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il est aisé de montrer que ce ne sont point des sons simples, et qu'ils se rapportent à quelques-uns de ceux que nous avons marqués.

Car des quatre gutturales des Hébreux, il y a de l'apparence que l'aleph valait autrefois un a, he un e, et l'aïn un o : ce qui se voit par l'ordre de l'alphabet grec, qui a été pris de celui des Phéniciens jusques au : de sorte qu'il n'y avait que le heth qui fût proprement aspiration.

Maintenant, l'aleph ne sert que pour l'écriture, et n'a aucun son que celui de la voyelle qui lui est jointe.

Le he n'en a guère davantage, et au plus n'est distingué du heth, que parce que l'un est une aspiration moins forte, et l'autre plus forte, quoique plusieurs ne comptent pour aspiration que le he, et prononcent le heth comme un k, keth.

Pour l'ain, quelques-uns en font une aspiration du gosier et du nez; mais tous les Juifs orientaux ne lui donnent point de son, non plus qu'à l'aleph; et d'autres le prononcent comme une ǹ liquide.

Le thau et le teth, ou n'ont que le même son, ou ne sont distingués que parce que l'un se prononcé avec aspiration, et l'autre sans aspiration : et ainsi l'un des deux n'est pas un son simple.

J'en dis de même du caph et du coph.

Le tsade n'est pas aussi un son simple, mais il vaut un t et une s.

De même dans l'alphabet grec, les trois aspirées, ,,, ne sont pas des sons simples, mais composés du, *,, avec l'aspiration.

Et les trois doubles, 3, 4, 4, ne sont visiblement que des abrégés d'écriture, pour ds, cs, ps.

Il en est de même de l'x du latin, qui n'est que le des Grecs.

Le q et le k ne sont que le c, prononcé dans le son qui lui est naturel.

Le double w des langues du Nord n'est que l'u romain, c'est-à-dire, ou, lorsqu'il est suivi de voyelle, comme winum ; sinum, ou l'v consonne, lorsqu'il est suivi d'une consonne.

REMARQUES.

1° Il faudrait joindre au c le k et le q pour répondre exactement au son du cappa et du caph, parce que le c s'emploie pour s devant l'e et l'i, au lieu que le k garde toujours le son qui lui est propre. Il serait même à désirer qu'on l'employât préférablement au q, auquel on joint un u presque toujours inutile, et quelquefois nécessaire, sans que rien indique le cas de nécessité. On écrit, par exemple, également quarante et quadrature, sans qu'il y ait rien qui désigne que dans le premier mot la première syllabe est la simple voyelle a, et dans le second, la diphtongue oua. Le k est la lettre dont nous faisons le moins et dont nous devrions faire le plus d'usage, attendu qu'il n'a jamais d'emploi vicieux.

On doit observer que le son du q est plus ou moins fort dans des mots différents. Il est plus fort dans banqueroute que dans banquet, dans quenouille que dans queue. Les Grammairiens pourraient convenir d'employer le k pour le son fort du q, kalendes, kenouille, bankeroute; et le q pour le son affaibli, queue, vainqueur.

Alors le c qui deviendrait inutile dans notre alphabet, et qu'il serait abusif d'employer pour le son du s, qui a son caractère propre; le c, dis-je, servirait à rendre le son du ch, qui n'a point de caractère dans l'alphabet.

2o Le g est aussi plus ou moins fort. Il est plus fort dans guenon que dans gueule, dans gomme que dans guide.

On pourrait employer le caractère g, pour le son du g fort, en lui donnant pour dénomination dans l'alphabet, le son qu'il a dans la dernière syllabe de bague. On emprunterait du grec le gamma y pour le g faible, et sa dénomination dans

l'alphabet serait le son qu'il a dans gué, vadum, ou dans la seconde syllabe de baguette.. Le caractèrej, qu'on appelle j consonne, prendrait la dénomination qu'on donne vulgairement au g: de sorte que l'on écrirait gomme, quide, anje, et les autres mots pareils.

Je ne dois pas dissimuler que d'habiles Grammairiens, ep admettant la différence sensible des différents sons du get du q, pensent qu'elle ne vient que des voyelles auxquelles ils s'unissent: ce que je ne crois pas. Mais si le sentiment de ces Grammairiens était adopté, on ne pourrait pas nier du moins qu'il ne fallût fixer un caractère pour le ch, donner au g, dans l'alphabet, la dénominatiou du gue, comme on le prononce dans figue, et à l'j consonne celle de je: anje, sonje, etc.

3° Nous avons trois sons mouillés : deux forts et un faible. Les deux forts sont le gn dans règne, le ill dans paille; le mouillé faible se trouve dans aïeul, païen, faïence, etc. C'est dans ces mots une véritable consonne quant au son, puisqu'il ne s'entend pas seul, et qu'il ne sert qu'à modifier la voyelle suivante par un mouillé faible.

Il est aisé d'observer que les enfants et ceux dont la prononciation est faible et lâche, disent païe pour paille, Versaïes pour Versailles: ce qui est précisément substituer le mouillé faible au mouillé fort. Si l'on faisait entendre l'i dans aïeul et dans païen, les mots seraient alors de trois syllabes physiques on entendrait a-ï-eul, pa-i-en, au lieu qu'on n'entend que a-ïeul, pa-ien: car on ne doit pas oublier que nous traitons ici des sons, quels que soient les caractères qui les repré

sentent.

Pour éviter toute équivoque, il faudrait introduire dans notre alphabet le lambda λ comme signe du mouillé fort. Exemple: pake, Versane, fine. Le mouillé faible serait marqué par y, qui, par sa forme, n'est qu'un lambda a renversé y. Exemple: payen, ayeul, fayence. On n'abuserait plus de y, tantôt pour un i, tantôt pour ii: on écrirait on i va, et non pas on y va; paiis, et encore mieux pé-is, et non pas pays; abéie, et non pas abaye.

On se servirait du ñ des Espagnols pour le mouillé de règne, vigne, agneau, etc., qu'on écrirait rene, viñe, añcau;

comme les Espagnols en usent en écrivant Iñès, España, qu'ils prononcent Ignès, Espagna. Ceux qui sont instruits de ces matières, savent qu'il est très-difficile de faire entendre par écrit ce qui concerne les sons d'une langue cela serait très-facile de vive voix, pourvu qu'on trouvât une oreille juste et un esprit libre de préjugés. Au reste, ce ne sont ici que de simples vues, car il n'y aurait qu'une compagnie littéraire qui pût avoir l'autorité nécessaire pour fixer les caractères d'une langue: autorité qui serait encore longtemps contrariée, mais qui ferait enfin loi.

Nous avons donc trois consonnes de plus qu'on n'en marque dans les Grammaires : ce qui fait vingt-deux au lieu de dix-neuf.

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Les dix-sept voyelles et les vingt-deux consonnes font

trente-neuf sons simples dans notre langue, et si l'on y joint celui du æ, il y aura quarante sons; mais on doit observer que cette double consonne x n'est point un son simple: ce n'est qu'une abréviation de cs dans axe, de gz dans exil, de deux ss dans Auxerre, et qui s'emploie improprement pour s dans baux, maux, etc. ; c'est un s fort dans six, un z dans sixième, et un c dur dans excellent: on s'en sert enfin d'une manière si vicieuse et si inconséquente, qu'il faudrait ou supprimer ce caractère, ou en fixer l'emploi.

L'y grec, dans notre orthographe actuelle, est un i simple, quand il fait un seul mot. Exemple : il y a. Il est un simple signe étymologique dans système. Il est ii double dans pays: c'est comme s'il y avait pai-is; mais dans payer, royaume, moyen, etc., il est voyelle et consonne quant au son, c'est-à-dire, un i qui s'unit à l'a, pour lui donner le son d'un é, et le second jambage est un mouillé faible : c'est comme s'il y avait pai-ïer, moi-ïen. Il est pure consonne dans ayeul, payen, fayence, pour ceux qui emploient l'y au lieu de l'ï tréma, qui est aujourd'hui le seul en usage, pour ces sortes de mots qu'on écrit aïeul, païen, faïence, etc. L'y grec employé pour deux i, devrait, dans la typographie, être marqué de deux points, dont le premier jambage est un i, et le second un mouillé faible.

L'ï tréma, qui est un mouillé faible dans aïeul et autres mots pareils, est voyelle dans Sinaï. Tous les Grammairiens ne conviendront peut-être pas de ce troisième son mouillé, parce qu'ils ne l'ont jamais vu écrit avec un caractère donné pour consonne; mais tous les philosophes le sentiront. Un son est tel son par sa nature, et le caractère qui le désigne est arbitraire.

On pourrait bien aussi ne pas reconnaître tous les sons que je propose; mais je doute fort qu'on en exige, et qu'il y en ait actuellement dans la langue plus que je n'en ai marqué. Il peut bien se trouver encore quelques sons mixtes, sensibles à une oreille délicate et exercée, mais ils ne sont ni assez fixés, ni assez déterminés pour être comptés. C'est pourquoi je ne fais point de subdivisions d'e muet plus ou moins forts, parce que, si l'on donnait à un e muet plus de

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