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aujourd'hui ils se livrent à peu près tous à l'agriculture, et ils ont presque entièrement abandonné la minération. Minas Novas ne fournit actuellement qu'une très-petite quantité d'or à l'hôtel de la fonte de Villa do Principe le peu que les mineurs de cette contrée tirent encore de la terre passe presque entièrement à Bahia par le moyen de la contrebande.

Depuis un certain nombre d'années, le termo de Minas Novas est bien connu des négocians de l'Europe par l'excellence de son coton. Les paroisses de Villa do Fanado, Agua Suja, S. Domingos, Chapada, et enfin la septième division, en fournissent une grande quantité. Itacambira, Rio Pardo et Morrinhos, au contraire, produisent peu de coton; mais on y élève des chevaux et des bêtes à cornes.

Dans tout le termo, on recueille du maïs, des haricots, un peu de froment, des patates, des bananes, et l'on cultive en particulier le manioc sur les trois paroisses où, comme je l'ai dit plus haut, l'on s'occupe spécialement de l'éducation du bétail.

Le riz réussit bien partout, principalement dans les parties basses et boisées et dans les endroits marécageux.

L'or de Minas Novas, et en particulier celui de la rivière d'Arassuahy, est de la plus belle couleur, et généralement au titre de 24 k. On a tiré, pour le compte du roi, beaucoup de diamans de la Serra de S. Antonio de Itacambiruçú, appelée vulgairement Serra Diamantina, et l'on pense qu'elle n'est point encore épuisée. Les petites rivières de Calhão, Piauhy, Tres

Americanas et Itinga ou Utinga, fournissent des aigues-marines d'un vert naissant ou d'un vert bleuâtre, des chrysolithes, des topazes blanches et quelquesunes d'autres couleurs, des grenats, des tourmalines rouges et vertes, et enfin ces pingos de agua (gouttes d'eau) qui imitent si bien les diamans, et ne sont que de petites topazes blanches roulées par les eaux, On a extrait en particulier un grand nombre d'améthistes des Americanas. Il existe du fer près Penha, S. João et peut-être sur les bords du Jiquitinhonha. Les cavernes du Sertão ou Désert ont alimenté de leur salpêtre les fabriques de poudre de Villa Rica et de Rio de Janeiro; on trouve du soufre audelà de Rio Pardo dans la fazenda de Tabúa, de l'antimoine sur le plateau d'Alto dos Bois, etc.

On puiserait probablement dans le règne végétal des richesses non moins importantes que celles qui sont fournies par le règne inorganique. Les cultivateurs emploient dans leurs maladies une foule de plantes médicinales, et plusieurs d'entre elles, mieux connues, pourront sans doute devenir d'une utilité très-grande.

L'air pur que l'on respire dans les Minas Novas proprement dites, et les eaux excellentes que l'on y boit, doivent faire considérer ce pays comme étant en général très - favorable à la santé. Cependant on m'a dit que la paralysie, l'éléphantiasis et les goîtres, autrefois presque inconnus sur la paroisse de Chapada, avaient

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Chrysoberil Werner, cymophane Haüy.

cessé d'y être rares depuis environ dix années. Il appartiendrait à des hommes de l'art de rechercher les causes de ce changement fâcheux.

Le termo de Minas Novas a l'extrême inconvénient d'être situé à une très-grande distance de la capitale du Brésil; mais, depuis la découverte récente du cours du Jiquitinhonha, on ne trouverait peut-être pas dans toute la province des Mines un pays mieux situé pour le commerce, que celui qui nous occupe dans ce moment.

Ses habitans sont, pour la plupart, des hommes de couleur peu riches et sans éducation. Ils ont quelque chose de la rusticité grossière qui caractérise trop souvent nos paysans français; mais ils sont bons, religieux, soumis à leurs supérieurs, affectueux, hospitaliers, généreux, ennemis des querelles, et se prêtent sans difficulté à faire les dépenses nécessaires pour l'utilité publique'.

Je reviens aux détails de mon voyage. Déjà, avant d'arriver à Mundo Novo, j'avais observé des différences dans l'aspect des paysages : le changement le plus complet s'opéra à mes yeux quand j'eus quitté cette habitation. Je montai d'abord sur un morne raide et élevé, dont le flanc présentait encore des

Une grande partie de ce tableau général est extraite d'un manuscrit de M. l'avocat São Paio. J'ai aussi emprunté quelque chose à MM. Pizarro, Spix et Martius. Ce que je dis du caractère des habitans de Minas Novas convient spécialement à ceux des Minas Novas proprement dites. Le Sertão diffère beaucoup de ce pays.

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capoeiras; mais, au sommet de ce morne, la terre devient noirâtre, sablonneuse, et je ne trouvai plus que des arbrisseaux et des sous-arbrisseaux; un cinchona à fleurs odorantes, deux malpighiées à fleurs roses et à tige très-basse, dont l'une répand une odeur de muguet extrêmement agréable, une éricacée à corolles roses, des cassia, de petites myrtées, plusieurs cuphea, etc.

Ce fut au haut du même morne que je reconnus combien le pays que j'allais parcourir différait de celui que j'avais visité précédemment. Je n'apercevais plus de forêts sombres et sauvages : les montagnes qui, à perte de vue, s'offraient à mes regards, étaient découvertes, et je ne voyais des bouquets de bois que de distance à autre.

Bientôt j'arrivai à une petite fazenda, bâtie dans un fond sur le bord du ruisseau de Cocaes. Cette fazenda s'appelle Cachoeira, à cause d'une cascade que l'on voit tout près d'elle, et dont le bruit s'entend au loin. Entre des arbres et des arbrisseaux d'une végétation maigre, s'étend obliquement, au-dessous du lit du ruisseau, un immense rocher grisâtre et presque lisse. Ce n'est point sur le milieu de ce rocher que l'eau s'épanche; mais elle se précipite, en écumant, dans un canal resserré qu'elle s'est creusé latérale

ment.

Au-delà de cet endroit, je fus accosté par un homme qui m'offrit des améthystes; je témoignai le désir de les voir, et le propriétaire m'en demanda un prix qui, autant que j'en pus juger, était cinq à six fois plus élevé

que ceux de Rio de Janeiro. Les Mineurs ont avec la capitale des communications si peu suivies, qu'ils ignorent la véritable valeur de leurs pierres précieuses. Quand ils en ont quelques-unes entre les mains, ils croient posséder des trésors, et ceux qui vont à Rio de Janeiro avec ces richesses imaginaires sont fort étonnés de voir qu'on leur en propose des prix souvent très-inférieurs à ceux qui leur avaient été offerts chez

eux 1.

Je ne décrirai point toutes les nuances de sol et de végétation que l'on observe entre Mundo Novo et le village de Penha; cependant je ne puis m'empêcher de dire quelque chose du morne très - remarquable appelé Morro d'Andaiá. Ce morne, situé à environ une lieue et demie de Penha, est élevé, et son sommet forme une vaste plaine où la terre sablonneuse ne produit que des herbes, des sous-arbrisseaux et quelques arbustes rabougris. Sur la droite, cette végétation s'étend fort loin; sur la gauche, la vue est bornée par d'autres mornes plus élevés encore, où des rochers noirs et couverts de lichens se montrent au milieu d'un gazon jaunâtre; enfin devant soi l'on découvre une vaste étendue de hauteurs stériles, sur lesquelles croissent à peine quelques bouquets de bois, et dont l'aspect m'attrista d'autant plus, que, la veille encore, j'avais traversé des terrains féconds et des forêts vi

1 Ceci m'a été dit par un homme instruit qui avait longtemps habité Villa Rica, et me paraît conforme à toutes les vraisemblances.

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