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Il y a quelques remarques à faire sur les prépositions, tant pour toutes les langues, que pour la française en particulier.

La 1re est qu'on n'a suivi en aucune langue, sur le sujet des prépositions, ce que la raison aurait désiré, qui est qu'un rapport ne fût marqué que par une préposition, et qu'une même préposition ne marquât qu'un seul rapport. Car il arrive, au contraire, dans toutes les langues, ce que nous avons vu dans ces exemples pris de la française, qu'un même rapport est signifié par plusieurs prépositions, comme dans, en, à; et qu'une même préposition, comme en, à, marque divers rapports. C'est ce qui cause souvent des obscurités dans la langue hébraïque, et dans le grec de l'Ecriture, qui est plein d'hébraïsmes; parce que les Hébreux ayant peu de prépositions, ils les emploient à de fort différents usages. Ainsi la préposition, qui est appelée affixe, parce qu'elle se joint avec les mots, se prenant en plusieurs sens, les écrivains du Nouveau Testament, qui l'ont rendue par i, in, prennent aussi cet i ou in, en des sens fort différents; comme on voit particulièrement dans S. Paul, où cet in se prend quelquefois pour par : nemo potest dicere, Dominus Jesus, nisi in spiritu sancto; quelquefois pour selon : cui vult, nubat tantùm in Domino; quelquefois pour avec omnia vestra in charitate fiant; et encore en d'autres manières.

La 2o remarque est que de et à ne sont pas seulement des marques du génitif et du datif, mais aussi des prépositions qui servent encore à d'autres rapports. Car, quand on dit : il est sorti de la ville, ou, il est allé à sa maison des champs; de ne marque pas un génitif, mais la préposition ab ou ex: egressus est ex urbe; et à ne marque pas un datif, mais la préposition in: abiit in villam suam.

La 3e est qu'il faut bien distinguer ces cinq prépositions, dans, hors, sus, sous, avant, de ces cinq mots qui ont la même signification, mais qui ne sont point prépositions, au moins pour l'ordinaire: dedans, dehors, dessus, dessous, auparavant.

Le dernier de ces mots est un adverbe qui se met absolument, et non devant les noms. Car l'on dit bien : il était venu auparavant; mais il ne faut pas dire : il était venu auparavunt dîner, mais avant dîner, ou avant que de dîner. Et pour les quatre autres, dedans, dehors, dessus, dessous, je crois que ce sont des noms, comme il se voit, en ce qu'on y joint presque toujours l'article: le dedans, le dehors, au dedans, au dehors; et qu'ils régissent le nom au génitif, qui est le régime des noms substantifs au dedans de la maison, au-dessus du toit.

Il y a néanmoins une exception, que M. de Vaugelas a judicieusement remarquée, qui est que ces mots redeviennent prépositions, quand on met ensemble les deux opposés, et qu'on ne joint le nom qu'au dernier; comme la peste est dedans et dehors la ville; il y a des animaux dessus et dessous la terre.

La 4o remarque est sur ces quatre particules, en, y, dont, où, qui signifient de ou à dans toute leur étendue, et de plus lui ou qui : car en signifie de lui, y à lui, dont de qui, et où à qui. Et le principal usage de ces particules est pour observer les deux règles dont nous avons parlé dans le chap. des Pronoms, qui est que lui et qui au génitif, au datif, à l'ablatif, ne se disent ordinairement que des personnes : et ainsi, quand on parle des choses, on se sert d'en au lieu du génitif de lui, ou du pronom son; d'y au lieu du datif à lui; de dont au lieu du génitif de qui, ou duquel, qui se peut dire, mais est d'ordinaire assez languissant ; et

d'où au lieu du datif à qui, ou auquel. Voyez le chap. dés Pronoms.

REMARQUES.

Non seulement une même préposition marque des rapports différents, ce qui paraît déjà un défaut dans une langue; mais elle en marque d'opposés, ce qui paraît un vice; mais c'est aussi un avantage. Si chaque rapport d'une idée à une autre avait sa préposition, le nombre en serait infini, sans qu'il en résultât plus de précision. Qu'importe que la clarté naisse de la préposition seule, ou de son union avec les autres termes de la proposition ? puisqu'il faut toujours que l'esprit réunisse à la fois tous les termes d'une proposition pour la concevoir. La préposition seule ne suffit pas pour déterminer les rapports; elle ne sert alors qu'à unir les deux termes; et le rapport entre eux est marqué par l'intelligence, par le sens total de là phrase.

Par exemple dans ces deux phrases, dont le sens est opposé, Louis a donné à Charles, Louis à ôté à Charles, la préposition à lie les deux termes de la proposition; mais le vrai rapport quant à l'intelligence de la phrase, n'est pas marqué par à, il ne l'est que par le sens total.

A l'égard des rapports qui sont différents sans être opposés, combien la préposition de n'en a-t-elle pas !

1° Elle sert à former des qualificatifs adjectifs: une étoffe d'écarlate. 2° De est particule extractive: du pain, pars aliqua panis. 3° De marque rapport d'appartenance: le livre de Charles. 4° De s'emploie pour pendant ou durant: de jour, de nuit. 5° Pour touchant, sur: parlons de cette affaire. 6° Pour à cause: je suis charmé de sa fortune. 7° De sert à former des adverbes de dessein prémédité.

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Ils est inutile de s'étendre d'avantage sur l'usage des prépositions, dont le lecteur peut aisément faire l'application.

CHAPITRE XII.

Des Adverbes.

Le désir que les hommes ont d'abréger le discours, est ce qui a donné lieu aux adverbes, car la plupart de ces particules ne sont que pour signifier en un seul mot, ce qu'on ne pourrait marquer que par une préposition et un nom : comme sapienter, sagement, pour cum sapientia, avec sagesse; hodiè, pour in hoc die, aujourd'hui.

Et c'est pourquoi, dans les langues vulgaires, la plupart de ces adverbes s'expriment d'ordinaire plus élégamment par le nom avec la préposition: ainsi, on dira plutôt avec sagesse, avec prudence, avec orgueil, avec modération, que sagement, prudemment, orgueilleusement, modérément, quoiqu'en latin, au contraire, il soit d'ordinaire plus élégant de se servir des adverbes.

De là vient aussi qu'on prend souvent pour adverbe ce qui est un nom : comme instar en latin, comme primum, ou primò, partim, ete. Voyez Nouv. Meth. latine; et en français, dessus, dessous, dedans, qui sont de vrais noms, comme nous l'avons fait voir au chap. précédent.

9. Mais parce que ces particules se joignent d'ordinaire au verbe pour en modifier et déterminer l'action', comme generosè pugnavit, il a combattu vaillamment, c'est ce qui a fait qu'on les a appelées ADVERBES.

REMARQUES.

On ne doit pas dire la plupart de ces particules: les adverbes ne sont point des particules, quoiqu'il y ait des particules qui sont des adverbes ; et la plupart ne dit pas assez. Tout mot qui peut être rendu par une préposition et un nom, est un adverbe, et tout adverbe peut s'y rappeler. Constamment, avec constance. On y va, on va dans ce lieu-là.

Particule est un terme vague, assez abusivement employé dans les Grammaires. C'est, dit-on, ce qu'il y a de plus difficile dans les langues. Oui, sans doute, pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent définir les mots par leur nature, et se contentent de renfermer sous une même dénomination, des choses de nature fort différente. Particule ne signifiant que petite partie, un monosyllabe, il n'y a pas une partie d'oraison à laquelle on ne pût quelquefois l'appliquer. MM. de P.-R. étaient plus que personne en état de faire toutes les distinctions possibles, mais en quelques occasions ils se sont prêtés à la faiblesse des Grammairiens de leur temps; et il y en a encore du nôtre, qui ont besoin de pareils ménagements.

CHAPITRE XIII.

Des Verbes, et de ce qui leur est propre et essentiel,

Jusques ici, nous avons expliqué les mots qui si gnifient les objets des pensées : il reste à parler de ceux qui signifient la manière des pensées, qui sont les verbes, les conjonctions et les interjections.

La connaissance de la nature du verbe dépend de ce que nous avons dit au commencement de ce discours, que le jugement que nous faisons des choses, comme

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