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tan'. Cette dernière espèce ne se prend presque jamais à l'hameçon.

Ce fut, comme je l'ai dit, à Capão do Cleto que j'admirai pour la première fois le Rio de S. Francisco.

Muséum de Paris : elle est fort remarquable par ses écailles adhérentes qui forment une sorte de cuirasse.

On est souvent très - embarrassé pour l'orthographe des noms brésiliens de lieux, d'animaux et de plantes, qui ont été si peu écrits. Consulter l'étymologie indienne serait peutètre le moyen le plus sûr de ne pas s'égarer; mais cela n'est probablement pas toujours praticable, et d'ailleurs il y a des cas où l'usage doit l'emporter sur l'étymologie elle-même. La prononciation n'est pas non plus un guide parfaitement sûr, car non-seulement elle peut varier suivant les lieux, mais encore il est des sons que l'orthographe portugaise ne rend pas toujours d'une manière bien fixe; ainsi, l'e a souvent le son de l'i, l'o celui de l'u, etc. Quoi qu'il en soit, je crois qu'il faut, pour la manière de rendre les sons par les lettres, se rapprocher autant que possible de l'unité, et, dans ce cas, les Brésiliens me paraissent avoir le droit de guider les étrangers, toutes les fois que le bon sens ne contrarie pas trop leur orthographe. Me conformant à la prononciation, j'avais écrit, dans mes notes, cruvina et grumatan; mais, d'après le principe que je viens d'admettre, je crois devoir sacrifier cette orthographe pour emprunter celle de M. Pizarro. Ce sont certainement les mots que cet historien - géographe et moi nous écrivons surubý et curvina, que M. Martius a écrit sorubim et gorubina. Quant au mot piau, je l'écris comme ce dernier, et non piao, ainsi que l'a fait l'auteur des Memorias; parce qu'il ne serait pas conséquent de mettre piao, tandis que piauhy, qui en est un composé, est adopté généralement,

Je fus reçu avec hospitalité par le propriétaire de Capão, M. le capitaine CLETO, et je passai quelques jours dans sa maison.

M. Cleto descendait d'un des paulistes qui les premiers vinrent se fixer sur les bords du fleuve au-dessus et au-dessous de Capão. Ceux-ci ne faisaient point partie des bandes qui prirent la fuite au combat du Rio das Mortes. C'étaient deux cousins, MATHIAS CARDOSO et MANOEL FRANCISCO DE TOLEDO, hommes puissans, qui, après avoir tué un ouvidor, s'enfuirent de leur patrie avec leur famille et leurs esclaves. Ils trouvèrent dans les environs de Capão une peuplade indienne, celle des Chicriabas ou Xicriabas; ils lui firent d'abord la guerre, mais ensuite ils traitèrent avec elle, et conclurent la paix. Le roi accorda aux deux cousins la propriété de l'une et l'autre rive du Rio de S. Francisco dans toute l'étendue qu'ils pourraient parcourir pendant un jour en s'embarquant sur le fleuve, et de plus il donna à l'un des cousins le titre de mestre de camp des Indiens pour deux générations. Mathias Cardoso et Manoel Francisco de Toledo avaient, à ce qu'il paraît, réduit un grand nombre d'Indiens en esclavage, comme cela se pratiquait alors; ils se servirent de ces malheureux pour former des fazendas et pour bâtir plusieurs églises, entre autres celle de Morrinhos dont j'ai déjà parlé. Ce fut la suppression de l'esclavage des Indiens qui porta le premier coup aux

Je diffère avec un écrivain très-estimable, M. l'abbé Pizarro, sur la fondation de Morrinhos; mais j'ai cru devoir

deux familles. Peu à peu elles vendirent leurs immenses possessions, et leur descendant, le capitaine Cleto, ne me parut avoir qu'une fortune médiocre. Il ignorait en quelle année Cardoso et Toledo étaient arrivés sur les rives du S. Francisco; mais il avait trouvé dans des papiers de famille une lettre datée de 1712, qu'un des cousins écrivait à l'autre des bords mêmes du fleuve. Aujourd'hui l'on ne voit plus d'Indiens dans les alentours de Capão. Les descendans de ceux qui jadis habitaient ce pays se sont retirés ailleurs, mais toujours sur le bord du fleuve, et ils ont bâti un aldea qui porte le nom de S. João dos Indios'. Ces Indiens se sont alliés avec des nègres et des métis; cependant, à l'époque de mon voyage, ils réclamaient du roi le privilége d'être jugés par l'un d'entre eux, privilége que la loi n'accorde, je crois, qu'aux véritables Indiens. Au reste, quoique les hommes qui résultent de tels croisemens soient bien inférieurs aux individus de notre race, le mélange des Indiens avec les nègres et les mulâtres libres doit être encouragé, ainsi que je l'ai dit ailleurs, comme le plus sûr moyen de conserver à la population et d'y incorporer ce qui existe encore des peuplades indiennes 2.

m'en tenir à des renseignemens pris dans le pays même, chez un homme grave, descendant d'un des premiers fondateurs. Il est situé à 16 1. nord de Salgado. Piz.

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⚫ Ce n'est pas seulement à S. João dos Indios qu'il existe des Chicriabas, ou du moins des descendans mélangés de cette peuplade. On verra, dans ma troisième Relation, qu'en revenant de Goyaz pour me rendre à S. Paul, je passai,

Je voulais, au bout de deux jours, quitter le capitaine Cleto; mais il était déjà fort tard quand on parvint à réunir mes mulets, qui se dispersaient davantage depuis qu'ils ne trouvaient plus que de l'herbe desséchée. Mon hôte m'engagea à passer encore la journée chez lui, et il fallait tant de courage pour se mettre en route par l'excessive chaleur qu'il faisait, que je consentis sans peine à différer mon départ.

Malgré cette chaleur, j'allai herboriser sur le bord d'un de ces lacs qui conservent de l'eau après que le fleuve est rentré dans son lit, et qui sont si nombreux dans cette contrée. Ce lac pouvait avoir une demi-lieue de tour. Ses eaux fangeuses et blanchâtres exhalaient une odeur marécageuse; il était entouré de ces mimoses à fleurs odorantes, ainsi que de ces bauhinia à petites feuilles dont j'ai déjà parlé; et la terre était desséchée et crevassée jusque sur ses bords. Dans toutes les parties du lac où l'eau était basse, on voyait en grande abondance la plante à belles fleurs bleues disposées en épis à laquelle on donne le nom de golfo, et que l'on dit médicinale (pontederia?). Une prodigieuse quantité de piranhas bondissaient dans les eaux, et de nombreuses tribus d'oiseaux aquatiques nageaient sur leur surface ou se

non loin de la belle cascade de Fornas, par le village de Santa Anna, habité par des Indiens chicriabas dont la langue paraît être singulièrement systématique. (Voyez ce que j'ai déjà dit à ce sujet dans l'Introduction à l'Histoire des Plantes les plus remarquables, etc.)

promenaient sur leurs bords. C'étaient des jabirus, des bandes de plusieurs espèces de canards, des hérons blancs, des hérons gris, etc. Au milieu de ces oiseaux se faisait distinguer la belle espèce connue dans le pays sous le nom de culhereira (platalea ayaya, L.). Son corps est d'un rose tendre, qui devient plus foncé à l'extrémité des ailes; sa queue est plus courte que ces dernières ; son long cou est revêtu d'un duvet blanc; la partie supérieure de la tête, dépourvue de plumes, est simplement recouverte d'une peau d'un vert jaunâtre, et le bec assez long a absolument la forme d'une spatule. Mon domestique Prégent tua un individu de cette espèce; il tua aussi un de ces échassiers qu'on nomme dans le pays guarauna', et enfin un de ces grands hérons gris qu'on appelle socó boi (héron boeuf), parce qu'ils surpassent les autres espèces en force et en grandeur,

Auprès du lac dont je viens de parler, je vis un grand arbre qui est un de ceux dont on mange les fruits dans le Sertão et qu'on appelle quiruiri (myrtus quiruiri, N.). Il est touffu; ses rameaux sont trèsrapprochés, commencent à cinq ou six pieds de terre et forment une large tête arrondie. Cet arbre, qui ap

Il m'a semblé que l'on prononçait, dans le pays, carauna; mais ce ne peut être que guarauna, oiseau noir, nom que cette espèce doit à sa couleur. J'en ai rapporté un ou plusieurs individus qui doivent se trouver au Muséum de Paris. Je pense que les ornithologistes les auront rapportés au genre ibis.

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