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parler que de dire : il imite Virgile, qui est le premier des poètes; toute ma confiance est en JésusChrist, qui m'a racheté.

2o Les vocatifs sont aussi déterminés par la nature mème du vocatif de sorte qu'on n'a garde d'y désirer un article pour y joindre un qui, puisque c'est la suppression de l'article qui les rend vocatifs, et qui les distingue des nominatifs. Ce n'est donc point contre la règle de dire Ciel, qui connaissez mes maux; soleil, qui voyez toutes choses.

13° Ce, quelque, plusieurs, les noms de nombre, comme deux, trois, etc., tout, nul, aucun, etc., déterminent aussi bien que les articles. Cela est trop clair pour s'y arrêter.

4o Dans les propositions négatives, les termes sur lesquels tombe la négation, sont déterminés à être pris généralement par la négation même, dont le propre est de tout ôter. C'est la raison pourquoi on dit affirmativement avec l'article: il a de l'argent, du cœur, de la charité, de l'ambition; et négativement sans article: il n'a point d'argent, de cœur, de charité, d'ambition. Et c'est ce qui montre aussi que ces façons de parler ne sont pas contraires à la règle : il n'y a point d'injustice qu'il ne commette; il n'y a homme qui sache cela. Ni même celle-ci est-il ville dans le royaume qui soit plus obéissante? parce que l'af firmation avec un interrogant, se réduit dans le sens à une négation il n'y a point de ville qui soit plus obéissante.

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5° C'est une règle de logique très-véritable, que, dans les propositions affirmatives, le sujet attire à soi l'attribut, c'est-à-dire, le détermine. D'où vient que ces raisonnements sont faux : l'homme est animal, le singe est animal, donc le singe est homme? parce que, animal étant attribut dans les deux premières

propositions, les deux divers sujets se déterminent à deux diverses sortes d'animal. C'est pourquoi ce n'est point contre la règle de dire : je suis homme qui parle franchement, parce que homme est déterminé par je ce qui est si vrai, que le verbe qui suit le qui, est mieux à la première personne qu'à la troisième : je suis homme qui ai bien vu des choses, plutôt que, qui a bien ru des choses.

6° Les mots sorte, espèce, genre, et semblables, déterminent ceux qui les suivent, qui, pour cette raison, ne doivent point avoir d'article : une sorte de fruit, et non pas d'un fruit. C'est pourquoi c'est bien dit : une sorte de fruit qui est mûr en hiver; une espèce de bois qui est fort dur.

7° La particule en, dans le sens de l'ut latin, vivit ut rex, il vit en roi, enferme en soi-même l'article valant autant que comme un roi, en la manière d'un roi. C'est pourquoi ce n'est point contre la règle de dire il agit en roi qui sait régner; il parle en homme qui sait faire ses affaires; c'est-à-dire, comme un roi, ou comme un homme, etc.

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8° De, seul avec un pluriel, est souvent pour des, qui est le pluriel de l'article un comme nous avons montré dans le chapitre de l'Article. Et ainsi ces facons de parler sont très-bonnes, et ne sont point contraires à la règle il est accablé de maux qui lui font perdre patience; il est charge de dettes qui vont au-delà de son bien.

9° Ces façons de parler, bonnes ou mauvaises : c'est p grêle qui tombe; ce sont gens habiles qui m'ont dit cela, ne sont point contraires à la règle, parce que le qui ne se rapporte point au nom qui est sans article, mais à ce, qui est de tout genre et de tout nombre. Car le nom sans article grêle, gens habiles, est ce que j'affirme, et, par conséquent, l'attribut, et le qui fait

partie du sujet dont j'affirme. Car j'affirme de ce qui tombe, que c'est de la grêle; de ceux qui m'ont dit cela, que ce sont des gens habiles : et ainsi le qui ne se rapportant point au nom sans article, cela ne regarde point cette règle.

S'il y a d'autres façons de parler qui y semblent contraires, et dont on ne puisse pas rendre raison par toutes ces observations, ce ne pourront être, comme je le crois, que des restes du vieux style, où on omettait presque toujours les articles. Or, c'est une maxime que ceux qui travaillent sur une langue vivante, doivent toujours avoir devant les yeux, que les façons de parler qui sont autorisées par un usage général et non contesté, doivent passer pour bonnes, encore qu'elles soient contraires aux règles et à l'analogie de la langue; mais qu'on ne doit pas les alléguer pour faire douter des règles et troubler l'analogie, ni pour autoriser, par conséquent, d'autres façons de parler que l'usage n'aurait pas autorisées. Autrement, qui ne s'arrêtera qu'aux bizarreries de l'usage, sans observer cette maxime, fera qu'une langue demeurera toujours incertaine, et que, n'ayant aucuns principes, elle ne pourra jamais se fixer.

REMARQUES.

Vaugelas ayant fait l'observation dont il s'agit ici, en aurait trouvé la raison, s'il l'eût cherchée; MM. de P.-R., en voulant la donner, n'y ont pas mis assez de précision : le défaut vient de ce que le mot déterminer n'est pas défini. Ils ont senti qu'il ne voulait pas dire restreindre, puisque l'article s'emploie également avec un nom commun, pris universellement, particulièrement, ou singulièrement: l'homme, les hommes; cependant ils se servent du mot d'étendue, qui suppose celui de restreindre.

Déterminer, en parlant de l'article à l'égard d'un nom

appellatif, général ou commnn, veut dire faire prendre ce nom substantivement et individuellement. Or l'usage ayant mis l'article à tous ces substantifs individualisés, pour qu'un substantif soit pris adjectivement dans une proposition, il n'y a qu'à supprimer l'article, sans rien mettre qui en tienne lieu.

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Animal, substantif par soi-même, mais n'ayant point l'article, est pris aussi adjectivement dans la première proposition, que raisonnable dans la seconde.

Par la même raison, un adjectif est pris substantivement, si l'on y met l'article. Par exemple: le pauvre en sa cabane; pauvre, au moyen de l'article, est pris substantivement dans ce vers.

Le relatif doit toujours rappeler l'idée d'une personne ou d'une chose, d'un ou de plusieurs individus, l'homme qui, les hommes qui, et non pas l'idée d'un mode, d'tin attribut, qui n'a point d'existence propre. Or tous les subtantifs réels ou métaphysiques doivent avoir, pour être pris substantivement, un article, ou quelque autre prépositif, comme tout, chaque, quelque, ce, mon, ton, son, un, deux, trois, etc., qui ne se joignent qu'à des substantifs. Le relatif ne peut donc jamais se mettre qu'après un nom ayant un article, ou quelque autre prépositif. Voilà tout le secret de la règle de Vaugelas.

CHAPITRE XI.

Des Prépositions.

Nous avons dit ci-dessus, chap. 6, que les cas et les prépositions avaient été inventés pour le même usage,

qui est de marquer les rapports que les choses ont les

unes aux autres.

Ce sont presque les mêmes rapports dans toutes les langues, qui sont marqués par les prépositions : c'est pourquoi je me contenterai de rapporter ici les principaux de ceux qui sont marqués par les prépositions de la langue française, sans m'obliger à en faire un dénombrement exact, comme il serait nécessaire pour une Grammaire particulière.

Je crois donc qu'on peut réduire les principaux de ces rapports à ceux

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