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Que l'amour et la majesté ne s'accordent point en

semble:

Non benè conveniunt, nec in uná sede morantur
Majestas et amor.

DES DISJONCTIVES.

Les disjonctives sont de grand usage, et ce sont celles où entre la conjonction disjonctive, vel, ou.

L'amitié, ou trouve les amis égaux, ou les rend égaux :

Amicilia pares aut accipit, aut facil.

Une femme aime ou hait, il n'y a point de milieu :

Aut amat aut odit mulier, nikil est tertium.

Celui qui vit dans une entière solitude est une bête ou un ange (dit Aristote).

Les hommes ne se remuent que par l'intérêt ou par la crainte.

La terre tourne alentour du soleil, ou le soleil alentour de la terre.

Toute action faite avec jugement est bonne ou mauvaise.

La vérité de ces propositions dépend de l'opposition nécessaire des parties, qui ne doivent point souffrir de milieu. Mais comme il faut qu'elles n'en puissent souffrir du tout pour être nécessairement vraies, il suffit qu'elles n'en souffrent point ordinairement pour être considérées comme moralement vraies. C'est pourquoi il est absolument vrai qu'une action faite avec jugement est bonne ou mauvaise, les théologiens faisant voir qu'il n'y en a point en particulier qui soit indifférente; mais quand on dit, qué les hommes ne se remuent que par l'intérêt ou par la crainte, cela n'est pas vrai absolument, puisqu'il y en a quelques-uns qui ne se remuent ni par l'une ni par l'autre de ces passions,

mais par la considération de leur devoir : et ainsi toute la vérité qui y peut être, est que ce sont les deux ressorts qui remuent la plupart des hommes.

Les propositions contradictoires aux disjonctives, sont celles où on nie la vérité de la disjonction : ce qu'on fait en latin, comme en toutes les autres propositions composées, en mettant la négation à la tête : non omnis actio est bona vel mala; et en français: il n'est pas vrai que toute action soit bonne ou mauvaise.

DES CONDITIONNELLES.

Les conditionnelles sont celles qui ont deux parties liées par la condition si, dont la première, qui est celle de la condition, s'appelle l'antécédent, et l'autre le conséquent si l'âme est spirituelle, c'est l'antécédent, elle est immortelle, c'est le conséquent.

Cette conséquence est quelquefois médiate, et quelquefois immédiate: elle n'est que médiate, quand il n'y a rien dans les termes de l'une et de l'autre partie qui les lient ensemble, comme si je dis :

Si la terre est immobile, le soleil tourne.

Si Dieu est juste, les méchants seront punis. Ces conséquences sont fort bonnes, mais elles ne sont pas immédiates, parce que les deux parties n'ayant pas de terme commun, elles ne se lient que par ce qu'on a dans l'esprit, et qui n'est pas exprimé: que la terre et le soleil se trouvant sans cesse en des situations différentes l'une à l'égard de l'autre, il faut nécessairement que si l'une est immobile, l'autre se remue.

Quand la conséquence est immédiate, il faut pour l'ordinaire :

1. Ou que les deux parties aient un même sujet : Si la mort est un passage à une vie plus heureuse, elle est désirable.

Si vous avez manqué à nourrir les pauvres, vous les avez tués,

Si non pavisti, occidisti.

2. Ou qu'elles aient le même attribut :

Si toutes les épreuves de Dieu nous doivent être chères,

Les maladies nous le doivent être.

3. Ou que l'attribut de la première partie soit le sujet de la seconde :

Si la patience est une vertu,

Il y a des vertus pénibles.

4. Ou enfin que le sujet de la première partie soit l'attribut de la seconde, ce qui ne peut être que quand cette seconde partie est négative:

Si tous les vrais chrétiens vivent selon l'Évangile, Il n'y a guère de vrais chrétiens.

On ne regarde pour la vérité de ces propositions que la vérité de la conséquence, car, quoique l'une et l'autre partie soit fausse, si néanmoins la conséquence de l'une à l'autre est bonne, la proposition en tant que conditionnelle est vraie, comme :

Si la volonté de la créature est capable d'empêcher que la volonté absolue de Dieu ne s'accomplisse, Dieu n'est pas tout-puissant.

Les propositions considérées comme négatives et contradictoires aux conditionnelles, sont celles-là seulement dans lesquelles la condition est née, ce qui se fait en latin, en mettant une négation à la tète :

Non si miserum fortuna Sinonem

Finxit, vanum etiam mendacemque improba finget.

Mais en français on exprime ces contradictoires par quoique et une négation:

Si vous mangez du fruit défendu, vous mourrez.

Quoique vous mangiez du fruit défendu, vous ne mourrez pas.

Ou bien par, il n'est pas vrai :

Il n'est pas vrai que si vous mangez du fruit défendu, vous mourrez.

DES CAUSALES.

Les causales sont celles qui contiennent deux propositions liées par un mot de cause, quia, parce que, ou ut, afin que.

Malheur aux riches, parce qu'ils ont leur consolation en ce monde.

Les méchants sont élevés, afin que, tombant de plus haut, leur chute en soit plus grande:

Tolluntur in allum,

Ut lapsu graviore ruant.

Ils le peuvent parce qu'ils croient le pouvoir:
Possunt quia posse videntur.

Un tel prince a été malheureux, parce qu'il était né sous une telle constellation.

On peut aussi réduire à ces sortes de propositions, celles qu'on appelle réduplicatives:

L'homme en tant qu'homme est raisonnable. Les rois en tant que rois ne dépendent que de Dieu seul.

Il est nécessaire pour la vérité de ces propositions, que l'une des parties soit cause de l'autre; ce qui fait aussi qu'il faut que l'une et l'autre soit vraie; car ce qui est faux n'est point cause, et n'a point de cause; mais l'une et l'autre partie peut être vraie, et la causale être fausse, parce qu'il suffit pour cela que l'une des parties ne soit pas cause de l'autre : ainsi un prince peut avoir été malheureux et être né sous une telle constellation, qu'il ne laisserait pas d'être faux

qu'il ait été malheureux, pour être né sous cette constellation.

C'est pourquoi c'est en cela proprement que consistent les contradictoires de ces propositions, quand on nie qu'une chose soit cause de l'autre : non ideò infelix, quia sub hoc natus sidere.

DES RELATIVES.

Les relatives sont celles qui renferment quelque comparaison et quelque rapport :

Où est le trésor, là est le cœur.
Telle est la vie, telle est la mort.
Tanti es, quantùm habeas,

On est estimé dans le monde à proportion de son bien.

La vérité dépend de la justesse du rapport, et on les contredit en niant le rapport :

Il n'est pas vrai que telle est la vie, telle est la

mort.

Il n'est pas vrai qu'on soit estimé dans le monde à proportion de son bien.

DES DISCRÉTIVES.

Ce sont celles où l'on fait des jugements différents, en marquant cette différence par les particules sed, mais, tamen, néanmoins, ou autres semblables exprimées ou sous-entendues.

Fortuna opes auferre, non animum potest, la fortune peut ôter le bien, mais elle ne peut ôter le

cœur.

Et mihi res, non me rebus submittere conor, je tâche de me mettre au-dessus des choses, et non pas d'y être asservi.

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