Imágenes de páginas
PDF
EPUB

du Serro do Frio, mais seulement pour tout ce qui concerne le contentieux; et, en 1742, on les réunit entièrement à la province de Bahia. Cependant ce dernier arrangement ne fut pas de très-longue durée : par un décret de 1757, les Minas Novas furent détachées sans retour de la province de Bahia, et on les incorpora entièrement à celle de Minas Geraes (V. ce qui a été dit plus haut, vol. 11, chap. 1) '.

Villa do Bom Successo s'étend, par une pente douce, sur un morne qui, à son extrémité, s'élève presque à pic au-dessus du Fanado. La plus longue des rues est celle par laquelle on arrive quand on vient d'Alto dos Bois; elle est aussi extrêmement large, et, à chacun de ses deux bouts, est une église, construite entre les deux rangs de maisons. A l'extrémité la plus basse de cette rue se trouve en outre un groupe de maisons traversé par des rues assez courtes, et terminé

écrit quelquefois Villa do Bom Successo do Fanado. Il faut, ou Villa do Bom Successo, ou Villa do Fanado.

› Cette esquisse historique est tirée de Pizarro, dont j'ai cru devoir préférer le récit aux traditions un peu différentes que j'avais recueillies dans le pays. Suivant ces traditions, les paulistes trouvèrent beaucoup d'or dans un ruisseau qu'ils appelèrent Rio do Bom Successo, et bâtirent auprès une ville à laquelle ils donnèrent le même. nom qu'au ruisseau. Ils furent ensuite moins heureux dans les recherches qu'ils firent dans un autre ruisseau voisin qu'ils nommèrent en conséquence Rio do Falhado (ruisseau de la diminution), et de ce mot falhado on a fait fanado, nom qui est resté à la capitale de Minas Novas.

par deux autres plus longues, qui, l'une à droite, l'autre à gauche, s'étendent, en divergeant, sur la croupe du morne; de sorte que, quand on regarde la ville sur le morne opposé de l'autre côté du ruisseau, on voit qu'elle a absolument la forme d'un i grec (Y).

Plusieurs des rues ont été pavées dans toute leur largeur, et d'autres seulement au bas des maisons. Ce sont en général les particuliers qui se chargent du pavage; mais la camara contribue aussi à cette dépense.

Les maisons sont petites. Elles n'ont qu'un rez-dechaussée, et toutes sont couvertes en tuiles. Lors de mon passage, on venait de les blanchir en l'honneur du couronnement, dont on devait bientôt célébrer la fête. Suivant la coutume, presque toutes ont un petit jardin planté de bananiers et d'orangers disposés sans ordre; et, vu des mornes voisins, ce mélange de murailles fraîchement blanchies et de masses de verdure produisait, à l'époque de mon voyage, un effet trèsagréable. Les fenêtres des maisons sont écartées les unes des autres, petites et à peu près carrées. On ne voit de carreaux de vitre à aucune d'elles; mais la plupart ont pour jalousies des nattes très - fines faites de bambous.

On ne bâtit point à Villa do Fanado comme dans les parties de la province que j'avais parcourues jusqu'alors. Il n'entre dans la construction des maisons que quelques pièces de bois principales, destinées à soutenir les toits. Les murs sont faits avec des parallélipipèdes, que l'on compose de terre glaise battue avec de l'herbe et que l'on met sécher au soleil. Ces paral

lélipipèdes, dont j'ai déjà eu occasion de parler (V. vol. 1, p. 119), portent le nom d'adobes ou adobos; ceux que j'ai mesurés avaient trois palmes et trois doigts de longueur sur une palme de largeur; on les unit entre eux avec de la terre fraîche. Toutes les maisons de Villa do Fanado ne sont cependant pas bâties avec des adobes; quelques-unes sont construites en pisé (taipa). Comme en Europe, on a, pour ce genre de construction, des planches placées de champ, et entre lesquelles on met autant de distance que l'on veut donner d'épaisseur au mur que l'on se propose d'élever. On remplit l'intervalle de terre, et on continue le travail, en exhaussant les planches à mesure que le mur prend plus de hauteur.

Outre les deux églises dont j'ai déjà parlé, il y en a encore deux autres dans la capitale de Minas Novas. Je ne vis que celle de la confrérie des mulâtres, qui est très-propre et bien éclairée.

A Villa do Fanado, comme à Villa do Principe et beaucoup d'autres lieux, il existe une confrérie du tiersordre de S. François ; mais les frères ne portent l'habit qu'aux fêtes solennelles et quand ils vont à confesse.

On fait à Villa do Fanado des couvertures de coton, dont une partie s'expédie pour Rio de Janeiro. Je ne vis, d'ailleurs, dans la capitale de Minas Novas, d'autres boutiques que des tavernes presque dégarnies, où l'on débite, avec la cachaça, quelques comestibles et un peu de mercerie.

La population de Villa do Fanado s'élève à environ 2,000 mille âmes et ne saurait manquer d'éprouver une augmentation rapide. Dans tout le pays, les mariages

sont extrêmement féconds; rien n'est plus commun que de trouver des femmes qui ont douze à quinze enfans, ou même davantage, et l'on m'a assuré qu'il y avait à Villa do Fanado trois maisons, qui, à elles seules, contenaient cent personnes. Presque tous les habitans de cette ville sont des hommes de couleur, et, pour la plupart, ils s'adonnent à l'agriculture ou exercent des

métiers.

Pour la première fois, depuis Villa do Principe, je vis auprès de la capitale de Minas Novas des traces de lavages; mais aujourd'hui les habitans de ce canton ont entièrement renoncé à la recherche de l'or.

Tous les mornes qui entourent Villa do Fanado sont couverts de ces carrasqueinos que j'ai déjà fait connaître'. Parmi les espèces d'arbrisseaux qui les composent, beaucoup perdent leurs feuilles dans le temps de la sécheresse; mais d'autres les conservent toute l'année. Ces carrasqueinos, pendant les mois de mai, juin et juillet, ne peuvent donc pas avoir l'aspect que nos taillis offrent durant l'hiver : ils ressemblent bien mieux à nos jeunes bois, lorsque de nombreuses chenilles ont dépouillé de leur verdure une partie des arbres qui les composent.

Près de la ville, le vallon où coule le Fanado a fort peu de largeur, et les mornes qui le bordent sont couverts, jusqu'à leur base, de carrasqueinos. Le ruisseau est assez étroit; des bancs de sable et une petite

1 On se rappellera que par le mot carrasqueinos je dé signe de grands carrascos qui ressemblent à nos taillis.

île s'élèvent de son lit, et on le passe sur un pont de bois, auquel aboutit un chemin pavé qui descend de la ville.

Je logeai à Villa do Fanado, chez le juiz de fóra, M. BERNARDINO PINHEIRO CAMELLO, et je reçus toutes les honnêtetés possibles de ce magistrat, sincèrement ami du bien, ainsi que de M. le Dr SÃO PAYO, qui vivait avec lui. Ce dernier exerçait la profession d'avocat, et avait une grande influence dans l'administration du termo. C'était un homme jovial, qui cherchait à obliger tout le monde, et qui était extrêmement aimé. Il avait de l'instruction, et, chose étonnante dans un pays si éloigné, il connaissait jusqu'aux moindres détails de la révolution française. Il me rendit une foule de petits services avec une complaisance extrême, me donna un itinéraire, et me procura les renseignemens les plus utiles.

Je partis de Villa do Fanado le 18 mai 1817; je tournai mes pas vers la région des catingas, située à l'orient de la ville, et je pris le chemin de la 7o division, où je devais voir des tribus de Botocudos, qui vivent en paix avec les hommes de notre race 1.

1 Itinéraire approximatif de Villa do Fanado à la 7o division, en passant par Sucuriú.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]
« AnteriorContinuar »