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façon que les uns admettent des participes où d'autres ne reconnaissent que des gérondifs. Cependant, quelque semblables qu'ils soient quant à la forme, ils sont de différente nature, puisqu'ils ont un sens différent, quoiqu'ils puissent quelquefois s'employer l'un pour l'autre.

Le participe actif, autrement dit en ant, est à la vérité indéclinable dans l'usage actuel, ce qui le fait confondre avec le gérondif; mais il était anciennement susceptible de genre et de nombre, comme il est aisé de le remarquer dans quelques formules de style. Exemples: les gens tenants notre Cour de Parlement; la rendante compte, etc.

Pour distinguer le gérondif du participe, il faut observer que le gérondif marque toujours une action passagère, la manière, le moyen, le temps d'une action subordonnée à une autre. Exemple: en riant on dit la vérité. En riant est l'action passagère et le moyen de l'action principale de dire la vérité. Je l'ai vu en passant. En passant est une circonstance de temps, c'est-à-dire, lorsque je passais.

Le participe marque la cause de l'action ou l'état de la chose. Exemple: les courtisans, préférant leur avantage particulier au bien général, ne donnent que des conseils intéressés. Préférant marque la cause de l'action, et l'état habituel de la chose dont on parle.

Il y a beaucoup d'occasions où le gérondif et le participe peuvent être pris indifféremment l'un pour l'autre. Exemple: les hommes jugeant sur l'apparence sont sujets à se tromper. Il est assez indifférent qu'on entende dans cette proposition les hommes en jugeant ou qui jugent sur l'apparence. Mais il y a des occasions où l'on doit mettre la préposition en, ou lé pronom qui, si l'on veut éviter l'équivoque. Exemple: je l'ai rencontré allant à la campagne. Allant ne marque pas assez nettement si c'est celui qui a rencontré, ou celui qui a été rencontré, qui allait à la campagne. A l'égard du premier, allant est gérondif, et il est participe à l'égard du second.

Les gérondifs, excepté ayant et étant, peuvent toujours recevoir la préposition en; le participe se résout par le pro→ nom qui.

Nous devons distinguer en français le gérondif, le participe,

et l'adjectif verbal. La différence de l'adjectif verbal d'avec le gérondif et le participe, vient de ce que ceux-ci marquent une action, au lieu que l'adjectif verbal ne fait que qualifier.

Exemple.: par ses attentions, et obligeant dans toutes les occasions qu'il peut trouver, il doit se faire des amis; généreuse, et obligeant tous ceux qui sont dans le besoin, elle mérite les plus grands éloges; c'est un homme obligeant.

Dans le premier exemple, c'est un gérondif; dans le second, un participe; et dans le troisième, un adjectif verbal.

A l'égard du supin, si nous en voulons reconnaître en français, je crois que c'est le participe passif indéclinable, joint à l'auxiliaire avoir. Je parlerai des participes déclinables à l'occasion du chapitre suivant.

CHAPITRE XXII.

Des Verbes auxiliaires des langues vulgaires.

Avant que de finir les verbes, il semble nécessaire de dire un mot d'une chose qui, étant commune à toutes les langues vulgaires de l'Europe, mérite d'être traitée dans la Grammaire générale; et je suis bien aise aussi d'en parler pour faire voir un échantillon de la Grammaire française.

C'est l'usage de vertains verbes, qu'on appelle auxiliaires, parce qu'ils servent aux autres pour former divers temps avec le participe prétérit de chaque

verbe.

Il y en a deux, qui sont communs à toutes ces langues, Être et Avoir. Quelques-unes en ont encore d'autres, comme les Allemands Werden, devenir, ou Wollen, vouloir, dont le présent, étant joint à l'infi

nitif de chaque verbe, en fait le futur. Mais il suffira de parler des principaux, être et avoir.

Être.

Pour le verbe être, nous avons dit qu'il formait tous les passifs, avec le participe du verbe actif, qui se prend alors passivement, je suis aimé,j'étais aimé,etc., dont la raison est bien facile à rendre, parce que nous avons dit que tous les verbes, hors le substantif, signifient l'affirmation avec un certain attribut qui est affirmé. D'où il s'en suit que le verbe passif, comme amor, signifie l'affirmation de l'amour passif; et par conséquent aimé signifiant cet amour passif, il est clair qu'y joignant le verbe substantif, qui marque l'affirmation, je suis aimé, vous êtes aimé, doit signifier la même chose qu'amor, amaris, en latin. Et les Latins même se servent du verbe sum comme auxiliaire dans tous les prétérits passifs, et tous les temps qui en dépendent, amatus sum, amatus eram, etc., comme aussi les Grecs en la plupart des verbes.

Mais ce même verbe être est souvent auxiliaire d'une autre manière plus irrégulière, dont nous parlerons après avoir expliqué le verbe.

Avoir.

L'autre verbe auxiliaire, avoir, est bien plus étrange, et il est assez difficile d'en donner la raison.

Nous avons déjà dit que tous les verbes, dans les langues vulgaires, ont deux prétérits: l'un indéfini, qu'on peut appeler aoriste, et l'autre défini. Le premier se forme comme un autre temps, j'aimai, je sentis, je vis.

Mais l'autre ne se forme que par le participe prétérit,

aimé, senti, vu, et le verbe avoir, j'ai aimé, j'ai senti, j'ai vu.

Et non seulement ce prétérit, mais tous les autres temps qui, en latin, se forment du prétérit, comme d'amavi, ama veram, amaverim, amavissem, amavero, amavisse: j'ai aimé, j'avais aimé, j'aurais aimé, j'eusse aime, j'aurai aime, avoir aimé.

Et le verbe avoir n'a ces sortes de temps que par lui-même, comme auxiliaire, et son participe eu : j'ai eu, j'avais eu, j'eusse eu,j'aurais eu. Mais le prétérit j'avais eu, nille futur j'aurai eu, ne sont pas auxiliaires des autres verbes: car on dit bien, sitôt que || j'ai eu dîné', quand j'eusse eu ou j'aurais eu dîne'; mais on ne dit pas, j'avais eu diné, ni j'aurai eu dîné, mais seulement j'avais diné, j'aurai dine, etc.

Le verbe être, de même, prend ces mêmes temps d'avoir et de son participe été : j'ai été, j'avais été, etc.

En quoi notre langue est différente des autres, les Allemands, les Italiens et les Espagnols faisant le verbe être auxiliaire à lui-même dans ces temps-là; car ils disent sono stato, je suis été ; ce qu'imitent les Walons, qui parlent mal français.

Or, comment les temps du verbe avoir servent à en former d'autres en d'autres verbes, on l'apprendra dans cette table.

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Mais si cette façon de parler, de toutes les langues vulgaires, qui paraît être venue des Allemands, est assez étrange en elle-même, elle ne l'est pas moins dans la construction avec les noms qui se joignent à ces prétérits formés par ces verbes auxiliaires et le participe.

Car 1° le nominatif du verbe ne cause aucun changement dans le participe: c'est pourquoi l'on dit aussi bien au pluriel qu'au singulier, et au masculin qu'au féminin, il a aimé, ils ont aimé, elle a aimé, elles ont aimé, et non point, ils ont aimés, elle a aimée, elles ont aimées.

2o L'accusatif que régit ce prétérit, ne cause point aussi le changement dans le participe lorsqu'il le suit, comme c'est le plus ordinaire. C'est pourquoi il faut dire: il a aimé Dieu, il a aimé l'Eglise, il a aimé les livres, il a aime les sciences; et non point: il a aimée

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