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Du Nominatif.

La simple position du nom s'appelle le nominatif, qui n'est pas proprement un cas, mais la matière d'où se forment les cas par les divers changements qu'on donne à cette première terminaison du nom. Son principal usage est d'être mis dans le discours avant tous les verbes, pour être le sujet de la proposition : Dominus regit me, le Seigneur me conduit; Deus exaudit me, Dieu m'écoute.

Du Vocatif.

Quand on nomme la personne à qui on parle, ou la chose à laquelle on s'adresse, comme si c'était une personne, ce nom acquiert par-là un nouveau rapport, qu'on a quelquefois marqué par une nouvelle terminaison qui s'appelle vocatif. Ainsi de Dominus au nominatif, on a fait Domine au vocatif; d'Antonius, Antoni. Mais comme cela n'était pas beaucoup nécessaire, et qu'on pouvait employer le nominatif à cet usage, de là il est arrivé :

1° Que cette terminaison différente du nominatif n'est point au pluriel.

2° Qu'au singulier même elle n'est en latin qu'en la seconde déclinaison.

3o Qu'en grec, où elle est plus commune, on la néglige souvent, et on se sert du nominatif au lieu du vocatif, comme on peut voir dans la version grecque des Psaumes, d'où S. Paul cite ces paroles dans l'Epître aux Hébreux, pour prouver la divinité de Jésus-Christ : θρανός σε, ο θεός, οi il est clair que ὁ θεὸς est un nominatif pour un vocatif, le sens n'étant pas, Dieu est votre trône, mais votre trône, ô Dieu, demeurera, etc.

4° Et qu'enfin on joint quelquefois des nominatifs

avec des vocatifs : Domine, Deus meus; nate, meœ vires, mea magna potentia solus. Sur quoi l'on peut voir la Nouv. Méth. lat. Remarq. sur les Pronoms.

En notre langue, et dans les autres vulgaires, ce cas s'exprime dans les noms communs qui ont un article au nominatif, par la suppression de cet article : le Seigneur est mon espérance; Seigneur, vous ètes mon espérance.

Du Génitif.

Le rapport d'une chose qui appartient à une autre, en quelque manière que ce soit, a fait donner dans les langues qui ont des cas, une nouvelle terminaison aux noms, qu'on a appelée le génitif, pour exprimer ce rapport général, qui se diversifie ensuite en plusieurs espèces, telles que sont les rapports :

Du tout à la partie : caput hominis.

De la partie au tout homo crassi capitis.

Du sujet à l'accident ou l'attribut : color rosœ; misericordia Dei.

De l'accident au sujet : puer optimæ indolis.

De la cause efficiente à l'effet : opus Dei; oratio Ciceronis.

De l'effet à la cause : creator mundi.

De la cause finale à l'effet: potio soporis.

De la matière au composé: vas auri.

De l'objet aux actes de notre âme : cogitatio belli; contemptus mortis.

Du possesseur à la chose possédée: pecus Melibai; divitiæ Cræsi.

Du nom propre au commun, ou de l'individu à l'espèce: oppidum Lugduni.

Et comme entre ces rapports il y en a d'opposés, cela cause quelquefois des équivoques. Car, dans ces paroles, vuinus acnuus, ie geniu Achuus peut signifier ou

le rapport du sujet, et alors cela se prend passivement pour la plaie qu'Achille a reçue; ou le rapport de la cause, et alors cela se prend activement pour la plaie qu'Achille a faite. Ainsi dans ce passage de S. Paul: certus sum quià neque mors, neque vita, etc., poterit nos separare à charitate Dei in Christo Jesu, Domino nostro ; le génitif Dei a été pris en deux sens différents par les interprètes les uns y ont donné le rapport de l'objet, ayant expliqué ce passage: «< de l'amour que les élus portent à Dieu en Jésus-Christ »; et les autres y ont donné le rapport du sujet, l'ayant expliqué : « de l'amour que Dieu porte aux élus en JésusChrist. »

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Quoique les noms hébreux ne se déclinent point par cas, néanmoins ce rapport exprimé par ce génitif, cause un changement dans les noms, mais tout différent de celui de la langue grecque et de la latine: car, au lieu que dans ces langues on change le nom qui est régi, dans l'hébreu on change celui qui régit comme p verbum falsitatis, où le changement ne se fait pas dans falsitas, mais dans 7 pour 7 verbum.

On se sert d'une particule dans toutes les langues vulgaires, pour exprimer le génitif, comme est de dans la nôtre: Deus, Dieu; Dei, de Dieu.

Ce que nous avons dit, que le génitif servait à marquer le rapport du nom propre au nom commun, ou, ce qui est la même chose, de l'individu à l'espèce, est bien plus ordinaire en français qu'en latin; car en latin on met souvent le nom commun et le nom propre au même cas ce qu'on appelle apposition: urbs Roma, fluvius Sequana, mons Parnassus : au lieu qu'en français, l'ordinaire dans ces rencontres est de mettre le nom propre au génitif: la ville de Rome, la rivière de Seine, ie mont de Parnasse.

Du Datif.

Il y a encore un autre rapport, qui est de la chose au profit ou au dommage de laquelle d'autres choses se rapportent. Les langues qui ont des cas, ont encore un mot pour cela, qu'ils ont appelé le datif, et qui s'étend encore à d'autres usages qu'il est presque impossible de marquer en particulier: commodare Socrati, prêter à Socrate; utilis Reipublicæ, utile à la République; perniciosus Ecclesiæ, pernicieux à l'Eglise; promittere amico, promettre à un ami; visum est Platoni, il a semblé à Platon; affinis Regi, allié au Roi, etc.

Les langues vulgaires marquent encore ce cas par une particule, comme est à en la nôtre, ainsi qu'on peut voir dans les exemples ci-dessus.

De l'Accusatif.

Les verbes qui signifient des actions qui passent hors de ce qui agit, comme battre, rompre, guérir, aimer, haïr, ont des sujets où ces choses sont reçues, ou des objets qu'elles regardent. Car si on bat, on bat quelqu'un; si on aime, on aime quelque chose, etc. Et ainsi ces verbes demandent après eux un nom qui soit le sujet ou l'objet de l'action qu'ils signifient. C'est ce qui a fait donner aux noms, dans les langues qui ont des cas, une nouvelle terminaison qu'on appelle l'accusatif: amo Deum; Cæsar vicit Pompeïum.

Nous n'avons rien dans notre langue qui distingue ce cas du nominatif. Mais comme nous mettons presque toujours les mots dans leur ordre naturel, on reconnaît le nominatif de l'accusatif, en ce que, pour l'ordinaire, le nominatif est avant le verbe, et l'accusatif après le roi aime la reine; la reine aime le roi. Le roi est nominatif dans le premier exemple, et accusatif dans le second, et la reine au contraire.

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De l'Ablatif.

Outre ces cinq cas, les Latins en ont un sixième, qui n'a pas été inventé pour marquer seul aucun rapport particulier, mais pour être joint à quelqu'une des particules qu'on appelle prépositions. Car comme les cinq premiers cas n'ont pas pu suffire pour marquer tous les rapports que les choses ont les unes aux autres, on a eu recours, dans toutes les langues, à un autre expédient, qui a été d'inventer de petits mots pour être mis avant les noms, ce qui les a fait appeler prépositions; comme le rapport d'une chose en laquelle une autre est, s'exprime en latin par in, et en français par dans vinum est in dolio, le vin est dans le muid. Or, dans les langues qui ont des cas, on ne joint pas ces prépositions à la première forme du nom, qui est le nominatif, mais à quelqu'un des autres cas. Et en latin, quoiqu'il y en ait qu'on joigne à l'accusatif, amor erga Deum, amour envers Dieu, on a néanmoins inventé un cas particulier, qui est l'ablatif, pour y en joindre plusieurs autres dont il est inséparable dans le sens au lieu que l'accusatif en est souvent séparé, comme quand il est après un verbe actif ou avant un infinitif.

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Ce cas, à proprement parler, ne se trouve point au pluriel, où il n'y a jamais pour ce cas une terminaison différente de celle du datif. Mais parce que cela aurait brouillé l'analogie, de dire, par exemple, qu'une préposition gouverne l'ablatif au singulier, et le datif au pluriel, on a mieux aimé dire que ce nombre avait aussi un ablatif, mais toujours semblable au datif.

C'est par cette même raison qu'il est utile de donner aussi un ablatif aux noms grecs, qui soit toujours semblable au datif, parce que cela conserve une plus

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