoire des Plantes les plus remarquables, etc.), n'appartient point à cette province, au moins je n'ai aucun souvenir d'y avoir entendu parler de cette espèce. Dans tous les cas, il est vraisemblable que l'on n'y donnerait pas au lecheguana, qui a un aiguillon, le nom d'abelha, MM. Spix et Martius disent (Reis. 553) que les divers miels du Sertão présentent entre eux de grandes différences, et que quelques-uns sont un véritable poison, tels que celui de l'abeille munbubinha dont la couleur est verte et qui purge violemment. Les Sertanejos, ajoutent les mêmes savans, ont observé que le miel de la même sorte d'abeille est nuisible et utile dans les différentes saisons de l'année, se-lon qu'il a été recueilli sur telle ou telle espèce de plante. Ceci confirme entièrement ce que j'ai écrit dans le récit de mon empoisonnement par le miel de la guêpe lecheguana.

pect que ces arbres fruitiers que l'on voit dans les prairies de quelques provinces de France. Le chemin n'est qu'un sentier tortueux; mais des gazons le bordent à droite et à gauche, et, de chaque côté, les arbres ne commencent guère qu'à sept à huit pieds du sentier, comme s'ils eussent été plantés par la main des hommes. Cependant la vallée finit par devenir un vaste marécage, dont le milieu présente un cordon d'arbres serrés, du vert le plus agréable. De distance en distance, des groupes de boritys s'élèvent au milieu du marais; ils sont très-rapprochés les uns des autres, et les lanières, tantôt droites, tantôt pendantes de leurs feuilles en éventail, forment des masses épaisses d'un vert luisant et foncé. Un ou deux individus, plus grands que les autres, se montrent orgueilleusement au-dessus de ces touffes, et semblent des rois entourés de leurs sujets. Des troupes d'aras aux ailes bleues, à la poitrine dorée (psittacus ararauna), vivent au milieu de ces palmiers pour en manger les fruits, et partagent cet asile avec une autre espèce moins commune, qui est entièrement bleue et ne va que par paire (psittacus hyacinthinus)1.

Le bority n'est pas le seul palmier qui croisse dans

Le psittacus hyacinthinus est le véritable ararauna des Brésiliens, et, au contraire, le psittacus ararauna des naturalistes, qui a le ventre jaune, est connu au Brésil sous le nom de canindé ou arara azul. A la vérité, c'est l'ara à yentre jaune que Marcgraff appelle ararauna; mais cet auteur ş'est certainement trompé. En effet, ararauna, dans la lan

le Sertão. Avant même d'arriver à la fazenda de S. Éloi, j'avais déjà vu une espèce qu'on appelle cabeçudo (cocos capitata, Mart. 114, t. 78, 79), et je la rencontrai en grande abondance jusqu'à mon arrivée au village de Contendas...

Une autre espèce très-élégante, le macauba (acrocomia sclerocarpa, Mart. p. 66, t. 56), se trouve tout à la fois dans le Désert et dans quelques autres parties de la province des Mines. Ses tiges, parfaitement droites, peuvent avoir trente-cinq à quarante pieds de haut, et un pied et demi de diamètre. Elles sont revêtues, dans toute leur longueur, de grandes écailles embriquées, triangulaires, épineuses, qui ne sont autre chose que la base persistante des pétioles et qui tombent quand l'arbre devient vieux. Celui-ci se termine par une large touffe de feuilles nombreuses, ailées, ovales-alongées, arquées, pliées en gouttière et d'un vert luisant. Le pétiole et l'axe des feuilles sont parsemés d'épines. Le fruit, qui est rond, d'un vert rougeâtre, lisse et luisant, peut avoir un pouce et demi de diamètre. Sous une écorce compacte, dure, épaisse d'environ une ligne, à peu près de la consistance de celle de la grenade, se trouve une pulpe d'un jaune tirant sur le vert, épaisse d'à peu près cinq

gue des Indiens, signifie ara noir, et il est bien évident que, dans aucun pays, on n'a pu donner le nom de noir à un oiseau qui a le dos d'un bleu d'azur avec le ventre d'un jaune doré, tandis que ce même nom s'applique très-bien aux teintes uniformes et foncées du ps. hyacinthinus.

lignes, chanvreuse, un peu gluante; et enfin dans la pulpe est un noyau gros comme une petite noix, un peu anguleux, noirâtre, extrêmement dur, épais de deux lignes, et revêtu intérieurement d'une pellicule jaunâtre. A l'intérieur du noyau se voit une petite amande blanche, d'un très-bon goût, revêtue d'un tégument roussâtre. Dans les environs de Santa Luzia et ailleurs, on tire de la pulpe du fruit du macauba une huile abondante, qui sert à éclairer et à faire du 'savon, et de l'amande on extrait une autre huile bonne à manger '.

Le macauba me conduit naturellement à parler du pao pobre, ou puta pobre, qui a aussi des semences oléagineuses, et que l'on peut considérer comme l'un des arbres les plus utiles du Sertão. Lors de mon voyage, cet arbre était dépouillé de ses feuilles, mais ses fruits trigones, très-obtus au sommet, lisses, divisés en trois loges monospermes, presque semblables enfin à ceux du palma christi, me font croire que la plante appartient à la famille des euphorbiacées, et ce qui achève de me confirmer dans cette opinion, c'est que l'huile du pao pobre a une vertu purgative. Cette huile que l'on brûle et dont on fait du savon, s'obtient d'ailleurs de la même manière que celle du ricin. M. Nogueira Duarte m'accompagna jusqu'à l'habita

à ma

La propriété qu'a le fruit du macauba de donner de l'huile, rend ce palmier extrêmement remarquable; car, s'il existe une foule de semences oléagineuses, l'olivier est, connaissance, le seul arbre dont le péricarpe ait été signalé jusqu'ici comme fournissant de l'huile.

tion de Tamanduá1, qui est située à cinq lieues du village de Contendas, et me donna, avant de me quitter, un seriema qu'il venait de tuer, et qui fait à présent partie de la collection du muséum de Paris. Malgré la distance des lieux, j'ai encore eu des rapports avec cet excellent ami, et deux fois j'en ai reçu des plantes desséchées.

Entre Tamanduá et la petite habitation de Tapera (maison ruinée), qui en est éloignée de trois lieues et demie, j'eus encore à me plaindre beaucoup de la chaleur et de la sécheresse. Quand je trouvais quelques plantes en fleurs, c'était presque uniquement dans les endroits marécageux, où cependant presque tous les végétaux étaient aussi brûlés.

Les marais de ce canton où il y a le plus d'eau, servent de repaire à des sucurys ou sucuriús (boa murina, L. ex Spix et Mart.), ces énormes serpens qui atteignent trente à quarante palmes, mais qui, je pense, sont aujourd'hui moins nombreux qu'autrefois. Les Mineiros ne craignent point de livrer des combats à ces monstres, et ils en sortent victorieux. On tanne la peau du sucuriú, qui est épaisse et couverte de larges écailles, et l'on s'en sert pour couvrir des malles, pour faire des bottes et des housses de chevaux 2.

1 Tamanduá est le nom du fourmillier. Il ne faut pas confondre l'habitation dont il s'agit ici avec la petite ville de Tamanduá qui est située à l'entrée du Sertão dans la comarca du Rio das Mortes, et dont je parlerai dans ma troisième Relation.

2

N'ayant pas

été assez heureux pour

voir le sucuriú vi

« AnteriorContinuar »