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beaucoup de peine à élever des poules, parce que les Indiens font à sa basse-cour une guerre continuelle.

Ces hommes n'ont point renoncé non plus à toutes leurs anciennes superstitions. Ainsi l'on assure que, lorsqu'il fait un grand vent, les vieilles femmes se mettent à fumer à la porte des maisons, et que, dans l'intention de chasser l'ouragan, elles poussent contre lui des bouffées de tabac.

On a enseigné aux Macunís à travailler la terre. Ils la cultivent pour leur compte, et se louent chez les colons du voisinage qui sont généralement contens de leurs services. Comme les autres journaliers du pays, ils sont nourris par les propriétaires, et reçoivent la valeur de vingt sous par jour.

Plusieurs Macunís servent comme soldats, et le commandant fait beaucoup leur éloge.

Les hommes et les femmes sont généralement industrieux. Ils cherchent à imiter ce qu'ils voient faire aux Portugais, et mettent même leur amour-propre à les surpasser. Mais inconstans, mobiles et paresseux, ils abandonnent souvent un travail commencé, et ils n'ont point perdu ce caractère d'imprévoyance qu'ils avaient au sein de leurs forêts. Ne songeant qu'aux jouissances du moment, ils n'amassent jamais d'argent. Souvent ils mangent leur maïs avant qu'il soit mûr, ou ils consomment en peu de mois la provision qui aurait pu leur servir pour une année entière. Plusieurs élèvent des poules, et il leur arrive de les tuer toutes à la fois, ou bien s'ils ont des cochons, ils n'at

tendent pas que la femelle mette bas, mais ils l'éventrent pour dévorer les petits. Manger et se livrer aux plaisirs de l'amour, c'est à peu près là ce qui occupe toutes leurs pensées.

D'après tout ce qui vient d'être dit, il est facile de concevoir qu'aux occupations fixes et compassées de l'agriculture, ces hommes doivent préférer la vie fainéante et irrégulière des chasseurs. Celui qui est le plus habile à tuer le gibier est ordinairement le plus honoré de la tribu, et c'est à lui que les femmes accordent leurs préférences. On habitue les plus petits enfans à se servir de l'arc et de la flèche, et c'est principalement en tirant sur les rats qu'ils apprennent à exercer leur adressé. f

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En conservant leur goût pour la seule occupation à laquelle ils se livrassent avant de se rapprocher des Portugais, les Macunís ont aussi gardé un grand respect pour les coutumes de leurs ancêtres. Ils aiment beaucoup à converser entre eux; et le soir, lorsqu'ils sont rassemblés autour du feu, qu'ils allument toujours sur la terre au milieu de leur maison, les anciens content l'histoire des chasses du temps passé, ils font l'éloge de leurs pères, et donnent des larmes à leur mémoire. Le commandant Magalhães les engageait à faire à leurs flèches quelque changement qui les aurait rendues meilleures; mais ils s'y refusèrent par respect pour les usages de leurs ancêtres. Une des coutumes barbares qu'ils conservent encore, est de dormir autour du feu sans porter de vêtemens.

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Les hommes traitent les femmes à peu près comme

des esclaves. Ils punissent leurs fautes, et particulièrement l'infidélité, en leur donnant des férules comme on en donnait autrefois dans nos écoles; et si elles se refusent à tendre la main, ils les frappent par tout le

corps.

Ce sont les femmes qui préparent la nourriture et vont chercher le bois pour faire du feu. Les hommes bâtissent les maisons qu'ils habitent aujourd'hui ; mais avant que la peuplade se fût rapprochée des Portugais, une des occupations des femmes était de construire les huttes, et elles sont encore chargées de ce soin dans les grandes chasses où leurs maris sont,obligés de coucher dans les bois.

Les hommes sèment le maïs ; mais les femmes plantent les patates et vont les arracher. Pour cette dernière opération, elles se servent d'une espèce de pic d'un bois très-dur; et, à mesure qu'elles tirent les tubercules de la terre, elles les mettent par-dessus leurs épaules dans un sac de filet qui pend derrière leur dos, attaché à un cordon qu'elles passent comme une anse sur le sommet de leur tête. En général, elles sont accoutumées à charger sur leur tête des fardeaux trèspesans. Quand elles portent du bois, c'est également sur la tête, et, pour le retenir, elles passent par-dessus un cordon qu'elles tiennent avec les deux mains au niveau des oreilles.

Ce sont encore les femmes qui fabriquent la poterie. Les vases qui sortent de leurs mains vont au feu et sont assez bien faits. On en voit de différentes grandeurs; mais tous ont la même forme, et, comme chez les Ma

lalís, c'est celle d'une sphère un peu déprimée, ayant une large ouverture.

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Outre la poterie, les femmes font encore ces sacs dont j'ai parlé plus haut. C'est le coton et une espèce de cecropia (l'embauba des Brésiliens), dont les feuilles sont vertes des deux côtés, qui leur fournissent la matière dont elles ont besoin. Pour tirer parti de cette dernière plante, elles prennent les jeunes branches du cecropia, et commencent par les dépouiller de l'écorce extérieure. Ensuite, avec la coquille d'une moule, elles grattent les fibres ligneuses; elles les séparent du tissu cellulaire qui y adhérait, et elles en font ainsi une sorte d'étoupe assez fine. Pour filer cette étoupe, elles en prennent des brins, et elles les tordent successivement, en les roulant sur leurs cuisses nues avec la paume de leur main. L'espèce de ficelle qui résulte de ce travail sert à faire non seulement les sacs de filet, mais encore les cordes des arcs. Quand les femmes veulent faire le filet, elles attachent leur ouvrage sur leur cuisse par le moyen d'un cordon; et la ficelle qu'elles emploient, mise en écheveau, leur tient lieu de na

vette.

Les Macunís vont chercher, dans un grand lac voisin, les moules dont les femmes se servent pour faire l'étoupe; et, quand cette pêche a été heureuse, ils la célèbrent par des chants et par des danses.

Un des plus grands plaisirs des femmes Macunís est de suivre leurs maris dans les forêts, quand ils font de longues chasses. Souvent elles les suivent aussi,

lorsqu'ils se louent pour travailler chez les colons du voisinage.

Ces femmes ne font point leurs couches dans l'al¬ dea; mais elles vont, accompagnées des plus vieilles d'entre elles, accoucher dans les bois.

En baptisant les enfans, on leur impose des noms de saints et un nom de famille portugais. Mais en outre, les Macunís eux-mêmes donnent à leur fils un autre nom emprunté de leur langue, et ils les appellent toujours de ce dernier nom. C'est ordinairement celui de la première chose à laquelle ils pensent, ou qui se présente à leurs regards au moment de la naissance de l'enfant. Ainsi j'ai vu une femme qu'ils appelaient patate cuite, parce que son père, quand elle vint au monde, aperçut une patate que l'on avait fait cuire.

Les Macunís laissent leurs enfans nus jusqu'à l'âge de puberté. Quant aux hommes, ils portent habituellement un caleçon et une chemise; mais plusieurs se contentent d'un simple caleçon. Les moins prodigues ont quelques hardes de plus pour les jours de fête. Quelques femmes portent une chemise et une jupe; d'autres restent nues jusqu'à la ceinture.

Il est des Macunís qui ont coupé leur chevelure à la manière des Européens; mais toutes les femmes et beaucoup d'hommes ont encore les cheveux longs et partagés sur le milieu de la tête, comme ils les portaient autrefois. Pour se peigner, ils font usage d'un morceau de bois mince, poli, pointu d'un côté et terminé de l'autre par une spatule étroite. Ils passent le bout

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