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terminaison des noms ; mais par la différence des sexes; de sorte que les noms des choses inanimées n'ont point de genre, ou, si vous voulez, ils sont du genre neutre.

« Ce est souvent substantif; il vient de la dernière syllabe de hocce. Alors, quoi qu'en disent nos Grammairiens, ce est du genre nentre; car on ne peut pas dire qu'il soit masculin, ni qu'il soit féminin. Ce que vous dites est vrai, hocce, istud quod dicis, verum est. Ceci, cela sont aussi dec substantifs neutres.

« Le mot épicène vient du grec éπíxovos, communis, promiscuus. On appelle épscènes les noms qui, sous une même terminaison, ou masculine, ou féminine, se disent indifféremment du mâle ou de la femelle. >>

CHAPITRE VI.

Des Cas, et, par occasion, des Prépositions.

QUAND on dit de suite, et dans un certain ordre, tous les cas, ou toutes les terminaisons d'un nom, c'est ce qu'on appelle décliner: on commence par la première terminaison d'un nom, ensuite on descend, on décline, on va jusqu'à la dernière (1).

Nominativus seu rectus, cadens à suâ terminatione in alias, facit obliquos casus (2).

Les Grecs n'ont que cinq cas, nominatif, vocatif, génitif, datif, accusatif; mais la force de l'ablatif est souvent rendue par le génitif, et quelquefois par le datif. Ablativi formá Græci carent, non vi quæ genitivo et aliquando dativo refertur (3).

Selon Varron, les cas ont été inventés afin que celui qui

(1) Voyez dans l'Encyclopédie, les mots cas, déclinaison.

(2) Priscianus, livre V, De casu.

(3) Angeli Caninii E'λnvesμòs. Paris, 1578, page 87.

parle puisse faire connaître, ou qu'il appelle, ou qu'il donne, ou qu'il accuse. Sunt destinati casus, ut qui de altero diceret, distinguere posset, cùm vocaret, cùm daret, cùm accusaret (1).

DU NOMINATIF.

L'abbé Regnier (2) appelle le nominatif cas direct, parce que c'est directement de celui-là que tous les autres dépendent, et parce qu'il gouverne directement toute la construction du discours. Ainsi, lorsqu'avant ou après un verbe substantif, ou censé tel, il y a un nom ou pronom au nominatif, ce n'est pas un pur nominatif suppléant, régi et jamais régissant, comme le prétend le P. Buffier (3). Dans cette phrase, s'il n'est pas savant, il le sera, le n'est point régi par le verbe, comme ce Père se l'est imaginé; le exprime simplement l'attribut que le verbe substantif liera avec le sujet il; il sera le, c'est-à-dire, savant. Le nominatif régi est une chimère, il n'y en a point. Les faiseurs de Rudiments ont tort de dire que le verbe substantif régit le nominatif : le verbe substantif ne régit rien, il lie seulement l'attribut au sujet. M. l'abbé Vallart (4), qui est de ce nombre, a fait une lourde bévue en assignant le nominatif pour régime de certaines prépositions.

DU VOCATIF.

La définition du vocatif, donnée par Port-Royal, et copiée mot à mot par M. Restaut, ne paraît pas bien exacte, quand on l'examine de près avec ce que l'abbé Regnier a dit de ce cas (5). On peut fort bien nommer une personne ou une chose sans lui parler, sans s'adresser à elle, sans l'appeler; mais on ne peut pas appeler, apostropher une personne ou une chose sans la nommer, c'est-à-dire, sans la désigner, ou par un nom, ou par un pronom, ou par un équivalent exprimé ou sousentendu. Pour parler juste, il faudrait, ce me semble, définir le vocatif, un cas par lequel on appelle ou on apostrophe

(1) Livre I, De analogia.

(2) Page 146.

(3) N° 431.

(4) Page 388.

(5) Page 143, etc.

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une personne, on parle à quelqu'un ou on s'adresse à une chose comme si c'était une personne. « On nomme pour distinguer, dans le discours, les personnes qui parlent ou dont on parle ; on appelle pour faire venir, dans le besoin, les personnes à qui on adresse la parole » (1).

Quoique la plupart des Grammaires anciennes et modernes aient coutume de ne mettre le vocatif qu'au cinquième rang des cas, in quinto casu, après l'accusatif, je crois avec M. l'abbé Regnier, qu'on devrait imiter Varron et Port-Royal, qui placent le vocatif au second rang des cas, in secundo easu, immédiatement après le nominatif; « car, dit cet excellent académicien, outre l'affinité qu'il y a entre nommer et appeler, entre nominatif et vocatif, ces deux cas ont cela de commun qu'ils régissent tous deux le verbe, et qu'ils n'en sont jamais régis. >> Les premières et les troisièmes personnes sont régies par le nominatif; les secondes personnes de l'impératif et des temps des autres modes le sont par le vocatif, qui est le sujet, et qui y tient lieu de nominatif, comme le dit M. Restaut lui-même. Il parait donc plus conforme aux principes raisonnés de ranger ces deux cas l'un après l'autre. Je ne sais pourquoi ce Grammairien ne donne point de vocatif aux pronoms, ear quand en apostrophant une personne on lui dit, toi, viens, vous, venez, toi et vous de son propre aveu sont des vocatifs. D'ailleurs ne peut-on pas dire, ou au moins penser, que tous les pronoms personnels de la seconde personne sont sujets des secondes personnes des verbes, et ont un vocatif au lieu d'un nominatif?

DU GÉNITIF.

Je suis porté à croire qu'on définirait beaucoup mieux ce cas (2), si on disait qu'il exprime le rapport d'une chose, dont la détermination tire son origine ou sa dépendance d'une autre chose. Génitif vient de genitus, engendré, produit.

DU DATIF.

Il me semble que la définition du datif serait moins res

(1) Synon., page 255.

(2) Regnier.

treinte, et conviendrait davantage à tout le défini, si elle était conçue en ces termes : le datif signifie le rapport d'une chose à laquelle on donne, on attribue d'autres choses, datus, donné.

DE L'ACCUSATIF.

L'accusatif se nomme ainsi, parce que c'est par ce cas que l'on accuse (1), que l'on déclare, que l'on fait connaitre quel est le terme d'une action où d'un rapport. Amo Deum, amor erga Deum.

DE L'ABLATIF.

On appelle ainsi ce cas d'ablatus, ôté, parce qu'il marque ordinairement séparation, division, privation, dérivation, ou transport d'une chose à une autre par le moyen des prépositions. Tous ces rapports s'expriment en latin par a, ab, e, ex, de, etc., et en français par de, du, des, quelquefois même par à: accepit à, ex, de Petro, il a reçu de Pierre; auferre aliquid alicui, ab aliquo, ôter quelque chose à quelqu'un.

Dans tous les ablatifs qu'on appelle communément absolus, imperante Cæsare Augusto, la préposition sub est sous-entendue, comme nous disons en français, sous l'empire d'Auguste; Sæpè ego correxi sub te censore libellos; Marco sub judice palles; quos decet esse hominum tali sub principe mores (2); florent sub Cæsare leges (3); uti de aliquo, de victoriá; de injuriá queri (4). Ainsi toutes les fois qu'un nom est à l'ablatif en latin, nous pouvons dire que ce nom est le terme d'une préposition exprimée ou sous-entendue.

Toutes les fois qu'en notre langue un nom est gouverné par une préposition,... nous pouvons dire que ce nom est à l'ablatif, ou à quelqu'autre cas, excepté au vocatif et au nominatif, qui sont tous deux régissants, et jamais régis (5).

Gardons-nous bien de la méprise du P. Buffier, qui dit (6)

(1) Du Marsais.

(2) Ovid., Pers., Mart.

(3) Ovid.

(4) Cic. Cæsar.

(5) Grammaire raisonnée, page 63.

(6) N° 646.

que parmi les prépositions, les unes régissent le génitif, d'autres le datif, d'autres le nominatif. Dans les langues où les cas sont distingués par différentes terminaisons, ce n'est jamais par le nominatif qu'on exprime le régime des prépositions, c'est toujours par quelqu'un des autres cas, principalement par l'ablatif, et même par l'aceusatif; car, dit l'abbé Regnier à ce sujet (1), si les prépositions régissaient toujours l'ablatif, elles ne pourraient jamais recevoir après elles les articles de l'accusatif le, la, les: or, presque toutes reçoivent ces articles, et l'on dit très-bien : il a été puni pour les crimes qu'il avait commis; avec la douceur que je lui connais, il gagnera ceux qu'on n'a pu réduire par la violence; il est parvenu sans le secours de personne; en allant chez le ministre, il a passé devant le palais.

Observons ici que ce sont les terminaisons seules qui par leur variété constituent les cas, et doivent être appellées cas; en sorte qu'il n'y a point de cas, ni par conséquent de déclinaisons, dans les langues où les noms gardent toujours la terminaison de leur première dénomination, et que, lorsque nous disons un temple de marbre, l'âge de fer, ces mots de marbre, de fer, ne sont pas plus un génitif que les mots latins de marmore, de ferro, quand Virgile a dit templum de marmore, et Ovide ætas de duro est ultima ferro. Ainsi à et de ne marquent pas plus des cas en français que par, pour, en, sur,

etc.

Les noms hébreux n'ont point de cas, il en est de même des noms français; ils sont souvent précédés de certaines prépositions qui en font connaître les rapports; souvent aussi c'est le sens, c'est l'ensemble des mots de la phrase, qui par le mécanisme des idées accessoires, et par la considération des circonstances, donne l'intelligence des mots ; ce qui arrive aussi en latin à l'égard des mots indéclinables, tels que fas, nefas,

cornu.

Les prépositions qui précèdent les noms équivalent à des cas pour le sens, puisqu'elles marquent des vues particulières de l'esprit, mais elles ne font point des cas proprement dits; car l'essence du cas ne consiste que dans la terminaison du

(1) Page 173.

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