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permettait aux personnes munies de passe-ports de sortir de la province des Mines; mais comme il était défendu d'y entrer, les habitans des salines ne quittaient plus leur pays; ils avaient cessé d'apporter du sel sur les bords du fleuve, et les propriétaires de Salgado et de S. Rumão restaient embarrassés de leurs denrées. On avait établi sur les bords du Rio de S. Francisco un poste de gardes nationaux (milicianos) à cheval, et l'on avait formé une ligne qui correspondait de ce poste jusqu'à Villa Rica. Lors de mon voyage, tous les chevaux du pays étaient déjà ruinés, et l'on se voyait obligé d'avoir recours aux mulets. Tout cela se faisait avec une régularité, avec une soumission que je ne me lassais point d'admirer. Puisse ce peuple porter le même esprit dans la conservation. des institutions libres qu'il a acquises depuis cette époque !

La position de Salgado n'est pas seulement avantageuse pour l'agriculture et le commerce, elle est encore très-favorable à la santé. Comme les eaux du S. Francisco, ne se répandent point dans les environs de ce village, ses habitans ne sont pas sujets aux fièvres qui font de si cruels ravages en d'autres endroits voisins du fleuve, et un auteur estimable assure que l'on trouve à Salgado beaucoup de centenaires. Ce sont sans doute ces avantages réunis qui ont attiré tant de blancs à Salgado : il ne m'était pas arrivé depuis longtemps d'en voir un aussi grand nombre...

Je profitai de mon séjour à Salgado pour faire quelques herborisations dans ses alentours. Entre le vil

lage et les mornes qui s'élèvent derrière lui, je trouvai plus de plantes en fleurs que je n'en avais vu depuis long-temps sur l'autre rive du S. Francisco; mais je fus moins heureux dans d'autres promenades, qui à la vérité furent très - courtes. Quoique la terre fût un peu moins sèche que de l'autre côté du fleuve, à peine apercevais-je de loin en loin quelques plantes fleuries. Cependant il est à observer que, sans qu'il fût tombé une seule goutte de pluie, il y avait déjà dans les campos plusieurs arbres rabougris qui s'étaient revêtus de feuilles nouvelles, tels, par exemple, que le cagaiteira (myrtus dysenterica Mart.), le raiz de tiú, arbre laiteux et purgatif (jatropha opifera Mart.), l'unha de anta (légumineuse, etc.) Ceci prouve que si les pluies accélèrent le retour de la végétation chez les arbres qui perdent leur feuillage, elles ne sont pas indispensables pour amener ce retour, et qu'il peut être le résultat de causes qu'il nous est impossible de déterminer.

J'eus occasion de me promener avec un homme qui m'indiqua plusieurs plantes usuelles. Dans cette contrée où il n'y a point de médecins, on trouve dans un grand nombre de villages des vieillards qui s'appliquent à connaître les végétaux utiles, qui recueillent les traditions de leurs devanciers, font quelquefois des expériences, et donnent des conseils aux malades.

Parmi les plantes médicinales que l'on me montra pendant mon séjour à Salgado, je citerai un sous-arbrisseau que l'on nomme tipi. On m'assura que sa racine était excellente contre les douleurs internes,

mais il me fut impossible de savoir de quelles douleurs il s'agissait. Ce qu'il y a de certain, c'est que cette racine a, comme la tige, le même goût que quelqu'une de nos crucifères les plus stimulantes *.

Dans une de mes herborisations, je m'étais arrêté, pour cueillir une plante, auprès d'une touffe épaisse de graminées desséchées ; et là, j'entendis un bruit semblable à celui que ferait du sable jeté sur du papier. Ce bruit cessait un instant, mais recommençait ensuite; je m'avisai de remuer les herbes, en secouant avec la main les tiges les plus élevées, et chaque fois que je répétais ce mouvement, le même son se faisait entendre avec plus de vivacité. J'étais sur le point d'enfoncer la main dans la touffe de graminées; mais la prudence m'arrêta. Je pris une branche sèche, et au premier coup que je donnai sur l'herbe, je distinguai très-bien, quoiqu'il commençât à faire un peu nuit, un animal grisâtre qui s'élevait au-dessus de la touffe par un mouvement d'ondulation. Je ne pus douter alors que ce ne fut un serpent à sonnettes, et il était évident que le bruit qui avait frappé mon oreille était celui qu'avait fait le reptile en agitant sa queue.

1 Pison (lib. IV, p. 115) fait aussi mention d'une plante médicinale appelée tipi, et dit que, de son écorce, on tire un mucilage dont on frotte avec succès les membres des adultes qui éprouvent des douleurs vagues aux articulations. Pison ne décrit point le tipi, et se contente de dire que c'est un arbrisseau, frutex arborescens ; mais ces mots suffisent pour prouver que le tipi n'est point une aroïde sans feuilles, comme l'avait pensé le célèbre Jussieu. (Dic. Nat., vol. LIV, p. 391.)

TOME IT.

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C'est ainsi que par un peu de prudence j'échappai à une mort presque certaine.

Peu de jours avant mon arrivée à Salgado, mon hôte avait perdu un de ces oiseaux appelés urubú rey (le vautour-roi), dont on raconte tant de merveilles. Il était très-privé, et refusait la viande salée ou cuite. Quoique je n'aie pas vu cet animal, je ne saurais douter qu'il appartînt au roi des vautours de Buffon (sarcoramphus papa Dum.). Quoi qu'il en soit, on prétend dans les Mines que l'urubú rey s'attache à une troupe de grands vautours noirs, et que ceux-ci lui accordent une sorte de supériorité. On ajoute que ces derniers ne touchent jamais à une bête morte avant que leur chef en ait goûté; que le vautour-roi commence par manger les yeux, et que les autres vautours se mettent ensuite à dévorer le corps. Les naturalistes n'ont pas besoin d'être mis en garde contre ces fables, qui, au Brésil, ont fait douter à quelques personnes de l'existence, pourtant bien certaine, de l'urubú rey.

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Fazendas de dous Verdes. — Quadrupède appelé mocó.

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Usage

pénible pour les voyageurs. Pedras dos Angicos, village; sa situation et ses habitans.. Fourmilion.-L'auteur abrège son voyage dans le Sertão. - Premières pluies.

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Logrador, petite habitation.

Canoas, habitation.

Sucre. Coton. Hospitalité. Campos incendiés.

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Charrue. Macauba, habitation. Mangeurs de terre. Rancharia, habitation. Piauhy, rivière. Pont brûlé. Santa Clara, habitation. Observation sur la végétation des palmiers.

SALGADO, où j'avais trouvé l'hospitalité la plus aimable, fut le terme de mon voyage dans la partie septentrionale du Sertão. Je quittai ce village le 29 août 1817 pour me rendre dans le District des Diamans',

Itinéraire approximatif de Salgado au District des Diamans, en passant par les villages de Pedras dos Angicos et Coração do Jesus:

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