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je donne seulement à Luculle la qualité de riche qualité qui peut lui être commune avec d'autres personnes; mais si je disais chez Luculle le riche, je supposerais qu'il y a plusieurs Luculle, desquels celui-ci est distingué par ses richesses.

Les différents exemples cités par M. l'abbé Girard (1), prouvent incontestablemeet que a et de servent à indiquer le -rapport d'une chose à une autre; ces deux mots sont done partout vraies prépositions, et ne sont pas plus articles ou particules dans une circonstance que dans l'autre.

Le même académicien (2) fait d'inutiles efforts pour distinguer de préposition d'avec de particule : je pense, comme M. Du Marsais, que dans cette phrase, offrir de l'argent de bonne grâce, et dans les autres de la même espèce, il y a ellipse, c'est-à-dire, suppression de quelques mots qu'il faut restituer, pour pouvoir donner une explication exacte et raisonnée de toute la phrase. Le premier de indique un rapport extractif, non entre offrir et l'argent, mais entre ces deux mots sous-entendus, une partie et l'argent; c'est comme si on disait offrir une partie de l'argent, ou quelque chose de l'argent. De est une préposition, car elle donne au sens un tour d'extrait, ou, ce qui est la même chose, elle indique un rapport extractif; elle a pour complément l'argent, dont elle restreint l'acception, d'où elle marque que l'on tire une partie pour l'offrir de bonne grâce; par conséquent l'argent est sous le régime direct et immédiat de la première préposition de, comme ces deux mots sous-entendus une partie sont sous le régime direct et immédiat du verbe offrir.

L'article partitif, que La Touche, le P. Buffier et M. Res taut paraissent avoir formé d'après la particule de partition de la Grammaire raisonnée (3), ne me semble pas plus bizarre que la particule extractive de M. l'abbé Girard. On trouve dans cet endroit des Vrais principes (4), autant de confusion et de galimatias qu'il en reproche aux Grammairiens précédents.

(1) Tome I, page 180.

(2) Tome II, page 216.

(3) Seconde partie, chapitre 4.

(4) Tome I, page 185, etc.

De n'est jamais ni article partitif, ni particule extractive; il est toujours préposition. Quand on dit, de très-habiles gens sont quelquefois dupés par des sots, c'est comme si on disait, un nombre de très-habiles gens sont quelquefois dupés par une partie des sots; pardonnez à qui veut vous nuire, c'està-dire, pardonnez à la personne qui veut vous nuire; recevez de qui veut vous donner, c'est-à-dire, recevez de la personne qui veut vous donner; il ne s'amuse point à de la créme fouettée, quand il peut s'attacher à de la viande solide, c'est comme s'il y avait, il ne s'amuse pas à une portion de la créme fouettée, quand il peut s'attacher à une portion de la viande solide.

La Grammaire générale dit (1) qu'avant les substantifs on met des, des animaux, et qu'on met de quand l'adjectif précède, de beaux lits; mais cette règle n'est pas générale, car dans le sens qualificatif indéfini on se sert de la simple préposition de, même devant le substantif, surtout quand le nom qualifié est précédé du prépositif un; et l'on met des ou de les, quand le mot qui qualifie est pris dans un sens individuel : tes lumières des philosophes anciens (2), ou des anciens philosophes, ont été fort utiles aux nouveaux.

A l'occasion de la préposition de, « il (3) est bon de remarquer que jamais il n'y a, et jamais il ne doit y avoir redoublement de préposition pour les parties d'un seul et même complément. Tout adjectif uniquement employé pour qualifier, et nécessairement uni à son substantif pour ne faire avec lui qu'un seul complément, loin d'exiger cette répétition, la rejette formellement. Dans cet exemple, c'est la coutume des peuples les plus barbares, l'adjectif les plus barbares n'y est employé que pour qualifier le substantif peuples, et faire avec lui le complément du rapport entre la coutume et les peuples. Si l'article les y est répété, et joint à l'adverbe plus, c'est pour mettre cet adjectif au suprême degré de comparaison; mais lorsqu'on place un adjectif pour ajouter un second rapport au premier, alors cet adjectif devenant nouveau

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complément, demande le redoublement de la préposition, parce que le génie de notre langue veut que la préposition paraisse à la tête de chaque complément. On dirait donc, c'est la coutume des peuples les plus barbares, ainsi que des plus civilisés, d'avoir un cérémonial pour les actions publiques. »

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Selon M. l'abbé d'Olivet, nos superlatifs demandent l'artipour n'être pas confondus avec le comparatif.

1° «< Si le superlatif ne vient qu'à la suite du substantif auquel il se rapporte, l'article, quoique déjà exprimé avant le substantif, doit se répéter après; par exemple, dans cette phrase, les plus savants hommes ignorent quelquefois les plus simples choses, l'article sert en même temps, et au substantif, et au superlatif; mais si l'on met le superlatif après le substantif, il faut répéter l'article, et dire, les hommes lès plus savants ignorent quelquefois les choses les plus simples.

«< 2o Le superlatif n'admet jamais que l'article simple, lors même que son substantif a reçu l'article composé : cela est fondé sur ce que le superlatif demande la répétition de l'article, et non la répétition de la préposition incorporée avec l'article. >>

M. l'abbé Girard, en s'efforçant d'expliquer et d'étendre ce point de Grammaire, l'a, ce me semble, beaucoup embrouillé.

M. Restaut aurait bien dû insérer cette excellente remar-< que dans ses Principes raisonnés. Ce Grammairien dit (1) que le superlatif relatif s'exprime, en mettant avant les noms adjectifs le mot plus précédé de le, du, au, ou de la, de la, à la, ou de les, des, aux.

N'eût-il pas été mieux de dire, « en mettant avant les comparatifs d'excès et de défaut, le, du, au, la, de la, à la, les, des, aux. »>

Meilleure, pire, et pis, ainsi que tous les adjectifs précédés du mot plus, et tous les participes précédés du mot mieux, sont des comparatifs d'excès.

Moindre, ainsi que tous les adjectifs précédés dú mot moins, sont des comparatifs de défaut.

(1) Page 60.

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Mettez un des articles ci-dessus avant ces deux sortes de comparatifs, et vous aurez toutes les espèces de superlatifs relatifs; au lieu que, de la manière dont M. Restaut propose sa règle, les mots meilleur, mieux, pire, pis, moindre, moins, quoique précédés d'articles, ne formeraient point de superlatifs. D'ailleurs, « de le, de la de la, de les,» rangés ainsi, ont quelque chose d'équivoque pour le sens, et de dur pour l'oreille.

M. Restaut n'aurait-il pas dù faire observer 1o que, quoiqu'on ne dise point plus bon comparatif d'excès, on dit cependant aussi bon comparatif d'égalité, et moins bon comparatif de défaut; 2° que les pronoms possessifs absolus, mon, ma, mes, ton, ta, tes, son, sa, ses, notre, nos, votre, vos et leur, opèrent le même effet que l'article pour la formation du superlatif? Mon meilleur domestique, ma plus grande passion, notre ou votre plus fidèle sujet, son ou ton plus tendre ami, ses ou tes plus cruels ennemis, leur moindre souci, etc., énoncent le même degré de supériorité que ces autres expressions, le meilleur de mes domestiques, la plus grande de mes passions (1), etc.

C'est ici le lieu d'examiner certaines phrases où l'on emploie un, suivi d'un nom ou pronom pluriel au génitif, comme un des objets, un des points, un des sujets, un des hommes, un de ceux, etc.

M. Restaut prétend que dans ces sortes de phrases un est pris, tantôt dans un sens distinctif, tantôt dans un sens énumératif.

« Un, dit-il, est distinctif quand il exclut toute idée d'égalité, ou que la chose qu'il exprime est mise au-dessus ou audessous de toutes les autres, et cette distinction est marquée par un superlatif. Alors l'adjectif ou le relatif suivant doit être au singulier, parce que c'est un qui en est le substantif ou l'antécédent, et non pas le nom ou pronom pluriel au génitif; les Académiciens se proposeront l'érudition grecque et latine comme un des objets le plus digne de leur application; Hégésilochus fut un de ceux qui travailla le plus efficacement (1) Voyez l'abbé Girard, tome I, page 384.

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và la ruine de la patrie; la magie a toujours été un des sujets sur lequel le pyrrhonisme a le plus triomphé.

« Un est énumératif, quand la chose à laquelle il se rapporte est confondue sans distinction avec d'autres, ou, s'il y a une distinction exprimée par un superlatif suivant, quand cette distinction tombe également sur plusieurs choses; c'est alors le nom ou pronom pluriel au génitif, qui est le substantif ou l'antécédent de l'adjectif ou du relatif suivant, et cet adjectif ou relatif doit être au pluriel, comme dans ces exemples: Cicéron fut un de ceux qui furent sacrifiés à la vengeance des Triumvirs; le P. Mabillon a été un des hommes les plus savants de notre siècle. On entend que Cicéron ne fut pas de seul sacrifié à la vengeance des Triumvirs, et qu'il peut y avoir eu dans notre siècle des hommes aussi savants qne le P. Mabillon (1). »

Aux exemples précédents, ajoutons les suivants, tous pris au hasard dans les Memoires de l'Académie des Belles-Lettres: Le dieu Mercure est un de ceux qu'on a le plus multiplié; Philiste fut un de ceux qni le serait le plus utilement; un de ceux qui a le mieux éclairci cette question; ce fut une des choses qui contribua davantage à les lier étroitement; e'est un des points sur lequel on a été le moins partagé; un des <(1) Relevons ici une faute échappée à M. Restaut; après avoir dit * : «ll n'y a rien de vicieux dans les phrases suivantes : Clésias est un des premiers qui ait exéculé cette entreprise, etc.,» il ajoute : « Le verbe y est au singulier, parce que le mot un qui le précède est distinctif, et par conséquent nominatif du verbe; » il aurait plutôt fallu dire : « Parce que son nominatif qui, dont il est précédé, est un pronom relatif singulier, dont l'antécédent est le mot un distinctif. ››

Même faute dans la phrase suivante : « Quand on dit : Ctésias est un des premiers qui ait exécuté cette entreprise, on entend non-seulement que personne ne l'avait exécutée avant lui, mais encore qu'il l'a exécutée avant tous les autres, et qu'il leur en a donné l'exemple: si au contraire on voulait faire entendre que plusieurs l'ont exécutée d'abord, et qu'il est un des premiers qui ont commencé à l'exécuter, il faudrait dire : Clésias est un des premiers qui aient exécuté cette entreprise; alors, comme un serait énumératif, le nominatif du verbe serait des premiers. » M. Restaut aurait dû dire : « Le pronom relatif qui, nominatif du verbe, serait au pluriel, parce qu'il aurait pour antécédent, des premiers, génitif pluriel; par conséquent le verbe aient serait aussi au pluriel.>>

* Pages 200 et 201.

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