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gérondif, le complet ou le participe; les trois adaptifs sont le positif ou indicatif, le conditionnel ou suppositif, le subséquent ou subjonctif. Ces trois modes adaptifs ne sont pas les seuls dont le verbe soit susceptible, mais ce sont les seuls que notre langue distingue par la diversité des formations. L'usage n'a. point fait dans nos verbes de mode impératif, dit-il (1): de façon que pour exprimer le commandement, on prend les premières personnes plurielles, les secondes singulières et plurielles de l'indicatif, dépouillées des pronoms précédents, et les troisièmes personnes des deux nombres du subjonctif, excepté dans les deux verbes étre et avoir, où la formation du subjonctif seul sert partout à marquer le commandement.

La Grammaire raisonnée (2) dit que « l'impératif n'a point de première personne, surtout au singulier, parce qu'on ne se commande pas proprement à soi-même. »

<< Non pas à cause qu'on ne se commande pas à soi-même, dit l'abbé Regnier (3), car ce mode servant aussi bien à prier et à exhorter qu'à commander, il est constant qu'on peut s'exhorter soi-même dans un soliloque ou monologue; mais à cause que ni en commandant, ni en priant, ni en exhortant, on ne peut parler à soi-même qu'à la seconde personne, et qu'alors un homme se considère comme étant en quelque sorte divisé en deux parties, dont l'une commande à l'autre, la prie et l'exhorte. >>

DES CONJUGAISONS.

Le mot conjugaison vient de la préposition latine cum, qui signifie avec, ensemble, et du nom latin jugum, qui signifie joug. L'on dit que des verbes sont d'une même conjugaison, quand ils sont comme sous le joug des mêmes règles, par rapport aux différentes inflexions qui forment leurs temps, leurs personnes, etc.

M. l'abbé Girard (4) admet six conjugaisons, trois de terminaison masculine, et trois de terminaison féminine.

(1) Tome II, page 12, etc.

(2) Page 164.

(3) Page 357.

(4) Tome II, pages 66, 94, etc.

E, i, oi, précédant r final, caratérisent les trois premières, blámer, finir, recevoir.

Ce qui donne les trois autres, c'est la dernière syllabe de l'infinitif, précédée par un son formé :

1o Des voyelles simples, a, e, i, o, u, battre, mettre, dire, mordre, exclure;

2o Des voyelles composées qu'il appelle diphtongues orthographiques, ai, oi, ou, plaire, boire, coudre ;

3o Des voyelles nasales, an, en, on, ain, ein, oin, répandre, défendre, répondre, craindre, peindre, joindre.

Il fait monter le calcul des formations d'un verbe complet jusqu'à 89 (1), dont il y en a, dit-il, 44 de composées, et 45 de simples, qu'il subdivise ensuite en 10 primitives, et 35 secondaires.

Je crois que les dames, méme celles que leur cœur n'absorbe pas entièrement, et dont l'esprit s'occupe un peu (2), ŝe rebuteront aisément de cet immense calcul; d'ailleurs, comme l'habitude grave tout cela dans la mémoire, et le fait trouver à merveille au besoin (3), elles se dispenseront volontiers de fatiguer leur attention en pure perte. Quoi qu'il en soit, le discours de M. l'abbé Girard sur le verbe contient des réflexions neuves et intéressantes, qui ne sont point à négliger pour un grammairien.

M. l'abbé Vallart (4) assure « que nos Grammairiens n'ont point connu combien nous avons de conjugaisons, qu'ils s'accordent tous à dire que nous n'en avons que quatre, et qu'ils n'en ont point mis davantage dans leurs Grammaires. » Cependant l'abbé Regnier en admet jusqu'à 24, qu'il range sous quatre classes principales: er, ir, oir, re.

Le P. Buffier (5) dit expressément qu'il est assez inutile de réduire les conjugaisons françaises à quatre principales ; qu'il faut, ou n'en reconnaître qu'une seule, ou en reconnaître autant qu'il y a de terminaisons différentes à l'infinitif, telles qu'elles sont marquées dans sa table des verbes (6).

(1) Tome II, page 79. (2) Tome II, page 6.

(3) Tome VI, page 79.

(4) Préface VI.

(5) N° 575, etc.

(6) N° 581.

Le système des conjugaisons indiqué par Robert Etienne, passablement bien exposé par le sieur D. V. d'Allais, dans sa Grammaire méthodique, remanié par La Touche, adopté et développé par l'abbé Regnier, assez adroitement rectifié par le P. Buffier, a été enfin beaucoup perfectionné par M. Restaut. M. Vallart a attaqué ce système; voyons ses raisons:

«Les quatre manières différentes de terminer les mêmes persomes au présent de l'indicatif, font quatre conjugaisons différentes en latin; ilen est de même pour notre langue, dit-il (1) : ainsi, comme il y a trois manières de terminer les mêmes personnes pour les verbes en oir, il y a aussi pour ces verbes trois conjugaisons, je vois, je peux, je reçois. Dans la première, ajoute-t-il, il n'y a que onze verbes, mais dans la troisième il n'y en a que sept, et cependant c'est la seule que mettent tous nos Grammairiens. >>

Comment M. Vallart a-t-il pu imaginer que la différente terminaison du présent de l'indicatif en latin fait la différence des conjugaisons? Est-ce que, selon tous les Grammairiens anciens et modernes, le présent de l'infinitif n'a pas toujours réglé les conjugaisons latines, are, ere, ere, ire? N'en est-il pas de même pour tous les verbes français, er, ir, oir, re?

« La conjugaison consiste dans la différence des terminaisons que prennent les mêmes personnes des verbes aux mêmes temps (2). »

Ce principe général est juste, il s'étend à tous les temps et à tous les modes, il ne se borne pas au seul temps présent, ni au seul mode indicatif. Or, des trois prétendues conjugaisons en oir, la troisième est la seule qui mérite véritablement le nom de conjugaison, parce qu'elle comprend un plus grand nombre de verbes, dont les mêmes personnes sont terminées de la même manière aux mêmes temps dans tous les modes devoir, redevoir, apercevoir, concevoir, décevoir, percevoir, etc., se conjuguent comme recevoir sans aucune différence. Il n'en est pas de même de la première; car si vous en exceptez revoir, composé du verbe voir, prévoir et

(1) Préface, page 6.
(2) Vallart, page 224.

:

pourvoir se conjuguent autrement, l'un au prétérit, et tous deux au futur je verrai, je reverrai, je prévoirai, je pourvoirai, je vis, je revis, je prévis, je pourvus. Cheoir, seoir et leurs composés se conjuguent très-différemment.

Voici comme M. Restaut conjugue s'asseoir : indicatif présent, je m'assieds, tu t'assieds, il s'assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s'asseyent, je m'asseyerai, etc.

Selon M. l'abbé Girard (1), « la manière moderne, peutêtre moins authentique, mais plus régulière et moins embarrassante, dit : je m'asseois, tu t'asseois, il s'asseoit, nous nous asseoyons, vous vous asseoyez, ils s'asseoyent, je m'asseoyais, je m'asseoirai, m'asseoyant, etc. Je ne désespère pas que l'usage ne la favorise totalement; la réformation de l'orthographe pourra y contribuer en ôtant e inutile qui précède oi, et qui est la source de toute l'irrégularité. »

Quant à la deuxième conjugaison en oir, si vous en exceptez émouvoir, promouvoir, etc., composés de mouvoir, vous ne trouverez aucun verbe qui se conjugue comme ce dernier. Il était donc plus raisonnable, 1o de n'admettre qu'une seule conjugaison régulière dans les verbes en oir; 2o de ranger, sous cette conjugaison, recevoir et tout les verbes qui lui sont exactement conformes; 3° de mettre au nombre des irréguliers tous les verbes dont ce singulier grammairien fait fort mal à propos deux conjugaisons nouvelles. Retranchons donc deux de treize, et il ne restera que onze nous trouverons alors que ce système, quelque déguisé qu'il paraissent, est copié en entier d'après M. Restaut.

Des verbes terminés à l'infinitif en er, ir, oir, re, M.Vallart forme quatre classes qu'il subdivise en conjugaisons. M. Restaut a partagé ces mêmes verbes en quatre conjugaisons, qu'il subdivise en différences.

La première classe, ainsi que la première conjugaison, est unique; la seconde classe, ainsi que la seconde conjugaison, est quadruple; la troisième classe est triple, à tort, comme nous venons de le démontrer; la troisième conjugaison est, avec raison, unique; la quatrième classe est, ainsi que la quatrième conjugaison, quintuple.

(1) Tome II, page 88:

La découverte sur les conjugaisons n'est donc pas plus originale que la découverte sur les déclinaisons, quoi qu'en dise l'auteur des Jugements (1). Ce qui concerne le verbe, dans M. Vallart, n'a donc rien de neuf, rien de surprenant.

Le P. Buffier et M. Restaut (2), pour la formation des temps, en admettent cinq primitifs : 1° l'infinitif présent, 2o le participe actif présent, 3o le participe passif présent, 4o le présent de l'indicatif, 5o le prétérit de l'indicatif.

M.Vallart (3) n'admet que quatre temps primitifs : 1o le présent de l'infinitif, porter; 2o le présent de l'indicatif, je porte ; pluriel, nous portons, ils portent; 3o le prétérit de l'indicatif ou l'aoriste, je portai; 4o le participe passif présent, qu'il appelle l'auxiliaire du participe, porté.

Ce dernier grammairien s'éloigne des deux précédents en trois choses: 1° en ce qu'il range autrement les temps simples; 2o en ce qu'au lieu du présent du participe, il met la première personne plurielle du présent de l'indicatif; 3° en ce qu'il prend pour temps primitif la troisième personne plurielle du présent de l'indicatif.

La manière dont il range ces temps, paraît plus naturelle et plus simple. La première personne plurielle donne une règle qui ne souffre aucune exception pour former l'imparfait de l'indicatif, comme nous aimons, j'aimais, nous avons, j'avais, nous savons, je savais, au lieu que le présent du participe est sujet à exception; par exemple, ayant, j'avais, sachant je savais, etc. En formant de la troisième personne plurielle du présent de l'indicatif, les trois personnes singulières et la troisième personne plurielle du présent du subjonctif, il n'y a que six verbes à excepter, au lieu qu'en les formant. du présent du participe, ces exceptions sont en grand nombre. Si l'auteur des Jugements avait fait cette observation, il aurait fourni à M. Restaut la matière de quelques corrections qui perfectionneraient ses principes.

Les dix-neuf tables des conjugaisons, avec les explications, par M. l'abbé de Dangeau de l'Académie française (4), remises (1) Tome II, page 167.

(2) No 581, etc. Page 332.

(3) Page 352.

(4) Opusc. gram.; chez Brunet, 1754.

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