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d'un jaune doré; mais malheureusement, à l'époque de mon voyage, on n'était déjà plus dans la saison des fleurs.

Dans les carrascos dont je viens de parler, je revis une espèce de nid que j'avais observée pour la première fois sur la chapada de Santa Cruz, près d'Itacarambi, et qui me semble mériter une mention particulière. Ces nids étaient suspendus aux branches des arbres, et formés de morceaux de bois entrelacés, gros comme le tuyau d'une plume. Ils pouvaient avoir un pied à un pied et demi de diamètre, et il n'était pas très-rare d'en trouver qui atteignissent jusqu'à environ trois pieds de longueur. L'entrée était latérale; l'axe présentait un vide fort étroit, et le fond seulement, garni de brins d'herbes, de duvet et d'autres matières molles, formait le véritable nid, égal en grandeur à celui d'un moineau. Il me fut impossible de bien distinguer l'oiseau qui construit ce nid remarquable; mais il ne me parut pas être plus gros qu'une grive.

A environ une lieue de Villa do Fanado, je commençai à descendre par une pente très - rapide; puis, descendant encore, mais par des pentes plus douces, je passai successivement sur une suite de petits plateaux plus bas les uns que les autres. Lorsque l'on commence à descendre, la terre, toujours rouge comme elle l'avait été auparavant, devient en même temps pierreuse; elle paraît extrêmement sèche, et la végétation change entièrement de face. Là des arbrisseaux hauts de 6 à 10 pieds ont des tiges droites, assez menues et rameuses dès la base; ils sont rapprochés les uns des autres; leurs

branches se confondent, et leur ensemble présente absolument l'aspect des taillis de nos forêts (carrasqueinos. V. le chapitre précédent). Parmi ces arbrisseaux, un seul offrait alors des fleurs, celui appelé flor de toda gente 1, dont les corolles blanches embaumaient l'air de leur doux parfum. D'ailleurs, entre tous ces arbustes, on ne voyait à cette époque que des feuilles mortes et quelques graminées desséchées.

Entre Alto dos Bois et Villa do Fanado, je passai sur les terres d'une fazenda, qui a douze lieues de longueur; celle de José Caetano de Mello en a vingt de circonférence, et en général des domaines aussi vastes ne sont pas fort rares dans ce pays. Plus d'une fois le premier qui a voulu former quelque établissement est monté, m'a-t-on dit, sur une colline; il s'est écrié : Toute la terre que je découvre m'appartient; et ces propriétés gigantesques ont été, en quelque sorte, consacrées par le temps et le consentement tacite des voisins ".

• N° 1141.

2 J'ai déjà eu occasion de dire quelques mots à ce sujet dans le premier volume de cet ouvrage. « Les plus petites des fazendas où l'on élève les bestiaux, dit un écrivain allemand, comprennent neuf legoas carrées, et il en est qui se composent de vingt à cinquante, et même cent milles carrés d'Allemagne (quadratmeilen), telle que celle de Pompeo. Je n'oserais garantir la parfaite exactitude des évaluations. indiquées ici; cependant cette citation est empruntée à un homme qui a été à même de bien connaître plusieurs parties de la province des Mines.

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A

CHAPITRE IV.

VILLA DO FANADO. - CHAPADA. — SUCURIÚ. — MATIÈRE MÉDICALE
DES BRÉSILIENS.

Villa do Fanado. Sa fondation; ses rues; ses maisons et leur construction; sa population; occupations de ses habitans; ses alentours. Chemin de Villa do Fanado à Chapada.-Explication du mot bandeira.Village de Chapada; sa situation; ses églises; maison de recluses; lavages; population; jardin du euré. — Végétation de la route de Chapada à Sucuriú.- Village de Sucuriú; sa situation; ses maisons; occupations des habitans. Machine à séparer le coton de ses graines. Plantes usuelles. Observations sur la matière médicale des Brésiliens.

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VILLA DO FANADO ', capitale du termo de Minas Novas, est administrée par un juiz de fóra. La paroisse dont cette ville est le chef-lieu comprend, comme on l'a vu, les villages de Penha et de S. João, éloi

1 L'auteur des Memorias historicas dit que Villa do Fanado est situé par le 17o degré de lat., et que l'on y compte 250 maisons. Il ajoute que cette ville est éloignée de 63 1. au N.-E. de Marianna, 60 N. -E. de Sabará, 36 N.-N.-E. de Villa do Principe; enfin que les revenus de sa camara s'élèvent à 500 mille reis qui se dépensent pour l'éducation des enfans exposés, la réparation des ponts, etc. Suivant les mathématiciens cités par d'Eschwege (Bras. Neue Welt., II, p. 176), c'est par le 17° 14′ 48′′ qu'est située Villa do Fanado.

gnés d'environ 20 lieues; mais, d'un autre côté, elle confine avec celle de Chapada, bourg qui n'est pas à plus de trois lieues de Villa do Fanado. On compte environ 150 lieues de cette ville à Rio de Janeiro ', et un peu moins jusqu'à Bahia '; mais comme, pour se rendre à la capitale, il faut traverser un pays toujours montueux, les caravanes ne mettent pas moins d'un mois à faire ce dernier voyage, tandis qu'elles n'emploient guère plus de vingt jours pour arriver à Bahia, en allant par terre.

Le territoire où est située aujourd'hui Villa do Fanado fut découvert, en 1727, par SEBASTIÃO LEME DO PRADO, qui, avec d'autres paulistes, sortit de Rio Manso, près Tijuco, afin de se rendre au Rio Piauhy, dont on vantait beaucoup les richesses. Il passa l'Arassuahy et l'Itamarandiba, se dirigea vers le nord, et arriva au Rio do Fanado. Ayant suivi les bords de cette rivière, il rencontra un ruisseau qui s'y jette; il y trouva beaucoup d'or, et, pour ce motif, il donna à ce ruisseau le nom de Bom Successo (bon succès). Sebastião Leme avait promis à D. LOURENÇO DE ALMEIDA, qui alors gouvernait Minas Geraes, de lui faire part du résultat de ses recherches, afin que celui-ci pût comprendre dans son gouvernement les mines que l'on décou

1 135 1., suivant M. Pizarro.

2 L'auteur des Memorias historicas dit qu'il y a plus de 200 1. de Bahia à S. Domingos, village situé à 23 1. N.-E. de Villa do Fanado. Il est difficile de ne pas croire qu'il y ait ici quelque erreur.

vrirait; mais d'autres paulistes s'opposèrent à l'accomplissement de cette promesse. Ce fut à VASCO FERNANDES CESAR DE MENEZES, capitaine général de Bahia, que l'on donna avis des découvertes qui venaient d'être faites; et dans le même temps un certain docteur MıGUEL HONORATO prit possession du pays au nom de l'archevêque de Bahia, pour ce qui regardait la juridiction ecclésiastique. Les terres voisines du Bom Successo et du Fanado furent partagées; des chercheurs d'or accoururent de toutes parts, et l'on fonda un village, près des deux ruisseaux aurifères, sous le nom d'Arraial de S. Pedro do Fanado. Voulant rendre plus solide son autorité dans le pays nouvellement peuplé, le gouverneur de Bahia y envoya un colonel pour le gouverner, et donna à Sebastião Leme le titre de guarda mór. Afin d'épargner aux habitans des nouvelles mines la peine de transporter leur or à Jacobina, dans la province de Bahia, on fonda dans le pays même un hôtel destiné pour la fonte de l'or en poudre, et l'on forma une compagnie de dragons, chargée d'empêcher la contrebande. La population augmentant, l'arraial de S. Pedro do Fanado fut érigé en ville le 2 octobre 1730, sous le nom de Villa de N. S. do Bom Successo das Minas Novas do Arassuahy; mais l'ancien nom prévalut toujours dans le pays, et encore aujourd'hui la capitale de Minas Novas n'est guère connue que sous le nom de Villa do Fanado. La ville nouvelle et son termo furent soumis à la juridiction de l'ouvidor

C'est, je crois, à tort que Pizarro réunit les deux noms et

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