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Aldea d'Alto dos Bois; sa position; maisons qui le composent; caserne; tronco; Lornilho; maison du commandant. Histoire des Macunis. Leurs traits. Leur langage. Leur religion. Leurs mœurs. Superstition. Industrie. Caractère. - Femmes des Macunís. Leurs occupations; potefilet. Pêche des moules. Accouchemens. Noms donnés aux enVêtemens. Chevelure. Peigne. Ameublement des maisons.

rie;

fans.

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Danse. Chants. Maladies. Réflexions générales sur

-

les Indiens. Excursion. Bois parcouru par les enfans macunís. Embus

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cades. Cabanes que les Macunís font dans les bois. Bracelets.

Guerre

contre les Botocudos. Anthropophagie. Avantages de la situation d'Alto dos Bois. Productions du pays. Route d'Alto dos Bois à Villa do Fanado. Vol d'un couteau. Nid singulier. Domaines d'une grande étendue.

L'ALDEA d'Alto dos Bois (la hauteur des boeufs) est situé un peu au-dessous du sommet d'un morne découvert, sur une petite plate-forme inclinée. Il domine une vallée assez profonde, et lui-même est dominé par une suite de mornes inégaux qui forment, autour de lui, une espèce de cercle. Sur les moins élevés de ces mornes croissent des herbes entremêlées de petits arbrisseaux; les autres ont leurs flancs couverts de bois vierges très-épais et très-sombres, tandis

que leur sommet n'offre qu'un gazon jaunâtre et presque ras.

En entrant dans l'aldea, je vis, à la porte de la première maison, trois ou quatre femmes indiennes accroupies sur la terre. Elles n'avaient pour tout vêtement qu'une jupe de coton sale, grossièrement tissue, et leur chevelure noire et épaisse retombait, sans la moindre ondulation, sur leurs épaules d'un bistre foncé. Depuis Ubá, je n'avais point encore eu sous les yeux un semblable spectacle.

L'aldea se compose de maisons, ou plutôt de cahuttes, toutes séparées les unes des autres, et dispersées çà et là et sans ordre. Ces demeures, qui appartiennent aux Macunis, sont très-petites, basses, presque carrées, et n'ont d'autre ouverture que leur entrée. Pour la plupart, elles sont couvertes avec les longues feuilles de deux palmiers qui croissent dans les bois, et que l'on connaît, l'un sous le nom d'ariranga, et l'autre sous celui de catulé. Ces feuilles forment un abri impénétrable aux eaux du ciel; mais elles donnent aux toits un air agreste et négligé que n'ont point ceux des chaumières de France ou d'Allemagne. Les murs des maisons des Macunís sont en général construits, suivant l'usage des Brésiliens-Portugais, avec des bâtons croisés et de la terre glaise d'une couleur rouge. Cependant les Macunís, beaucoup moins soigneux que les Portugais, paraissent peu

1 On a vu qu'à S. João, la terre des maisons avait une

autre couleur.

s'inquiéter de choisir des perches droites et égales, et ils ne prennent pas même la peine de cacher ces perches avec l'argile, se bornant à boucher grossièrement les trous qui restent entre elles. D'autres cahuttes, moins soignées encore, ont été bâties sans terre, et les espaces vides, que laissent entre eux les bâtons croisés, sont remplis par des branches d'arbres ou des feuilles de palmiers; il est enfin de ces chétives demeures qui sont simplement formées par des perches verticales que l'on a rapprochées les unes des autres, et que l'on a garnies de nattes à l'intérieur. La porte est toujours remplacée par une natte qu'on enlève et qu'on remet à volonté ; et, d'un côté de l'ouverture à l'autre, on a soin de planter des pieux pour empêcher les cochons, très nombreux dans l'aldea, de pénétrer dans l'intérieur de la maison.

Le bâtiment qui sert de caserne aux soldats cantonnés à Alto dos Bois, a été construit par eux, et ressemble à une grange. Il est beaucoup plus élevé que les cahuttes des Indiens; mais d'ailleurs ses murs, comme ceux de plusieurs d'entre elles, sont simplement formés par de grandes perches serrées les unes contre les autres, et revêtues en dedans de nattes de bambous.

Dans cette caserne, comme dans celle de Passanha, je vis l'instrument de supplice appelé tronco, dont on se sert pour punir les soldats ou tout autre individu coupables. Entre quatre pieux sont placées, l'une sur l'autre, horizontalement et de champ, deux grandes planches extrêmement épaisses et d'un poids énorme.

Chaque planche présente, dans un de ses bords, des entailles demi-circulaires, faites de manière que les entailles de l'une répondent à celles de l'autre et forment un rond parfait. Lorsqu'on veut punir un homme, on lève la planche supérieure ; le coupable passe ses jambes dans deux des entailles de la planche inférieure, et sur celle-ci on laisse tomber la première. Si la faute a été grave c'est le cou que l'on fait mettre ainsi entre les deux planches '.

En arrivant à l'aldea, je me rendis chez le commandant, dont la maison, un peu plus haute que les autres, n'est pas d'ailleurs construite avec plus d'art. C'est encore une espèce de grange obscure, qui ne reçoit de jour que par l'entrée. Une cloison faite avec des nattes forme d'un côté la cuisine et de l'autre la chambre à coucher. Des bancs, une table mal jointe, quelques-uns de ces lits rustiques qu'on appelle giraos, composent tout l'ameublement de cette misérable demeure. Devant la maison est une cour entourée de pieux; au fond de la cour, on voit une petite grange destinée à recevoir du maïs, et, devant cette grange, était, lors de mon voyage, uu berceau de cucurbita lagenaria, d'où pendaient des fruits beaucoup plus gros que tous ceux que j'avais vus en Europe.

Le commandant, M. JOÃO DE MAGALHAES, me reçut avec beaucoup de politesse, et me logea dans une pe

Dans l'une des divisions militaires, j'ai vu infliger une punition beaucoup plus barbare, le tornilho. Voici en quoi consiste ce genre de supplice. On place une arme sur le cou

tite maison qui n'était point occupée. Ce militaire jeune encore, avait une figure extrêmement agréable ; il était père de deux enfans, et paraissait les aimer avec tendresse. Il avait chez lui deux petits Botocudos qui avaient été pris dans les forêts des environs. L'un était âgé de trois ou quatre ans ; l'autre, qui en avait sept, rendait déjà de petits services; il riait toujours, était fort docile, et montrait une extrême complaisance pour les enfans du commandant.

Il n'y a pas plus de vingt-trois ans que s'est formé l'aldea d'Alto dos Bois. En 1787, il ne se trouvait dans ce canton que trois colons portugais, et leur nombre n'a pas augmenté depuis cette époque. Un jour, me raconta l'un d'eux, qui avait d'abord demeuré à une demilieue de l'aldea, un jour, dis-je, ces colons virent arriver trois Indiens de la nation des Macunís. On les reçut bien, on leur donna des haches, et ils s'en retournèrent. Cependant, l'année suivante, la nation entière se présenta parmi les Portugais, et elle était accompagnée des Malalís qui, comme on l'a vu, sont aujourd'hui à Passanha. Ces peuplades venaient se réfugier au milieu des hommes de notre race, pour éviter la poursuite des Botocudos, ennemis de toutes les autres nations indiennes. Alors les Macunís n'avaient aucune idée de civilisation; les hommes et les femmes ignoraient l'usage des vêtemens ; une simple ficelle suffisait pour rassurer la pudeur des premiers, et c'était seule

du coupable, et une autre sous ses jarrets, et ensuite on lie ensemble ces armes avec des courroies, de manière que le corps du patient forme une espèce de boule.

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