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que

l'on doit naturellement considérer comme les meilleures, sont donc celles que l'on appelle de dous verdes (de deux verts), et qui, réunissant des catingas et des brejos, offrent toute l'année de l'herbe fraîche. Le nom de brejo se donne aux lieux bas et humides situés sur les bords des sources et des ruisseaux, et c'est là que dans les fazendas de dous verdes les bêtes à cornes vont chercher leur pâture, lorsque le soleil a desséché les herbes des catingas.

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Un peu avant d'arriver au village de Pedras dos Angicos, je passai dans un endroit où il y avait beaucoup de grandes pierres, et j'y vis une prodigieuse quantité de mocós, petit quadrupède que je n'ai point aperçu ailleurs que dans le Sertão. Cet animal, qui appartient au genre cavia, Ill., peut avoir sept à huit pouces de longueur; sa chair est bonne à manger; il habite en société les fentes de rochers, nourrit de feuilles, et quoiqu'il coure avec une grande promptitude, il s'éloigne peu de sa demeure. Quand il s'arrête, il montre une sorte de gentillesse, et regarde à droite et à gauche, comme pour voir ce qui se passe. Son cri ressemble à celui du cochon d'Inde '.

il se

Si entre Capão do Cleto et Riachão de Cana Brava, nous avions souffert de la soif, nous eûmes le lendemain, Prégent et moi, à nous plaindre de la faim."

par

Le mocó a été décrit M. Fréd. Cuvier sous le nom de kerodon, d'après un ou plusieurs individus que le Muséum de Paris a reçus de moi. M. le prince de Neuwied l'a décrit de son côté sous le nom de cavia rupestris.

Nous ressentant sans doute encore des fatigues de la veille, nous avions peu mangé avant de quitter Cana Brava. L'homme qui nous reçut à Pedras dos Angicos était trop hospitalier pour permettre que nous fissions chez lui notre cuisine à part. Mais il existe dans ce pays un usage cruel. On n'offre jamais rien au voyageur qui arrive; on le reçoit très-bien sans doute, mais il faut qu'il attende patiemment l'heure des repas du maître de la maison. Ainsi, le jour que j'arrivai à Pedras dos Angicos, je fus obligé de me contenter jusqu'à la nuit du chétif déjeûner que j'avais fait le matin, et d'un peu de biscuit que je tirais de ma poche à la dérobée pour n'être pas aperçu de mon hôte. Je ne sais pas, à la vérité, ce qu'on pourrait offrir ici à un homme qui se présente sans être attendu, car l'on n'a ni pain, ni fruits, ni fromage, ni viandes froides.

Le village de Pedras dos Angicos (pierres des angicos, légumineuse dont j'ai parlé p. 361) dépend encore de la paroisse de Morrinhos, et est situé sur une petite plate-forme, qui s'élève d'une vingtaine de pieds au-dessus du Rio de S. Francisco. Il doit son nom de Pedras à des rochers qui soutiennent la plate-forme où il a été bâti, et qui se montrent sur le bord du fleuve. Celui-ci coule majestueusement au bas du village; il se perd dans un immense lointain, et, sur sa rive gauche, sont des catingas peu élevées, qui forment un cordon de verdure. Une telle position est agréable sans doute; mais d'ailleurs Pedras dos Angicos ressemble plus à un aldea d'Indiens qu'à un village d'hommes de notre race. Sur le devant de la

plate-forme, on a construit une petite église, et autour d'elles sont disposées sans ordre une vingtaine de chaumières. Les habitans de cette espèce de hameau passent leur vie dans la misère et l'indolence, et ils mourraient de faim sans la pêche, qui, sur les bords du Rio de S. Francisco, est si abondante et și facile.

Le jour que j'arrivai à pedras dos Angicos, j'eus occasion d'observer un insecte que j'avais déjà rencontré dans la province des Mines, et qui, à en juger par ses mœurs, doit être un formicaleo. Comme le fourmilion, cet insecte se creuse un cône dans les lieux où l'on trouve le sable le plus fin. Plusieurs fois, mais inutilement, j'avais essayé de prendre ces petits animaux en passant la main au-dessous de leur gîte. Près de Pedras dos Angicos, je m'avisai de placer un brin de paille au milieu d'un cône, et je vis l'insecte jeter du sable avec sa tête par - dessous le brin de paille afin de le repousser contre la paroi de sa demeure.

J'avais d'abord eu l'intention de suivre le S. Francisco jusqu'au confluent du Rio das Velhas, dans un espace de trente-sept lieues, à partir de Riachão de Cana Brava : mais comme je trouvais à peine deux ou trois plantes chaque jour, que mes gens et moi nous nous fatiguions inutilement, et que mes mulets eux-mêmes souffraient beaucoup de la sécheresse, je me décidai à ne pas aller plus loin que Pedras dos Angicos, et à prendre un chemin qui me conduisît directement jusqu'à Tijuco. Je dois regretter cependant de n'avoir pas vu le village de Barra, qui est situé au confluent du Rio das Velhas, et qui, étant

plus près que Salgado et S. Rumão, de Tijuco, Villa do Principe, Villa Rica, reçoit un plus grand nombre de caravanes, et fait un commerce important avec le pays des salines. Peut-être dois-je aussi regretter de n'avoir pu visiter la justice de S. Rumão, qui se trouve sur la rive gauche du S. Francisco, à douze ou quinze lieues de Pedras dos Angicos, et qui appartient à l'évêché de Fernambouc, dont la juridiction s'étend plus loin encore'.

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Il peut y avoir vingt- une lieues de Pedras dos An

1 Voici ce que dit l'abbé Pizarro sur S. Rumão qu'il serait peut-être mieux d'écrire S. Romão : « Près du village actuel « est une île qui a une demi-legou de long, et où, suivant une << tradition constante, il y eut jadis un aldea d'Indiens. Ceux«ci furent défaits par les Portugais vers le commencement « du siècle dernier, et, comme cet événement eut lieu le jour . de S. Rumão (très-probablement Saint-Romain), ce nom « a été donné à l'île, au village actuel et à tout le district auquel ils appartiennent. Même avant l'année 1720, S. Ru« mão était déjà le chef-lieu d'une justice qui faisait partie « de la comarca de Sabará; mais aujourd'hui cette justice se << trouve comprise dans la comarca de Paracatú. Pendant long-temps, le village dont il s'agit n'avait été qu'une suc«cursale de Paracatú, ville éloignée de cinquante lieues; mais, en 1804, il fut érigé en chef-lieu de paroisse. Les « revenus curiaux de cette paroisse nouvelle montent à 1,500,000 reis (plus de 9 mille francs), et elle comprend « dans le village même deux succursales (capellas filiaes), « celles de N. S. do Rozario et de S. Francisco, et, hors du a village, celles de S. Domingos, das Flexas et da Conceição « de Morrinhos do Urucuia. Pour empêcher la contrebande

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gicos jusqu'au premier village que je rencontrai ensuite, celui de Coração de Jesus. Dans cet intervalle, que je parcourus en six jours, en suivant à peu près la direction du sud-est, je traversai le plus souvent des campos parsemés d'arbres rabougris, et j'eus encore à me plaindre de la chaleur, du manque d'insectes et de la disette de plantes.

Pendant la nuit que je passai à Pedras dos Angicos, le tonnerre se fit entendre; il tomba même un peu de pluie, et lorsque je me levai, l'air était frais et le temps couvert. Durant toute la journée, le soleil ne parut « de l'or et des diamans, des patrouilles parcourent le dis«trict et font des recherches sévères. S. Rumão, situé par

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le 15° 15′ lat. et 339° 9′, comprend 200 maisons et 1300 « habitans. Les inondations du S. Francisco y occasionnent << tous les ans des fièvres et nuisent à la fécondité de la terre.

« Cependant celle-ci rapporte encore tout ce qui est nécés<< saire pour la nourriture des habitans. Le melon d'eau et

<< autres fruits semblables réussissent ici parfaitement; la

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donne d'excellent sucre; canne y

les

campos nourrissent de << nombreux troupeaux et de bon gibier, et les rivières sont très-poissonneuses. Un commerce considérable se fait à

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«

« S. Rumão, et ce lieu peut être considéré comme un entrepôt pour le commerce des pelleteries. Un grand nombre de barques et de pirogues chargées de sel remontent des sa« lines de Bahia et de Fernambouc jusqu'à S. Rumão, et là, « des caravanes viennent chercher cette denrée, pour la répandre dans les provinces des Mines et de Goyaz. » A tout ceci j'ajouterai seulement que la population actuelle entière. ou presque entière de S. Rumão se compose, selon ce qui m'a été dit, d'hommes de couleur.

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